Aviation : vers la suppression des vols intra-européens !

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Par Charles Sannat Modifié le 10 mai 2019 à 10h20
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Aviation : vers la suppression des vols intra-européens ! - © Economie Matin

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Voici une nouvelle qui me réjouit. Enfin écologiquement parlant s’entend, en termes économiques c’est une nouvelle qui va faire couiner dans les chaumières des avionneurs et de façon générale dans tout le secteur aérien au sens large. Pour ceux qui l’auraient loupé, l’édito d’hier consacré au climat est disponible ici.

Et si nous allions vers l’interdiction des vols en Europe ?

Passé le premier éclat de rire qui pourrait être une réaction normale tant l’avion nous semble une évidence, aller vers une cessation progressive et je dis bien progressive de l’utilisation de l’avion en Europe est d’une logique absolue.

L’avion pollue terriblement et nous y reviendrons, mais surtout, dans bien des cas, il existe évidemment des alternatives nettement moins polluantes à l’avion comme par exemple le train surtout que nous disposons de train à grande vitesse.

Evidemment l’Europe c’est vaste, et pour le moment nous continuerons sans doute encore un peu à faire un Paris-Athènes en avion, mais les choses changent déjà sur les destinations dites « saut-de-puce ».

Comme le montre cet article des Echos c’est le cas entre les Pays-Bas et la Belgique où l’on évoque désormais l’arrêt des lignes Bruxelles-Amsterdam pour cause… de pollution!!

Des prévisions d’augmentation de trafic aérien totalement fantaisistes

Au passage ce genre d’information doit vous faire relativiser toutes les « évidences » du genre « évidentes » du type, il y aura forcément plus d’avions demain dans le ciel qu’aujourd’hui. Si l’on comprend qu’Airbus ou Boeing tiennent par intérêt ce type de discours, pour le reste il faut savoir faire preuve de plus de pondération sur les certitudes de développement économique.

Il y a plusieurs grands problèmes auxquels le transport aérien va devoir face.

1/L’évidente pollution de ce mode de transport est le premier. Le kérosène n’est pas franchement bio ni très raffiné et les avions n’ont pas de pots catalytiques.

2/ Le renchérissement des coûts de l’énergie. Dans les compagnies aériennes cela prend le nom de « surtaxe carburant ». Même si le kérosène est détaxé, il représente une source de coût considérable pour les compagnies. Et les prix du pétrole augmentent, le pétrole se raréfie. Les coûts de transports aériens vont donc aller en grandissants.

3/ Le télé-travail et les nouvelles technologies comme les visio-conférences popularisées par Skype vont rendre et rendent déjà le travail collaboratif totalement possible sans avoir à mener de déplacements générateurs de coûts, de pertes de temps, de fatigue et… de pollution! Nous sommes encore sur l’inertie de nos anciens modes de fonctionnement, mais les choses vont considérablement changer dans les esprits même si la révolution n’est pas encore faite.

4/ Le changement des usages. La pollution devenant moins tolérable, il peut se passer la même chose sur l’avion que sur les 4×4 il y a quelques années. Un propriétaire de 4×4 à Paris était insulté quotidiennement par d’aimables personnes qui le traitaient de tous les noms d’oiseaux car un 4×4 pollue beaucoup plus qu’une petit voiture. Enfoiré va!

Bref, heureusement que nous n’avons pas construit l’aéroport de Notre-Dame des landes, car à peine terminé nous aurions pu le transformer à nouveau en champs de patates.

Les compagnies low-c’est sont en train de se crasher...

D’ailleurs, avez-vous remarqué que l’on entend beaucoup moins parlé de Ryan-Air et autre compagnie low-cost? Le low-cost n’est pas durable et casser les prix ne constitue pas un modèle économique en soi. Si Ryan-Air est loin de la faillite, ses résultats sont liés au fait de faire payer les bébés ou encore en imposant un changement du système pour les bagages, qui contraint désormais les passagers à payer un embarquement prioritaire pour avoir le droit d’emporter gratuitement une petite valise en cabine…

L’accord de Paris, le GIEC et tous les réchauffistes devront tuer l’aérien pour respecter les engagements

Je vous laisse prendre connaissance de cet article de FranceTVinfo pour ceux qui le veulent, mais en gros retenez que l’avion c’est terriblement polluant et que les scénarios du GIEC nous indiquent qu’il faut diminuer les émissions globales de CO2 de 20% d’ici 2030 par rapport à 2010 (davantage encore par rapport à aujourd’hui, les émissions ayant augmenté depuis) pour rester sous les +2 °C de réchauffement, et les diminuer de 45% d’ici 2030 pour rester sous les +1,5 °C.

Aligner le transport aérien sur l’objectif de l’Accord de Paris devrait donc passer par une remise en cause des hausses du trafic. Ce changement peut passer en partie par des changements de comportements individuels (voyager moins loin, moins souvent, privilégier d’autres modes), mais devra aussi passer par une régulation plus forte au niveau international pour donner les bonnes incitations et faire payer au secteur le prix de sa pollution.

Au contraire, une forte hausse des émissions de l’aérien consisterait à reporter l’effort sur d’autres secteurs, ou pire encore, à nous éloigner un peu plus de l’objectif de maintenir un climat vivable pour les prochaines décennies.

De manière conscientisée ou non, la place que l’on donnera à l’aérien à l’avenir reflétera donc un choix sociétal et éthique : parmi les changements à opérer pour atteindre un monde neutre en carbone, est-on prêt à sacrifier quelques trajets en avion pour préserver des conditions de vie acceptables dans les décennies à venir ? »

Les prévisions font état d’un doublement du trafic aérien d’ici 2037. Rien n’est moins sûr au moment où nous parlons et nous pourrions atteindre 2037 dans un état fort différent des prévisions de 2019 au rythme où nous allons.

Les peuples veulent de la justice sociale. Il est inconcevable de ne pas réduire les immenses paradoxes de nos sociétés qui font que le pauvre bougre qui va travailler à 50 kilomètres de chez lui en voiture est nettement plus pénalisé que le bobo qui prend l’avion pour aller se faire dorer la pilule 15 jours à Copacabana.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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