[Best Of] Big Data & Intelligence Artificielle : technologies absentes du débat des Européennes

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Par Philippe Bapt Publié le 9 août 2019 à 15h20
Intelligence Artificielle Banque Finance Robot
1,5 MILLIARD €1,5 milliard d'euros d'investissement face à 10 fois plus

Cet article initialement publié le 27 mars 2019 vous est proposé en « Best-of » pendant l’été 2019. Lors de sa première publication il a été consulté par 6209 lecteurs.

On peut y voir le meilleur pour l'avenir, mais doit-on passer outre tous les dangers inhérents à l’émergence d’une si grande (r)évolution technologique ?

Alors que la France se débat dans un mouvement social de grande ampleur inédit dans sa forme et dans sa longueur, alors que l’Europe se débat dans des soubresauts économiques et politiques d’après crise de 2008, prêtons-nous assez attention aux évolutions du monde du digital et à ses futures conséquences sur nos vies de citoyens ? Doit-on craindre un scénario à la Black mirror (série d’anticipation) ? La Chine a déjà commencé son grand fichage des citoyens de son pays via son « nouveau système de "crédit social" », mise en fonction totale en 2020. Comme toujours, les avancées majeures technologiques s’accompagnent de leurs lots d’espoirs et de craintes légitimes.

A ce propos, le livre signé par le duo Laurent Alexandre/Jean-François Copé L'IA va-t-elle aussi tuer la démocratie ? a pour mérite de défricher ce que l’Intelligence Artificielle a de passionnant mais aussi d’angoissant. D’ailleurs, rappelons-nous, sur un plan économico-sociétal, la dernière élection présidentielle française a ébauché quelques conséquences. En effet, Benoît Hamon avait estimé la casse sociale et proposait un embryon de réponse : son fameux revenu universel d’existence qui fit son succès lors des primaires socialistes. Bien sûr il est important d’anticiper les effets des progrès technologiques et numériques à venir. Mais pourquoi ne s’intéresser qu’aux conséquences sans jamais opter pour le traitement des causes ? Qui va détenir les données : datas ? Qui va les exploiter, c’est-à-dire déceler des corrélations entre des informations qui a priori n’ont aucun lien entre elles, pour tirer une analyse poussée d’une situation, voire prédire un comportement ou un phénomène? Ainsi comment lutter à armes égales ?

Car oui la convergence de l’intelligence artificielle et du big data que certains nomment la Big Data Intelligence sera l’arme la plus puissante demain !

Bien sûr, certaines de ses applications sont vertueuses… Lesquelles ? Par exemple, en France, après le naufrage que constitue depuis trop longtemps le maintien du « numerus clausus » à l’entrée de la faculté de médecine et le marasme que constituent les déserts médicaux sur notre territoire, la double propriété issue de l’IA autonome ( capable d’apprendre par lui-même) que représentent d’une part le progrès technique pour « diagnostiquer à distance » et d’autre part la meilleure évaluation grâce à des systèmes de diagnostic fondés sur les algorithmes d’apprentissage profond, paraissent être la panacée. Mais justement pour la santé publique notamment, des enjeux éthiques forts existent.

Pour autant ce ne sont pas toujours des Etats qui investissent principalement dans ces recherches. Des start-up sont certes aux avant-postes. La France, elle-même, annonce un effort conséquent de quelques 1,5 milliard d’euros d’investissement. Mais le principal danger provient des « monstres » du numériques. Les GAFAM : Google Amazon Facebook Apple et Microsoft ont investi près de trente milliards d’euros en 2018 dans les R&D. Plus à l’est, la Chine a elle annoncé investir plus de 22 milliards jusqu’en 2020. (Pour information : les homologues chinois des GAFAM, nommés BATX : Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, ont des résultats économiques bien meilleurs que ceux des entreprises américaines).

Ce qui est proprement hallucinant est que, malgré la taxe obtenue par Bruno Le Maire de près de 500 millions d’euros par an sur les géants du numériques d’outre-Atlantique, ce sont les milliards spoliés à tous les Etats en non-imposition qui permettent à ces géants d’investir autant en R&D dans l’arme du futur : l’IA, à notre total détriment.

Car oui, après la révolution industrielle, la guerre idéologique, le combat économique, la prochaine vague de subordination géopolitique sera placée sous l’angle économique dérivant du contrôle et exploitation des données.

De la cyber-fiction pensez-vous ? L’exemple du déploiement du futur réseau 5 G en Europe avec le géant chinois Huawei soutenu par le président chinois reçu ces jours-ci en France déclenche toutes les appréhensions : notamment en matière de récupération…..de données et donc d’espionnage.

De la cyber-fiction pensez-vous? Récemment, Mounir Mahjoubi Secrétaire d'Etat au numérique, venu pour la signature de la charte «territoire France connectée pour un numérique inclusif» dans le sud-est toulousain, a exposé son choix d’imposer le moteur de recherche français QWANT qui protège les données personnelles de ses utilisateurs, au sein des ministères français, au détriment de celui de Google… car toutes les données de recherches sont stockées outre-Atlantique !

Face aux avancées spectaculaires de nouveaux blocs « géodatapolitiques », pour qui cette nouvelle guerre mondiale de la donnée est déjà lancée, même la Russie réagit et promeut sa propre « souveraineté numérique ». Bien sûr les raisons en sont très politiques, particulièrement le contrôle du flux d’informations. Elles sont aussi à visée « protectionnistes ». La Russie le peut-elle ? là est une autre question économique et technique d’interconnexions des réseaux déjà en place.

Bref, alors que les élections européennes approchent, que les joutes verbales et politiciennes font rage, le «  vieux continent » serait bien inspiré de s’emparer de ce sujet éminemment politique et d’avenir pour tous. Et que l’on ne vienne pas expliquer que le seul R.G.P.D., entré en vigueur en mai 2018 est la solution ! Une rustine tout au plus.

Sans quoi, le fameux déclin tant vanté par certains éditorialistes bien connus des plateaux télé, ne passera pas par une vague de «  submersion migratoire » mais bien plus par un « assèchement de datas » qui s’organise actuellement sous nos yeux !

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets. Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines. Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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