Chômage : la confiance politique passera par le retour à l’emploi

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Par Jacques Martineau Publié le 5 février 2015 à 5h00
France Chomage Mesures Emploi Entreprises
10,4 %Avec plus de 10,4 % de la population touchée (en métropole), le chômage n'a jamais été aussi élevé en France.

Après un début d’année perturbé en France et en Europe, dans de nombreux pays de la zone euro, la confiance passe partout par le retour à l’emploi.

L’intérêt pour le sujet doit s’apparenter à une mobilisation générale : Etat, gouvernement, parlementaires, majorité et opposition, entrepreneurs, partenaires sociaux, citoyens, chômeurs et salariés, sans oublier le monde économique et financier. Comment parvenir à se mettre en situation pour retrouver le chemin du retour à l’activité et à l’emploi dans son acception la plus large ?

La Loi Macron : tout le monde en parle

Encore faut-il savoir de quoi on parle, quelle est la priorité des priorités et quels sont nos objectifs ? Dans ce domaine, avec 200 articles et plus de 3000 amendements, politiquement discutée à l’Assemblée nationale en première lecture, est-ce que la loi Macron sera suffisamment claire ? Certains n’hésitent pas à la qualifier de loi de bon sens ? Pourquoi pas ? A vous de juger… Contribuera-t-elle à réduire de manière significative le chômage ? Certainement pas ! Mais restons positif…

Encore faudrait-il s’attaquer au sujet, c’est-à-dire à l’emploi. Mais comment peut-on être entendu ? On peut proposer un million d’emplois marchands et générer plus de 10 milliards d’euros de recettes par an et rester sans réponse du gouvernement (sic). Quoi de plus naturel ? Quant à ceux qui se prétendent "experts", s’ils vous reçoivent, ils s’écoutent parler quand ils ont encore de la voix ! Si ce n’est pas leur idée que vous développez, c’est déjà un lourd handicap… Faute d’arguments, ils attendent le retour de la croissance, chiffres à l’appui. Les politiques les suivent et justifient le retour de l’emploi quand la croissance reviendra ! Où était-elle ? On frise le ridicule permanent. Combien d’entre eux, experts et hommes politiques, oublient l’essentiel à savoir que c’est l’activité qui génère la croissance et non l’inverse…C’est pourquoi, toute loi sur l’emploi devra passer avant tout sur une relance de l’activité. Le Cice qui démarre dans les faits et l’"hypothétique" Pacte de responsabilité et de solidarité ne sont qu’à leurs timides débuts. Attendons les effets !

De très nombreux points essentiels sont encore absents du débat. Ils sont pour quelques-uns d’entre eux, relatifs à la flexi-sécurité, à la formation professionnelle, celle des salariés et des "sans emploi", à la mise en place de l’apprentissage, à la révision du code du travail, à la simplification des procédures, à la réduction en temps des démarches administratives, à une réforme fiscale intelligente pour les entreprises (PE et TPE, professions libérales), à la réduction des dépenses publiques inutiles, etc. La solution n’est pas de s’attaquer au traitement social du chômage en facilitant la suppression d’emplois, mais de se battre pour faciliter la création d’activité et d’emplois.

Le sens des mots : politique de l’offre et/ou de la demande

Il existe une multitude de synonymes du mot croissance. On peut évoquer l’accroissement, le développement, l’expansion et la hausse, ou encore se référer aux notions d’évolution et de progrès. Ces derniers synonymes cadrent mieux avec le souci de réussite que les Français pourraient être en mesure d’espérer. L’objectif consiste à trouver les ingrédients nécessaires, comme la stimulation de l’activité, pour parvenir à favoriser cette évolution et ce progrès dans un contexte environnemental et un monde économique et social, l’un et l’autre en pleine mutation. C’est la complexité d’un pays qui en fait sa nature et sa richesse ou qui peut perturber son développement.

Au plan économique, deux tendances politiques s’affrontent pour favoriser la relance. L’une se réfère à une politique de l’offre, l’autre lui oppose une politique de la demande. Les deux approches et les vocabulaires sont différents mais l’objectif est le même : retrouver le chemin de la croissance. Dans la réalité pour activer le marché de l’emploi, les deux approches ne sont pas incompatibles contrairement aux idées reçues.

Les résultats à espérer sont à la hauteur de l’enjeu. Cette approche peut contribuer à briser la dynamique négative actuelle, basée sur la réduction continue de l’activité et des emplois. L’accès au travail marchand pour tous est un espoir guidé par une ambition forte et affichée de réinsertion sociale et économique.

Regagner la confiance dans la solidarité

Au plan individuel, cela doit passer par un retour à la dignité de la personne, une confiance en soi retrouvée et une capacité d’initiative et de prise en charge progressive de ses problèmes. Il sous-entend l’implication familiale, la reconnaissance de l’autre, le sens des responsabilités, des devoirs et des contraintes comme enfin le retour au besoin de mieux-vivre et de se projeter dans le futur. Au plan collectif, cela peut créer une dynamique positive de solidarité, favorisant les conditions d’un retour progressif à l’emploi quelles qu’en soient les nouvelles formes. La confiance et l’espoir seront par effet d’entraînement les meilleurs moteurs de la relance de la consommation. Avec plus de 10,4 % de chômeurs (rien qu’en métropole), la situation est intenable. Le retour à l’activité aura inévitablement des retombées directes sur la création d’emplois pour satisfaire de nouveaux besoins. Le dialogue social a une occasion exceptionnelle de se restaurer. Ce n’est pas le chemin qu’ont pris les partenaires sociaux, patronat et syndicats, après plusieurs mois de "face à face". Au dire de "prétendus experts", ils n’ont pas eu assez de temps pour négocier et le gouvernement fait pression. C’est bien regrettable. Mais qui représentent-ils vraiment dans l’action ?

En reconnaissant la dimension sociale du travail et la nécessité du retour à l’activité pour tous, l’Etat revalorisera ses actions et tient son rôle. La notion de solidarité nationale et d’effort reprendra tout son sens. C’est peut-être à partir de là l’amorce d’une recomposition du tissu socio-économique. C’est aussi l’occasion d’imaginer, de repenser, d’optimiser et de rendre plus cohérents la nature et les circuits de flux d’aides diverses aux entreprises, aux régions, aux collectivités locales et aux individus. Les citoyens, électeurs et contribuables, ne verront plus leur rôle se limiter à celui de "vaches à lait" ou inversement à celui d’"assistés sociaux" dépendants.

Des conditions exogènes sont favorables, il faut en profiter

A nos gouvernements de profiter de l’engagement de la BCE avec le rachat d’actifs publics et privés pour les 16 mois à venir. Si cette initiative de Mario Draghi est nécessaire, elle n’est pas suffisante. A chacun de savoir faire l’essentiel pour engager les réformes indispensables favorisant la création d’activité. Les Grecs ont décidé de refuser l’austérité avec Syriza. Ils sont déterminés. Comment réagira la Troïka (Commission de Bruxelles, FMI et BCE) ? De son côté, la France doit aussi affirmer son identité. Dans un contexte différent, nos politiques doivent profiter de toutes les opportunités actuelles avec la BCE, un euro en baisse, un prix du pétrole et des taux d’emprunts bas. Sachons surmonter nos contraintes, l’UE et la zone euro ne sont pas la France ! Au plan européen et dans la zone euro, dumping fiscal et dumping social sont de sérieux obstacles.

Vers une mobilisation générale au-delà des clivages

La mobilisation des énergies et des compétences, au-delà des clivages, dans toutes les entreprises du secteur marchand profitera en priorité aux commerçants et artisans, aux professions libérales, ainsi qu’aux TPE et PE. On peut espérer sortir d’une partie des situations de blocages actuels. On ne peut pas continuer à entretenir sans cesse une spirale infernale négative à très haut risque : démobilisation-chômage-marginalisation-exclusion-explosion-sociale. Ce sont nos choix et notre détermination qui provoqueront le respect de nos partenaires. Pour s’en sortir, il faut réagir avec fermeté en engageant les réformes structurelles indispensables, mais attention l’emploi, c’est la priorité des priorités et nous sommes tous concernés. La mobilisation doit être générale…

Image Jacques M

Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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