La bienveillance en milieu scolaire : une pratique sous-estimée

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Par Julie Higounet Publié le 2 novembre 2021 à 6h29
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43%43% des élèves français jugent que les professeurs ne s'intéressent pas à eux individuellement.

Y a-t-il un réel manque de bienveillance envers les élèves français ? La question de leur bien-être revêt aujourd’hui une importance capitale tant le système scolaire génère des inégalités et de l’anxiété. Une situation qui ne pourra être dépassée que s’il est porté un regard différent sur l’élève, aussi bien dans son apprentissage que dans ses interactions avec le groupe.

Connaître l’élève pour mieux l’accompagner

Selon le rapport Pisa paru en 2018, les élèves français estiment ne pas être assez soutenus par leurs enseignants. Seuls 57 % considèrent que ces derniers s'intéressent aux progrès de chaque élève, contre 70 % en moyenne dans l'OCDE. Or, on le sait, sans confiance, les élèves font preuve d’une résilience moindre[1] dans un contexte d’apprentissage. Pourtant, le lien entre environnement affectif favorable et construction du cerveau[2] est aujourd’hui bien connu, mais les pratiques qui en découlent peuvent encore rester opaques pour certains. Le cadre de la bienveillance - aussi bien intellectuel qu’émotionnel et matériel - propice aux apprentissages se décline sur trois axes portant sur la différenciation, l’évaluation ainsi que sur le suivi des élèves.

Avant toute chose, il est important de s’arrêter sur un point majeur de la réflexion : le regard sur l’élève. Il est en effet impossible de différencier, d’évaluer ou de suivre correctement les élèves sans les connaître, sans savoir ce qui les engage, les anime ou les ennuie. Si on ne sait pas qui est l’Autre comment s’adresser à lui correctement ? Il est utile de rappeler qu’on applique souvent des méthodologies et des dispositifs sans penser d'abord à la qualité de la relation. Or ce n’est pas en considérant systématiquement l’élève en tant qu’un individu singulier qu’on obtiendra davantage d’informations sur lui et son appréhension du monde.

Valoriser les points positifs de l’élève, une forme de bienveillance

Le préalable à la mise en pratique de cette bienveillance se trouve dans la volonté et la capacité de regarder l’élève tel qu’il est, avec ses points forts, ses habitudes, ses attitudes. Comprendre ses liens avec son environnement et avec les autres élèves est essentiel pour saisir les dynamiques de classe et faire fonctionner correctement le collectif.

Suivant cette logique, il est également intéressant, pour l’enseignant, d’exprimer sa bienveillance en relevant exclusivement les éléments positifs constatés chez l’élève. Cela consiste à analyser son comportement vis-à-vis du groupe (élèves et adultes), ses prises de paroles et attitudes face à une tâche donnée (résilience, essai, prise de risque) ou encore ses stratégies dans le cadre d’une activité (capacité à faire des liens, à coopérer). D’une certaine façon, cela signifie que même pour les élèves qui sont en dehors du cadre de ce que l’école exige d’eux, l’enseignant va chercher à porter un regard positif sur leur situation.

L’importance de faire un retour positif aux élèves et aux familles

Recevoir une rétroaction ou un feedback concret, complet et conséquent fait partie intégrante de l'apprentissage. Un retour constructif et positif aide les élèves à apprendre et les engage plus fortement dans leur quotidien d’apprenant tout en renforçant leur confiance en eux. Les élèves ne doivent pas seulement entendre parler des erreurs, ils ont besoin de savoir où ils en sont dans leur connaissance des concepts, s'ils ont amélioré certains points, et où ils se situent par rapport aux objectifs d’un travail. Partager ces observations positives avec les élèves revient à leur montrer qu’ils sont pleinement considérés, qu’ils ont une place particulière et qu’ils existent individuellement au sein du groupe classe.

Encore aujourd’hui, les familles peuvent n’être contactées par l’établissement scolaire ou l’enseignant dans le seul objectif de parer aux difficultés rencontrées. Prendre le temps de communiquer avec les familles par écrit, c’est l’assurance d’un dialogue porteur et d’une inclusion à la communauté éducative. Il est grand temps de casser la chaîne de communication qui est, depuis trop longtemps, centrée sur le problème ou la difficulté. C’est par là que tout devrait commencer, apprendre à observer pour trouver le meilleur en chaque élève et les révéler à eux-mêmes.

[1] Confiance, coopération et autonomie : pour une école du xxie siècle, Yann Algan, Élise Huillery, Corinne Prost, 2018

[2] Les conditions propices aux apprentissages, P.Toscani, 2020

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Chargée de mission ingénierie de formation pour la Mission Laïque Française

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