Quand la Chine… tourne au ralenti

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Par Karine Hirn Modifié le 22 mai 2012 à 2h51
Après trois décennies de croissance économique très forte, la Chine ralentit. Dans un contexte mondial très affaibli par les problèmes de la zone Euro et la crise de l’endettement des pays occidentaux, les interprétations de ce ralentissement sont trop souvent erronées, et l’analyse des risques connexes pour les investisseurs pas toujours correcte.
La crise financière globale en 2008 a marqué les esprits dans le monde entier, et en Chine aussi, où je réside depuis 2010. A cette époque, les exportations chinoises s’étaient effondrées, alors qu’elles étaient depuis l’entrée du pays dans l’OMC en 2001 un moteur puissant de croissance dynamique. Dès la fin 2008, le gouvernement avait réagi rapidement et efficacement grâce à l’injection massive de crédits bancaires notamment pour financer la construction d’infrastructures, nécessaires à un pays de la taille d’un continent, encore sous-développé et où chaque année 20 millions de chinois quittent les campagnes. Ce programme de relance a permis de conserver une stabilité sociale et économique mais a accentué d’autres problèmes, une surchauffe du secteur immobilier, un endettement accru des gouvernements locaux, une accélération de l’inflation et un gaspillage des ressources. Le gouvernement a donc répondu en imposant une politique monétaire beaucoup plus stricte et une série de mesures visant entre autres à supprimer la spéculation immobilière. Le ralentissement de la croissance du PIB est maintenant confirmé, la faiblesse de la demande mondiale y contribue mais n’en est pas le catalyseur.
Le défi actuel de la Chine n’est pas comme beaucoup semblent le penser (ou peut-être l’espèrent, car ils doperaient la croissance mondiale) de conserver des taux de croissance record. Son véritable défi est de transformer son modèle de croissance qui est fortement déséquilibré. Aujourd’hui, il dépend trop des investissements en capital fixe financé par les épargnes massives des chinois, demain c’est la consommation interne qui doit devenir le nouveau moteur. Mettre en place et financer la construction d’aéroports, de tunnels, d’autoroutes, de voies ferrées est plus facile que pousser à la consommation d’une façon fondamentale, qui passe par l’amélioration du niveau de vie de la population, en augmentant son pouvoir d’achat mais aussi en améliorant les soins médicaux, l’accès à l’éducation, le droit à la retraite, les trois raisons citées par les chinois quand on leur demande d’expliquer leur taux d’épargne.
Aveuglés par les difficultés occidentales, les investisseurs montrent peu d’appétit pour le marché chinois, qui aujourd’hui affiche des valorisations plus faibles que les années 2008-2009. Les incertitudes sont pourtant beaucoup moins menaçantes. La situation actuelle nous semble représenter un excellent point d’entrée pour les investisseurs qui s’intéressent à ce marché avec une perspective à long terme. Bien-sûr tous les secteurs ne sortent pas gagnants de cet exercice de restructuration économique, et même à l’intérieur des secteurs qui devraient bénéficier de ces grandes tendances, il s’agit d’avoir une analyse fondamentale très prudente pour la sélection des titres, appuyée par des visites sur le terrain.
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  Karine Hirn, française installée en Chine depuis 2010, est co-fondatrice d’East Capital et responsable du bureau de Shanghai.    Avant de rejoindre East Capital, Karine a passé deux ans chez Eastbridge Scandinavia AB, où elle était responsable de la Banque Eastbridge à Moscou. Auparavant, elle a été responsable d'un programme de formation aux risques de crédit à la banque NBD à Nijni-Novgorod, ainsi que consultante pour divers projets de financement dans la région de la Volga.   Karine est diplômée de l'EM Lyon en France et a un diplôme de troisième cycle de l'IEP de Paris. Elle a également étudié à la Moscow Financial Academy et à la Swedish School of Economics and Business Administration à Helsinki. Elle parle couramment le français, le russe, l’anglais et le suédois et est débutante en chinois.

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