Pour Benoît Coeuré, la France pas encore sortie d’affaire

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Par Charles Sannat Publié le 30 octobre 2017 à 10h21
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cc/pixabay - © Economie Matin
3,6%La croissance mondiale pourrait atteindre 3,6 % en 2018 selon l'OCDE.

C’est un article du Figaro qui revient sur les dernières déclarations de Benoît Cœuré, qui est l’un des membres influents de la BCE puisqu’il est membre de son directoire. Ses constats sont globalement les bons et vous allez voir qu’en filigrane il évoque à peu très tous les grands sujets qui vont pourrir la vie de nos europathes dans les prochaines années (et la pourrissent d’ailleurs déjà).

La France “pas encore sortie d’affaire”

Et là je n’y suis pour rien, voyez-vous, il y a tellement de grands mamamouchis plus “pessimistes” que moi que les citer occupe déjà suffisamment ces colonnes ! Je dis cela avec évidemment une grosse ironie à l’égard de nos gentils benêts béats d’optimistes indécrottables.

“Le retour de la croissance européenne offre à la France une occasion unique de déployer un ensemble cohérent de réformes pour corriger ses faiblesses : chômage persistant, formation insuffisante, déficit des finances publiques et du commerce extérieur.”

Bon, le retour de la croissance c’est vite dit : même si c’est nettement moins mauvais qu’une récession, une croissance de 1 à 1,5 % par an ne permet ni de rembourser les dettes, ni de créer de l’emploi… Il n’est jamais trop tard pour “réformer” mais encore faut-il que ces réformes apportent un gain de productivité au marché de l’emploi, et ces gains seront marginaux tant les destruction d’emplois à venir sont importantes, d’ailleurs Benoît Cœuré le sait puisqu’il va même dire…

Mondialisation et révolutions technologiques

“Si Benoît Cœuré défend également le magnifique succès de la construction européenne, il reconnaît que cette dernière n’a pas “su accompagner les travailleurs face à la mondialisation et aux révolutions technologiques”, ce qui a pu provoquer une attirance pour les mouvements populistes partout sur le continent.”

Sauf que tout cela ce n’est qu’une succession de mots creux face à une réalité terrible, nous serons bientôt des dizaines de millions à devenir inutiles et obsolètes dans un marché du travail qui n’aura plus besoin de bras. D’ailleurs, là où aujourd’hui l’Allemagne s’enorgueillit d’être une puissance industrielle énorme, ce qui est vrai, la révolution robotique risque d’y être plus terrible d’ailleurs, puisque nous, nous n’avons déjà plus ni d’usines ni d’ouvriers… ou presque.

Cœuré nous dit encore qu’il “faut profiter du retour de la croissance pour construire un espace de règles européennes qui favorise la mobilité des salariés, défende leurs droits et leur permette d’être éduqués et formés partout dans l’UE”…

Très bien, nous sommes tous pour ! Le problème c’est que nous voudrions tous que l’Europe soit très gentille avec chacune et chacun de nous. Le petit problème c’est que l’Europe fait factuellement l’inverse en organisant aussi bien le dumping fiscal que le dumping social. Ce qu’il dit est donc totalement faux.

L’Europe, une fois de plus, fera juste semblant d’entendre les peuples pour éviter le…

Risque du populisme !

Rappelons que sont populistes, fascistes et extrêmes toutes celles et ceux qui ne sont pas d’accord avec la pensée de nos élites. Si vous avez un point de vue différent, alors attention vous souffrez d’une phobie quelconque.

Et Benoît Cœuré “reconnaît la difficulté dans un contexte où “la mondialisation et les mutations technologiques créent des inquiétudes. Il faut plus de flexibilité, c’est vrai, sans oublier ceux que ce modèle laisse sur le bord de la route”.

Sinon, et bien sinon, c’est la tentation des populismes… Pour éviter le vilain populisme, il suffirait juste que l’Europe s’occupe de ses peuples, plutôt que des intérêts financiers du capitalisme marchand.
C’est impossible car l’ADN de l’Europe c’est le totalitarisme marchand.
Encore une fois, on fait semblant, on manipule, on fait croire en agitant une petite carotte que l’on saura être généreux, juste ce que ‘il faut. Et juste ce qu’il faut ce n’est jamais assez pour la prospérité, c’est juste suffisant pour éviter une révolution populaire. Là est la ligne de crête sur laquelle se déplacent nos europathes.

Enfin, il évoque les cryptomonnaies !

“Selon le membre du directoire de la BCE, les banques centrales “n’ignorent pas” les cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l’Ethereum, et les suivent même “de très près car leur circulation peut se propager très vite, notamment dans des États qui se détournent des pièces et des billets”. Pour M. Cœuré, il s’agit “d’instruments financiers spéculatifs qui créent des risques de nature financière, voire criminelle”. Mais pour le moment, ils ne représentent pas une inquiétude car “les montants en jeu sont marginaux”.

Vous voyez déjà les risques qu’il pointe. Les cryptomonnaies non-officielles sont déjà, de nature, criminelles, et cela doit vous conforter dans l’idée que si pour le moment leur usage est marginal et que cela permet de servir de test grandeur nature en termes de validation technique, il n’en reste pas moins qu’ils savent très bien que le Bitcoin par exemple est un ersatz à l’argent liquide pour tenter d’anonymiser ses transactions financières et faire du “black” moderne.

Marginal, donc on laisse faire… mais plus pour longtemps.

Comme vous pouvez le voir à travers cette interview, nos mamamouchis sont pleinement conscients de ce qui s’en vient et de ce qui va nous arriver.

À plus d’un titre, la France (et les autres aussi) est loin d’être sortie d’affaire.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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