Natalité : un nouveau congé de 4 mois pour encourager les familles

Avec une natalité en chute libre, l’État mise désormais sur un nouvel outil : le congé naissance, un dispositif indemnisé destiné à encourager les jeunes parents à avoir des enfants sans sacrifier leur équilibre financier.

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By Aurélie Giraud Published on 14 novembre 2025 11h16
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Le nouveau congé naissance veut soutenir la natalité tout en limitant la perte de revenu des parents. - © Economie Matin
-19%La natalité a chuté de 19% en dix ans en France, selon l’Insee.

En France, la natalité n’a jamais été aussi basse depuis l’après-guerre. Face à cette tendance inquiétante, le gouvernement introduit un congé naissance de quatre mois cumulables par couple, partiellement indemnisé par la Sécurité sociale. L’objectif affiché : soutenir la politique familiale, stimuler la consommation liée à la petite enfance et, indirectement, relancer la croissance. Mais les économistes restent partagés : cette mesure peut-elle vraiment inverser la courbe des naissances ?

Un dispositif à double visage : social et économique

Le congé naissance permettra à chaque parent de s’absenter jusqu’à deux mois, soit quatre mois au total pour le couple. Durant cette période, la rémunération atteindra 70% du salaire net le premier mois, puis 60% le second, selon le projet voté à l’Assemblée nationale.

En apparence, c’est un geste social. En réalité, c’est aussi une stratégie économique. Les naissances influencent la demande intérieure, la consommation, l’investissement… et jusqu’à l’équilibre des retraites. Moins d’enfants, c’est moins d’actifs demain pour financer le modèle social français.

Selon le ministère des Finances, la baisse du nombre de naissances depuis dix ans a entraîné un manque à gagner de plusieurs milliards d’euros par an en consommation domestique : alimentation, puériculture, logement, transports… Des secteurs entiers dépendent directement du renouvellement démographique.

Ce qui change vraiment : un congé mieux indemnisé, mais plus court

Le congé naissance se distingue du congé parental d’éducation, qui existe déjà depuis les années 1980. Ce dernier permet à un parent de s’arrêter jusqu’à trois ans, mais avec une indemnisation limitée à quelques centaines d’euros par mois (environ 430 euros pour un enfant selon la CAF). Résultat : il est majoritairement pris par des mères, et souvent synonyme de décrochage professionnel.

À l’inverse, le nouveau congé mise sur une durée réduite et une indemnisation plus forte, pour encourager les deux parents à en profiter. L’idée est d’éviter que le congé parental ne reste une “pause de carrière féminine”, et de favoriser une meilleure répartition du temps familial. Ce choix traduit un changement de philosophie : mieux vaut un congé court, bien rémunéré et partagé, qu’un arrêt long, peu indemnisé et souvent difficile à valoriser dans un parcours professionnel.

Relancer la natalité, un pari budgétaire risqué

L’État mise donc sur un effet psychologique : rassurer les jeunes couples sur leur sécurité financière. En donnant du temps et un revenu partiel, le gouvernement espère lever un frein majeur à la parentalité : la peur du déclassement économique. Mais le financement de ce congé, pris en charge par la Sécurité sociale, aura un coût. Selon les premières estimations, plusieurs centaines de millions d’euros pourraient être nécessaires chaque année pour indemniser les bénéficiaires.

Les précédentes mesures natalistes — primes, allocations, congé parental — ont rarement suffi à inverser durablement la tendance. En revanche, elles ont toujours eu un effet positif sur la consommation : les naissances entraînent des dépenses immédiates en puériculture, santé, logement et services.

Le congé naissance pourrait donc doper certains secteurs économiques à court terme, sans nécessairement produire un rebond démographique massif. Les experts parlent d’un effet d’amortisseur économique, plus que d’un choc nataliste.

Un nouvel équilibre entre famille et emploi

En favorisant le partage du congé entre les deux parents, l’État espère aussi stabiliser l’emploi des femmes et soutenir la participation au marché du travail. Une meilleure continuité professionnelle est en effet bénéfique pour la croissance, mais aussi pour les finances publiques. Les entreprises, de leur côté, devront adapter leurs politiques internes. Certaines branches pourraient compenser la perte de salaire pour rendre le dispositif attractif, d’autres non — un facteur clé de réussite.

Si la réforme parvient à combiner stabilité de l’emploi, reprise de la natalité et consommation accrue, elle pourrait redessiner un modèle de croissance plus “familial”. Sinon, elle restera une mesure symbolique, politiquement porteuse mais économiquement limitée.

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Aurélie Giraud, juriste de formation, titulaire d'une maîtrise de droit public (Sorbonne, Paris I), est journaliste à Economie Matin, après avoir travaillé comme correctrice et éditrice dans l’édition.

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