Pour certains maires, la réforme des rythmes scolaires va couter (trop) cher

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Par Laure De Charette Modifié le 22 janvier 2013 à 8h30

Personnel supplémentaire à embaucher, nouvelles activités à inventer, réorganisation des transports scolaires, frais liés au développement du périscolaire : de la présence des enfants à l'école, et a fortiori de ce qu'ils y font, dépend toute une organisation. C'est notamment parce qu'ils ne veulent pas payer le surcoût induit dans leur commune par la réforme que certains maires vont défiler et faire grève cette semaine contre le projet de loi instaurant à partir de l'an prochain le retour à la semaine de 4,5 jours au primaire, laquelle avait été abrogée en 2008 par Nicolas Sarkozy au profit de la semaine de 4 jours.

Concrètement, les enfants devraient bientôt avoir notamment une heure de classe en moins par jour, répercutée sur le mercredi matin ou le samedi matin. L'heure ainsi libérée serait pour moitié consacrée à de l'aide aux devoirs en présence des enseignants, mais pour moitié à la charge des maires. Et c'est là que le bât blesse ! Deux heures par semaine, ils devront en effet financer la mise en place d'activités culturelles, sportives, artistiques supplémentaires ainsi que recruter et payer le personnel chargé d'organiser et d'encadrer lesdites activités. Certains maires de petites communes parlent de 20 000 euros, ceux des grandes villes parlent de sommes bien plus importantes : à Lyon, si les heures ainsi dégagées étaient affectées à une pause déjeuner étendue et donc repensée en termes de projets éducatifs, cela coûterait pas moins de 5 millions d'euros. D'autant qu'on demande aux communes de jouer le jeu et de se montrer innovantes et ambitieuses pour leurs enfants : pendant cette heure de classe en moins chaque jour, pas question de les laisser livrés à eux-mêmes dans la cour de récréation : il faut les éveiller ou les aider, bref s'en occuper ! Et cela coûte cher !

Reste que Francois Hollande a promis aux maires de France réunis en Congrès le 20 novembre dernier que l'Etat ne les laisserait pas assumer seuls la charge de la réforme : une aide de 250 millions d'euros sera versée aux collectivités pour les aider a mettre en œuvre les nouveaux rythmes scolaires. Cela correspond en moyenne à une aide de 50 euros par enfant. Les communes situées notamment à la campagne, où la réorganisation s'annonce plus compliquée et donc plus coûteuse, recevront quant à elles une aide de 90 euros par enfant en 2013. Insuffisant, selon certains !

Sur le fond, le gouvernement justifie notamment l'abandon de la semaine de 4 jours par le fait que les enfants ont moins de jours d'école que leurs petits copains étrangers -144 jours en moyenne par an, contre 187 dans l'OCDE- mais plus d'heures de cours par semaine -24 heures, contre 15 à 20 en Allemagne, 19 en Finlande, et 21 à 25 au Royaume-Uni-, d'où des journées bien trop chargées et la nécessité, selon le ministère de l'Education, de revoir les emplois du temps en profondeur. Mais à quel prix ?

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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