Chypre : après le rejet du plan de sauvetage de l’Europe, les responsables politiques doivent trouver un plan B

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Par Laure De Charette Modifié le 21 mars 2013 à 1h55

Maintenant que les députés chypriotes ont refusé le plan de sauvetage inouï qu'avait imaginé l'Europe, qui consistait à taxer les comptes en banque des Chypriotes contre le versement d'un prêt de 10 milliards d'euros, l'île va devoir trouver un plan B. Car il manque bel et bien à Chypre 17 milliards d'euros au moins -soit l'équivalent de son PIB annuel !-, pour éviter la faillite, et notamment 5,8 milliards exigés par ses partenaires pour compléter le prêt de 10 milliards d'euros qu'ils sont disposés à lui accorder.

En attendant que banquiers et élus locaux réfléchissent à des contre-propositions, forcément douloureuses mais tenables, les banques du pays, fermées depuis samedi, ne vont pas rouvrir ce matin comme prévu initialement. Leur fermeture a été prolongée jusqu'à mardi prochain. Du jamais vu, destiné à éviter un « bank run », lorsque des milliers d'habitants se précipitent au même moment aux guichets pour retirer leurs économies en cash, risquant ainsi de faire s'écrouler le système bancaire...

Le président de Chypre, Nicos Anastasiades (conservateur), qui vient d'être réélu et qui apparaît fermement décidé à négocier un plan de sauvetage quitte à mener une politique d'austérité très marquée, devrait présenter aujourd'hui aux partis politiques un « plan B ». Et une fois de plus, l'idée de la taxation des dépôts bancaires, cette fois uniquement ceux supérieurs à 100 000 euros, c'est-à-dire détenus en partie par des oligarques russes, pourrait revenir sur le devant de la scène.

Parmi les autres pistes à l'étude, la nationalisation des fonds de pension, ou encore la mise à contribution des personnes possédant des obligations bancaires. Mais aussi l'intervention de la Russie, premier partenaire de Chypre, et qui a évidemment tout à gagner à ce que l'économie de Chypre ne s'écroule pas : les banques russes pourraient investir au capital des banques locales, acheter des biens publics chypriotes voire même payer carrément la taxe sur les dépôts bancaires de plus de 100 000 euros. En échange, ils recevraient des parts dans la future compagnie gazière que le pays va mettre sur pied pour exploiter les gisements découverts dans le sud du pays.

Dès qu'un plan sera finalisé, dans l'urgence car les banques ne peuvent pas fermer éternellement et l'économie du pays ne peut pas rester ainsi gelée encore longtemps, il sera soumis au Parlement. Qui pourra le valider, ou le retoquer, comme ils l'ont fait avec celui de l'Eurogroupe...

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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