L’Appel des Cadets (de la Startup Nation)

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Par Gaël Duval, Thomas Fauré, Marie Granie Modifié le 19 juin 2018 à 18h57
Startup Emploi Droit Travail Salaries
284La France compte 284 incubateurs et accélérateurs.

La France est aujourd’hui devenue une Startup Nation.

Des réformes institutionnelles successives l’ont portée sur ces fonds baptismaux. Mais c’est d’abord un changement d’état d’esprit qui lui a permis de se saisir de cette vocation. Nous sommes en quelque sorte les cadets de cette Nation et souhaitons lancer un appel en son nom. Nous autres, startupers, entrepreneurs dans l’innovation, le numérique, voyons nos rangs croître chaque jour davantage. L’audace qui nous anime dépasse les clivages politiques ou partisans. Et ce souffle pionnier est propre à notre pays. Hélas, combien, dans cette course, parviennent à devenir de grandes entreprises indépendantes ? Assez inéluctablement, cette indépendance-là est sacrifiée de manière prématurée sur l’autel de la croissance. La liberté vive dont est née l’essor des startups passe alors sous contrôle de grands groupes ou de fonds. Et lorsque ces derniers ne sont pas européens, c’est une partie de notre souveraineté économique qui se voit aliénée.

Les causes institutionnelles de cet empêchement sont connues :

- Réglementations trop rigides
- Effets de seuil
- Inexistence de fonds souverains
- Insuffisance du tissu local en Business Angels
- Absence d’un Small Business Act à la française, qui orienterait stratégiquement la commande publique.

Elles sont également d’ordre culturel. La plupart d’entre nous ne voient pas les choses en grand. Et ceux qui savent imaginer leur succès sont trop nombreux à penser à court terme. Or il faut au moins dix ans à une Biotech pour développer un médicament de premier plan. C’est aussi le temps dont ont besoin un réseau social ou un moteur de recherche pour s’installer durablement sur le marché.

Pour que la France et l’Europe cessent d’être à la traîne sur les nouveaux enjeux dans les domaines de l’éducation, de la santé, du transport, de l’énergie, elles doivent pouvoir compter sur des bataillons d’entrepreneurs innovants et déterminés. Mais encore faut-il pour cela permettre à ces entrepreneurs d’inscrire leur action dans une vision à long terme et une stratégie d’indépendance patrimoniale, à l’instar de celles des grands groupes américains ou asiatiques. Des fleurons de notre économie tels que le Crédit Lyonnais, Citroën, Michelin, Dassault ou Sodexo n’ont pas suivi d’autre ligne de conduite.

Or trois postures s’opposent à cette dynamique.

- L’esprit de boutique, qui interdit d’ouvrir son capital et de prendre quelque risque que ce soit. Il relègue l’entrepreneuriat à une forme de salariat mieux payé.

- L’esprit de court terme, qui cherche à faire « des coups » en cédant les sociétés au plus vite et au mieux offrant, ou qui raconte une « success story » artificielle bâtie sur une série de sauts de puce de startup à startup.

- L’esprit de dépendance, qui consiste à partir battu et à vivre subjugué sous l’empire des GAFAM.

Face à cela, nous appelons donc à un véritable électrochoc. Nous appelons tous nos amis entrepreneurs à renoncer définitivement aux écueils culturels, aux perspectives bornées d’avance et aux croyances limitantes. Nous invoquons et revendiquons le souffle, la vision et la liberté pour nos entreprises innovantes. De trop nombreux cadres supérieurs français fournissent à la Silicon Valley sa matière grise, notamment en matière d’intelligence artificielle. Nous les appelons solennellement à revenir en France pour servir le rayonnement de leur pays et de l’Europe. Nous appelons nos grands groupes à accompagner le développement des jeunes entreprises innovantes, sans nourrir systématiquement le dessein de les absorber. Nous appelons les pouvoirs publics à soutenir leurs propres entrepreneurs en dirigeant la commande, l’épargne et les fonds souverains publics vers les projets de croissance souveraine.

Par la France, nous exhortons l’Europe à assumer sa vocation d’innovatrice pour le monde. Elle est parfaitement à même de traverser sa propre histoire technologique sans l’aide insidieuse d’autres continents.

Les signataires :

- Eric Lemaire, PDG de YOOCAN

- Gaël Duval, fondateur d'EELO

- Guy Giquello, Président d'honneur de la FTPE

- Lucas Demarest et Guillaume Henri Hurel, cofondateurs de Skilters

- Stéphane Petibon, PDG de Newmanity

- Thomas Fauré, PDG de WHALLER

- Olivier DULAC, fondateur d’Adpuerivitam

- Philippe Sobreira, CEO de MesDessous

- Sébastien Duflot, CEO de DGBooster

- Eric Zanettacci, cofondateur de QuelSpectacle

- Guy Giquello, Président d'honneur de la FTPE

- Lucas Demarest et Guillaume Henri Hurel, cofondateurs de Skilters

- Dimitri Moulins, CEO de PLUSSH

- Laurent Souloumiac, CEO de GLOWBL

- Marie Granier, CEO de LEXISTEMS

- Guy Salziger, Président de la FNCDS (Fédération Nationale des Cadres Dirigeants et Supérieurs) et Président de l'ACSED (Association des Cadres Supérieurs et Dirigeants d'Orange)

Auteurs de la rédaction de l'Appel : Thomas Fauré (Whaller) & Eric Lemaire (Yoocan).

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Gaël DUVAL est Fondateur d'EELO ; Thomas FAURÉ est PDG de WHALLER ; Marie GRANIER est PDG de LEXISTEMS ; Eric LEMAIRE est PDG de YOOCAN ; Dimitri MOULINS est PDG de PLUSSH ; Stéphane PETIBON est PDG de Newmanity ; Guy SALZIGER est Président de la FNCDS - Fédération Nationale des Cadres Dirigeants et Supérieurs ; Laurent SOULOUMIAC est PDG de GLOWBL.

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