BREXIT : toujours pas de banque anglaise en France. Citigroup choisit aussi Francfort !

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Par Charles Sannat Publié le 21 juillet 2017 à 11h35
Brexit Paris Place Financiere 1
cc/pixabay - © Economie Matin
140 MILLIARDS €Le coût du Brexit pourrait être de 140 milliards d'euros.

Comme vous le savez, il faut impérativement « améliorer » la compétitivité française. Pour cela, l’idéal serait de supprimer le Smic, de brûler le code du travail, d’en finir avec le droit de grève et d’envoyer la troupe tirer sur les mineurs qui râlent – même si nous n’avons plus de mines depuis longtemps mais vous avez compris l’analogie.

À partir de ce moment-là, je vous assure que nous serons à nouveau compétitifs par rapport aux Chinois, mais à l’heure actuelle, nos retraites et autres avantages font que nous en sommes loin, très loin… Ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre, mais nos mamamouchis qui cherchent par tous les moyens à vous réduire aussi bien vos droits que votre aisance financière afin d’améliorer les profits des grandes multinationales. Tout cela vous le savez parfaitement et je le répète inlassablement.

Vous savez aussi parfaitement qu’avec le Brexit, les grandes banques de la City à Londres qui veulent pouvoir « traiter » les opérations en euros doivent être établies en zone euro. C’est également le cas pour celles qui veulent traiter le dollar et pouvoir par exemple le revendre à leurs clients dans le cadre d’une opération de change. Il faut que ces banques soient établies aux États-Unis avec une licence américaine, d’où le fait que les grandes européennes s’acquittent des amendes infligées par les États-Unis pour pouvoir continuer à exercer la-bas, mais surtout pour pouvoir traiter en dollars, ce qui correspond à plus de 60 % des flux financiers planétaires.

Avec le Brexit se pose la question du choix du pays où vont s’installer les grandes banques…

Les mamamouchis français, qui ne sont que la cinquième roue du carrosse brinquebalant européen, véhiculent un discours très volontariste de tapis rouge et autre accueil des banques établies en Angleterre et fuyant la perfide Albion. « Venez chez nous », déclarent-ils tous en chœur.

Sauf que personne ne vient.

Aucune banque ne vient s’installer à Paris.

Et aujourd’hui, c’est au tour de Citigroup de choisir également Francfort, immense ville allemande et accessoirement siège de la BCE, la Banque centrale de la zone euro. Francfort va également devenir le siège européen d’un autre géant : Morgan Stanley.

D’après M. Cowles, patron de la région Europe de la banque, “Francfort est notre premier choix pour devenir le siège de l’activité de courtage au sein de l’UE au vu des infrastructures actuelles, des personnes et de l’expertise que nous avons déjà sur place”.

« Citigroup ne donne pas le détail du nombre de traders et de banquiers qui vont être transférés de Londres vers Francfort. M. Cowles indique simplement que l’établissement devrait créer environ 150 nouveaux postes dans l’Union européenne.

Londres va conserver certaines activités, tandis que la banque américaine va renforcer sa présence à Amsterdam, Dublin, Luxembourg, Madrid et Paris, peut-on encore lire dans le document. »

Les créations d’emplois potentielles restent très faibles et Francfort raflera la mise !!

“La décision de Citi soutient nos estimations qui tablent sur l’arrivée de 1 000 emplois supplémentaires dans le centre financier de Francfort cette année et 10 000 dans les cinq prochaines années”, s’est réjoui Hubertus Väth, le responsable de Frankfurt Main Finance, le lobby de la place de Francfort. “Ceci réaffirme notre confiance qu’au moins douze banques et peut-être vingt vont choisir Francfort cette année.”

Voilà sans doute la meilleure estimation chiffrée… 10 000 emplois de banquiers à terme, et ils seront tous pour Francfort car la compétitivité, encore une fois, ce n’est pas uniquement les « coûts » des salaires. C’est également bien évidemment un ensemble de paramètres dont la fiscalité, l’attractivité de la ville, la qualité de vie, des infrastructures, et aussi bien sûr l’écosystème, et Francfort, grande ville de la première économie européenne en Allemagne et avec la présence de la BCE, dispose de tous les atouts.

Paris n’aura sans doute rien et peut-être quelques miettes apportées par les banques françaises qui rapatrieront, pour se faire bien voir, quelques services londoniens à la Défense, mais il n’y aura pas de quoi fouetter un chat.

Il faut donc travailler sur la compétitivité française, et il faut travailler sur ce que l’on appelle la compétitivité “hors prix” !! Nous avons toutes nos chances et pourtant nous ne croyons plus en nous-mêmes, enfin, nos élites et nos dirigeants ne croient plus en la France, une France qu’ils bradent chaque jour un peu plus. C’est tout notre drame.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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