Le réseau social Twitter a-t-il un autre intérêt que celui de râler sur certains politiciens ou de vendre des produits ? Selon la Banque d’Italie, oui. L’institution a publié le 15 février 2021 une étude majeure par laquelle les chercheurs semblent avoir découvert que Twitter permet d’analyser les tendances d’inflation.
11 millions de tweets italiens étudiés
Les chercheurs ont enregistré 11,1 millions de tweets publiés sur Twitter en Italie entre juin 2013 et décembre 2019. Les tweets ont été sélectionnés en fonction de différents mots-clé en rapport avec les tendances d’inflation et des prix, puis ont été « nettoyés » pour éliminer les tweets parasitaires, comme des tweets promotionnels, ou encore des utilisations de termes en dehors du contexte recherché.
Pour leur étude, les chercheurs ont donc finalement conservé 1,5 million de tweets, soit un peu moins de 15% de l’ensemble initial, qu’ils ont ensuite analysés au niveau des propos. Leur hypothèse (condensée) était la suivante : si à un instant t, les tweets parlaient plus généralement de prix bas, l’inflation devait être en train de baisser, tandis que si à un autre moment les tweets semblaient montrer des prix élevés, l’inflation devait connaître une tendance haussière.
Une mesure fiable… et reproductible
Une fois que les chercheurs ont pu identifier les tendances de l’évolution des prix par le biais de l’analyse des tweets, ils n’ont eu qu’à les comparer avec les statistiques officielles de la Banque d’Italie et les diverses prévisions de l’Istat, l’institut de statistiques italien, sur la même période allant de mi-2013 à fin 2019.
Les tendances identifiées sur Twitter étaient non seulement exactes, mais parfois même plus précises que celles des indicateurs classiques utilisés en statistique. Si, naturellement, Twitter ne peut suffire, les chercheurs pensent qu’en améliorant leur algorithme d’analyse et de recherche, Twitter pourrait devenir à terme un outil à intégrer dans leurs statistiques officielles.
Et, soulignent-ils, tous les instituts de statistiques pourraient le faire, puisqu’il suffirait de trier les tweets par rapport au pays de publication (même si l’italien étant une langue peu parlée en dehors de l’Italie, il y a théoriquement moins de risques de tweets parasites qu’en français ou anglais).