Nanoparticules : des substances non autorisées infiltrent les cosmétiques scintillants

À l’approche des fêtes, les rayons cosmétiques brillent de mille feux. Pourtant, derrière l’éclat des poudres et la brillance des laits nacrés se cache un ingrédient inattendu : les nanoparticules. Une enquête récemment dévoilée révèle que ces substances, interdites dans ce type de produits, y sont pourtant omniprésentes.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 18 décembre 2025 15h00
Nanoparticules : des substances non autorisées infiltrent les cosmétiques scintillants
Nanoparticules : des substances non autorisées infiltrent les cosmétiques scintillants - © Economie Matin

Une contamination illégale aux nanoparticules dans les cosmétiques irisés

L’association Avicenn (Association de veille et d'information civique sur les enjeux des nanosciences et des nanotechnologies) a révélé, le 18 décembre, les résultats d’une campagne d’analyses portant sur dix produits cosmétiques scintillants largement disponibles dans le commerce. L’étude, menée en laboratoire, et relayée par l'UFC Que Choisir, révèle une présence systématique de nanoparticules de dioxyde de titane (TiO₂) dans chacun des échantillons analysés. Ces substances, pourtant interdites dans cette catégorie de cosmétiques, n’étaient pas mentionnées sur les étiquettes, contrairement aux exigences réglementaires. « Dans tous les produits, le laboratoire a trouvé une très grande quantité de nanoparticules de dioxyde de titane (TiO₂) ni autorisées, ni étiquetées », affirme le communiqué d’Avicenn.

Le dioxyde de titane à l’échelle nanométrique est réputé pour son potentiel toxique. Sa taille infinitésimale lui confère une grande réactivité, notamment dans des conditions favorables à l’inhalation. Dans neuf cas sur dix, les produits testés étaient des poudres ou des sprays, formes galéniques particulièrement susceptibles d’être respirées. Selon Avicenn, les nanoparticules identifiées étaient de plus particulièrement petites et non enrobées, augmentant ainsi leur capacité à générer des radicaux libres, à provoquer des dommages à l’ADN et à potentiellement accroître le risque de cancer. Cette situation soulève de vives inquiétudes en matière de santé publique, d’autant que la réglementation européenne interdit précisément l’usage de ces nanoparticules dans les cosmétiques inhalables.

Des risques sanitaires documentés mais mal encadrés

Les nanoparticules, définies par leur taille inférieure à 100 nanomètres, sont connues pour leur comportement imprévisible dans l’organisme. Selon Avicenn, leur petite taille facilite leur pénétration dans les voies respiratoires profondes, où elles peuvent provoquer des inflammations chroniques. Cette toxicité potentielle est d’autant plus problématique que les cosmétiques irisés testés ne respectent pas les conditions d’usage encadrant le TiO₂ nanométrique. Rappelons que cette substance n’est autorisée, en cosmétique, qu’en tant que filtre UV dans les crèmes solaires.

Même dans ce cas, elle doit impérativement être enrobée, ce qui n’était pas le cas dans les produits analysés. Pire encore, les formes pulvérisables contenant du dioxyde de titane à l’échelle nanométrique sont explicitement interdites par précaution, afin de ne pas exposer les consommateurs à l’inhalation. Les fabricants pointés par l’étude incluent plusieurs grandes marques de cosmétiques, parmi lesquelles Sephora, Nocibé, Le Petit Marseillais, René Furterer ou encore Adopt.

Parmi les références épinglées, on trouve notamment :

  • Poudre pailletée Poussière d’étoiles (Nocibé),
  • Lait hydratant nacré Le Petit Marseillais,
  • Spray fixant illuminateur Shimmer Spray Gold (L.A. Girl),
  • Poudre bronzante Bronzer Shimmer (Sephora).

Toutes ces formules contiennent des nanoparticules en violation des règles sanitaires en vigueur, et ce sans aucune mention sur l’étiquetage.

Une réaction officielle tardive mais nécessaire

Face à la gravité des faits, Avicenn a transmis ses résultats au ministère de la Santé. Celui-ci a jugé les conclusions suffisamment préoccupantes pour saisir l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Cette saisine pourrait ouvrir la voie à de nouvelles mesures de contrôle, voire à des retraits de produits ou des sanctions à l’encontre des fabricants concernés. La problématique de l’absence d’information claire sur les nanoparticules dans les cosmétiques n’est pas nouvelle. En 2020 déjà, des études avaient révélé des écarts entre les compositions réelles et les étiquetages.

Ce nouveau scandale souligne les lacunes persistantes de la réglementation et l’insuffisance des contrôles sur un secteur très peu transparent. « Les résultats obtenus par Avicenn démontrent une nouvelle fois le non-respect de la réglementation liée aux nanos par les industriels et les lacunes inadmissibles dans l’information des consommateurs », alerte encore l’association. Tant que les autorités ne renforceront pas les exigences de traçabilité et de contrôle, les nanoparticules continueront d’infiltrer les cosmétiques – au mépris de la sécurité des consommateurs et des obligations légales.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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