Il faut restaurer d’urgence l’espoir et la confiance en l’avenir

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Par Charles Sannat Modifié le 14 novembre 2012 à 11h24

Il y a quelques semaines nous parlions, au sujet de la misère en Espagne, de l’ouverture de la première académie de formation aux métiers de la prostitution à l’attention des jeunes femmes.

Cette semaine, toujours dans la rubrique faits divers économiques et misère au quotidien, ce sont les cris de désespoir d’une Espagnole qui créent l’émoi. Cette chômeuse de 44 ans se dit prête à vendre les organes qui ne seraient pas nécessaires à sa survie afin de subvenir à ses besoins. Une chômeuse espagnole, âgée de 44 ans, a annoncé dimanche proposer à la vente tous les organes qui ne seraient pas indispensables à sa survie pour se payer un logement pour elle et sa fille. Cette information tourne en boucle à peu près partout, sans oublier l’épidémie internationale de suicides économiques qui sévit à peu près partout où la rigueur passe.

Ces informations ne sont pas importantes en soi. Des drames personnels, il s’en joue, hélas, chaque jour beaucoup trop. Ce qui est important dans tout cela, c’est la tendance. Et la tendance est mauvaise. La désespérance progresse.

L’espoir et la croyance dans un avenir meilleur sont très importants et permettent aux peuples de supporter un présent parfois – pour ne pas dire souvent – difficile.

Nous n’avons aucune vision de l’avenir. Et en cette période de doute de l’action gouvernementale, c’est l’erreur fondamentale que commettent nos dirigeants. Aucun d’entre eux n’exprime une vision claire de l’avenir. Des efforts, certes, mais pour quoi ? Certains même diraient pour qui ? Quel est le but ultime ? Doit-on se sacrifier pour sauver le soldat triple AAA alors qu’il est déjà mort depuis longtemps ?

Notre Président François Hollande pourra faire autant de conférences de presse qu’il le souhaite et répondre directement aux SMS des journalistes, il doit donner une vision de l’avenir au peuple de France. On peut être d’accord ou pas sur cette vision, et ce sera l’objet d’un débat légitime, mais aujourd’hui, à gauche comme à droite, il n’y a aucune vision, aucun cap, si ce n’est la rigueur et l’austérité érigées comme priorité nationale. Mais pour quoi ? Combien de temps, et pour qui ? Aucune réponse à ces questions. La crise politique va donc se profiler dangereusement.



Pendant ce temps, on apprend que l’économie portugaise devrait se contracter de 1,6 % l’an prochain selon les prévisions publiées mardi par la Banque du Portugal, qui se montre plus pessimiste que le gouvernement et la troïka UE-BCE-FMI concernant l’impact récessif de leurs mesures d’austérité. « En 2012 et 2013, on devrait observer une chute de l’activité économique de 3 % et 1,6 %, respectivement », a indiqué la Banque centrale portugaise dans son bulletin économique d’automne, alors que le gouvernement et ses bailleurs de fonds s’attendent à une récession de 3 % cette année et de 1 % l’an prochain. La Banque du Portugal (BdP), qui dans ses précédentes prévisions tablait sur une stagnation en 2013, justifie cette nouvelle estimation en expliquant que « la demande intérieure ne sera que partiellement compensée par l’évolution positive de la demande extérieure nette ».

Cette chute de la demande intérieure (- 6,8 % en 2012 et - 4,5 % en 2013) sera marquée par « l’orientation restrictive de la politique budgétaire, conjuguée aux attentes défavorables concernant l’évolution de l’activité et du marché du travail », a précisé la BdP. Sans blague ! Quelle surprise surprenante ! Depuis cinq ans, la Grèce nous sert d’étalon des effets de l’austérité en période de récession… C’est la même idée qu’en 1929. C’est la crise… rendons-là encore plus difficile. Le résultat… ce n’est plus de la récession mais de la dépression. Et les peuples dépriment.

Voilà quelques chiffres pour méditer sur la situation de notre pays, où le pire est à venir et où les classes moyennes qui subsistent vont être laminées sous le double effet d’une hausse massive de la fiscalité et d’une augmentation tout aussi forte du chômage. 25 % des Français n’ont plus 1 euro à la fin du mois. 30 % des Français ne peuvent faire face à un imprévu de 300 euros. 50 % des Français ne peuvent se chauffer correctement. 10 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté… 15 millions de Français ne peuvent se soigner correctement.

Si les accidents de la route provoquent globalement 3 000 décès, les suicides représentent, dans notre pays, 200 000 blessés chaque année et 11 000 morts…



Pendant ce temps, on nous explique que les USA vont devenir le premier producteur de pétrole au monde grâce à l’exploitation des gaz de schiste et que vraiment, c’est merveilleux pour leur croissance donc c’est une nouvelle extraordinaire. On oublie de vous dire que ce n’est pas une bonne nouvelle. C’est même une très mauvaise nouvelle. Pourquoi ? Depuis des décennies, la stratégie américaine a consisté à exploiter le pétrole des autres et en particulier celui de l’Arabie Saoudite et autres émirats. Les USA connaissent parfaitement les ressources de leur sous-sol. Celui-ci ne serait mis en exploitation qu’à partir du moment où la production pétrolière mondiale allait décliner. C’est en réalité ce qu’il se passe. Cela veut dire que, si à court terme les prix peuvent baisser avec cette production nouvelle mise sur le marché, à plus long terme il n’y aura de toute façon plus de pétrole pour tout le monde.

Ensuite, et c’est très structurant pour le monde futur, ce sont les relations internationales qui vont profondément être modifiées par cette nouvelle donne. Les États-Unis auront-ils encore des intérêts à préserver dans le golfe persique ? Non, la nouvelle menace c’est la Chine, et c’est la Chine dont la montée doit être endiguée. Beaucoup l’ont oublié mais, en 1941, le Japon n’attaque pas l’Amérique par hasard. Les États-Unis ont soumis le Japon à un embargo et à des sanctions économiques très fortes afin d’endiguer son expansionnisme qui lui était nécessaire pour se procurer les matières premières vitales au développement économique de l’archipel. À bien des égards, la Chine de 2012 est aussi fragile que le Japon de 1941 et aussi dépendante du flux de matières premières au premier rang desquels on trouve l’énergie. Ce qui est sûr c’est que, derrière tout cela, il se joue une guerre impitoyable pour le leadership mondial.

À quand l’exploitation de nos gisements en France… Voilà la bonne question. Les gaz de schiste, c’est comme gagner au loto… Argent facile, on creuse, on vend, on s’enrichit… Peu importe l’environnement. D’ailleurs, on sait forer propre en envoyant des produits chimiques bio pour la fracturation hydraulique… Vous êtes des réactionnaires, contre le progrès. Il n’y a rien à craindre. La chimie, c’est bon pour la santé.

Alors, rapidement, comme la TVA sociale et comme la CSG qui ne devaient pas augmenter, lorsque la France sera dégradée, lorsqu’il n’y aura plus d’espoir, on se dira… « bon ben maintenant qu’on a touché le fond… autant creuser » !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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