Les critiques assassines n'ont pas réussi à détourner l'intérêt des internautes et des cinéphiles sur « Welcome to New York », le dernier film d'Abel Ferrara inspiré de l'agression sexuelle de Dominique Strauss-Kahn, alors directeur du FMI, sur une femme de ménage de l'hôtel Sofitel de New York.
DSK sur les petits écrans connectés
L'affaire, on s'en rappelle, avait fait grand bruit il y a trois ans et avait finalement interdit à DSK de participer à une élection présidentielle française que tous les pronostics annonçaient alors gagnant. Le film inspiré par cette histoire met en scène Gérard Depardieu dans le rôle de DSK et Jacqueline Bisset dans celui d'Anne Sinclair.
Étrillé par la critique qui rlui eproche pêle-mêle un certain sens du grotesque lié à des saillies aux relents quelque peu antisémites, « Welcome to New York » n'a pas eu la partie facile malgré le prestige de ses acteurs et de son réalisateur. Il n'en a pas moins signé un joli carton sur les plateformes de vidéo à la demande, où il est disponible à la location (environ 7 euros) depuis ce lundi.
Wild Bunch, la maison de production, a ainsi annoncé 48 000 locations, soit environ 90 000 spectateurs en multipliant les vues par deux. Un chiffre « énorme » s'enorgueillit-on chez Wild Bunch, qui compare ce résultat à celui d'un film américain moyen sorti en salles. C'est en tout cas un score intéressant pour un film sorti uniquement en VoD, qui pourrait annoncer une tendance plus lourde.
La chronologie des médias en prend un coup
« Welcome to New York » brise en effet la sacro-sainte chronologie des médias, ces fenêtres temporelles durant lesquelles un film peut être visible à la télévision payante, puis gratuite, puis enfin à la demande sur internet. Généralement, il faut trois bonnes années avant de voir un long métrage disponible en ligne. Le rapport Lescure sur l'exception culturelle française, remis au gouvernement au printemps 2013, contenait une proposition révolutionnaire : autoriser la VoD au bout de trois mois seulement après la sortie en salles. Jusqu'à présent, personne ne l'a repris.
En cassant cette chaîne et en sortant d'abord en ligne, le film d'Abel Ferrara prouve qu'il existe un marché en dehors du circuit traditionnel des salles de cinéma. En revanche, le métrage a dû se passer des aides habituellement accordées par les autorités et les chaînes de télévision pour un film de cinéma.