Avant le coronavirus, l’économie accélérait

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Par Stéphane Déo Modifié le 5 février 2020 à 13h57
Opep Petrole Vienne 2
54,51 DOLLARSle baril de Brent s'échangeait à 54,51 dollars le 5 février 2020 au matin.

Les données macroéconomiques confirment qu’avant l’effet du coronavirus, l’économie mondiale était en ré-accélération. La chute du prix des matières premières, et en particulier du pétrole, devrait avoir un impact notable sur l’inflation. C’est Buttigieg qui aurait gagné en Iowa, dans le spectre démocrate il se situe à mi-chemin entre le centriste Biden et les deux candidats extrêmes Sanders et Warren.

Point de marché : retour en taux négatifs

Comme tous les mois nous avons mis à jour nos calculs sur le marché du crédit. Un indicateur que nous suivons est la proportion de titre en rendement négatif dans l’IG. Pour être précis nous prenons comme référence l’indice « Bloomberg Barclays Euro Aggregate Corporate » (code Bloomberg : LECPTREU Index).

A la fin de l’été dernier on arrivait à presque la moitié des composantes de l’indice qui avaient un rendement négatif. Cette proportion s’est graduellement dégonflée avec la hausse des taux souverains pour revenir à la fin de l’année dernière à un niveau beaucoup plus restreint. On revient sur une proportion d’un tiers avec la baisse récente des taux à la suite des craintes sur le coronavirus.

Pourquoi un tel changement dans les proportions alors que les taux souverains n’ont bougé que de quelques dixièmes de pourcent ? La raison est simple : une petite moitié des titres de l‘indice IG ont des rendements compris entre -0,2% et +0,2%.

En fait, si c’est une très grande partie de la classe d’actif qui a donc un rendement qui est maintenant très proche de zéro. Cela veut dire, évidemment, que les opportunités d’investissement sont peu alléchantes pour un épargnant. Mais il y a une autre conséquence, plus insidieuse : avec des taux très faibles, la variation des rendements sur l’année est faible et donc la diversification au sein de l’indice est très difficile à réaliser.

Du mieux dans l’économie

Comme d’habitude en début de mois les indices PMI du secteur manufacturier sont publiés un peu partout dans le monde. Nous avons compilé les chiffres dans 31 pays. Le résultat : le point d’inflexion que nous attendions est nettement confirmé avec un indice PMI mondial qui se redresse lentement depuis l’été dernier mais aussi avec une proportion de PMI en hausse qui devient élevée.

Il y avait donc bien, avant l’effet coronavirus, une tendance à l’amélioration. Il faudra voir l’effet de l’épidémie sur les chiffres futurs.

Pétrole et inflation

Un des dommages collatéraux de l’épidémie de coronavirus est la chute des matières premières, notamment le pétrole. Le prix du Brent est passé de 68,91 dollars le baril le 3 janvier à seulement 54,51 ce matin, une baisse de 20%.

L’OPEP a d’ailleurs décidé de réagir avec l’Arabie Saoudite qui souhaite une diminution de la production. Le marché réagit ce matin sur la nouvelle et le pétrole gagne presque un dollar. Il n’en demeure pas moins que la forte baisse de la demande chinoise sera difficile à contrecarrer avec des baisses de productions et que si le prix du pétrole devrait retourner vers les 60 dollars dans les mois à venir, la faiblesse persistera tant que les effets du coronavirus se feront sentir sur l’économie.

Quel impact sur l’inflation ? La composante énergie a ajouté 0,17 ppt à l’inflation de la zone Euro en janvier. Si les prix du pétrole se stabilisent où ils sont, la composante énergie enlèverait d’après nos modèles 0,31 ppt à l’inflation en mai. Au total l’inflation zone euro passerait donc de 1,4% en janvier à 0,9% en mai avant de remonter doucement vers 1,1% en fin d’année.

Primaires aux Etats-Unis : and the winner is…

C’est toujours le bazar complet en Iowa où les résultats officiels du caucus ne sont toujours pas disponibles. Avec 71% des votes comptabilisés, on obtiendrait les résultats suivants :

- Pete Buttigieg: 26.8%

- Bernie Sanders : 25.2%

- Elizabeth Warren : 18.4%

- Joe Biden : 15.4%

- Amy Klobuchar : 12.6%

Le premier message est donc que le favori pour l’investiture, Joe Biden est très loin et subit un revers important. Le deuxième message c’est bien sûr la progression très forte de Buttigieg qui était donné au mieux en troisième position dans les sondages. L’Iowa, traditionnellement le premier état à voter dans les primaires, est aussi un des états qui réserve généralement le plus de surprises, c’est donc le cas une fois de plus. Même si le nombre de délégués est faible, moins de 1% du total, l’impact sur la dynamique de campagne a toujours été historiquement très forte. La victoire de Buttigieg, si elle est confirmée, est donc loin d’être anodine même s’il semble que Sanders aurait gagné le vote populaire.

Pour donner une idée du positionnement de Buttigieg, nous avons collecté les propositions des candidats en matière de fiscalité. Dans le spectre démocrate il se situe à mi-chemin entre le centriste Biden et les deux candidats extrêmes Sanders et Warren. De quoi faire peur au marché donc, mais dans une bien moindre mesure que Sanders ou Warren.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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