Covid-19 : quels impacts sur les locations saisonnières ?

Bassel Abedi (1)
Par Bassel Abedi Publié le 6 juillet 2020 à 6h22
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65.000En 2019, 65.000 appartements parisiens étaient proposés à la location sur Airbnb.

Un mois après le déconfinement, nous émettons plusieurs hypothèses sur l'évolution de la location saisonnière et expliquons pourquoi les investisseurs pourraient être tentés par telle ou telle stratégie.

1ère hypothèse : une augmentation des prix

Durant les deux mois de confinement, les investisseurs en locations saisonnières n'ont pas pu louer, ce qui représente un manque à gagner pour eux. En parallèle, des contraintes ont été ajoutées en ce qui concerne les normes d'hygiène pour les locations saisonnières. De ce fait, il est probable que de nombreux investisseurs pensent à augmenter leur prix à la nuitée afin de « rattraper le retard » et amortir les coûts supplémentaires.

Des contraintes sanitaires qui s'ajoutent et pourraient être contrôlées :

La plateforme Airbnb notamment impose des contraintes sanitaires aux membres. Il faut désormais attendre entre 24h et 72h entre chaque client et respecter un protocole particulier telle que l'utilisation d'équipements de protection individuelle (masques et gants pour les hôtes ou ceux qui font le ménage), ainsi que des désinfectants approuvés par les autorités réglementaires. Certains hôtes vont devoir revoir leur organisation et modifier leurs offres en sortant certains services afin de respecter les normes d'hygiène (ex : draps/serviettes).

Par ailleurs, il est possible que certains logements soient contrôlés. La DDPP (direction départementale de la protection de la population) peut être amené à mandater ses agents pour vérifier que tout est respecté et que l'établissement touristique peut accueillir du public.

De nombreux Français se sont rabattus sur la France pour leurs vacances estivales, ce qui représente une opportunité pour ces investisseurs. Parallèlement à cela, des investisseurs non habitués de la location courte durée mais dont le logement est disponible pourraient être tentés de profiter de cette opportunité.

2ème hypothèse : une baisse des prix

Les investisseurs font face à une concurrence plus accrue sur les plateformes saisonnières. Il est donc possible que certains décident de baisser leur prix à la nuitée afin d'être sûrs de pouvoir louer cet été, quitte à faire baisser la rentabilité de leur logement.

En parallèle, de nombreux Français sont frileux concernant la réservation de leurs vacances cet été et risquent de s'y prendre au dernier moment. Cette crise a changé le comportement habituel en ce qui concerne les vacances :

- les propriétaires de résidences secondaires risquent de plutôt faire le choix de partir en vacances à ces endroits

- certains préféreront partir quelques weekends pendant l'été plutôt que de partir une semaine ou 15 jours au même endroit..

L'incertitude quant à la suite de cette pandémie et le risque de voir ses vacances annulées et la peur de perdre des acomptes freinent ainsi de nombreuses personnes.

On peut également penser que les prix vont être impactés par le fait que certains services (serviettes / draps, etc) ne pourront plus être systématiquement proposés et donc ne pourront plus être compris dans le prix global du logement.

Dernière hypothèse : des locations sur de plus longues durées

Pour certains propriétaires, proposer des locations longue durée est plus rassurant et moins risqué. La peur d'une nouvelle crise ou d'un nouveau confinement va inciter certains investisseurs à se tourner vers ce format. Ils seront plus épargnés pendant la crise même si certains se sont retrouvés en difficultés dûes à des problématiques de paiement de loyer. De plus, les logements loués en location saisonnière sont souvent adaptables en location longue durée car déjà meublés (pensés pour la location étudiante par exemple).

Les investisseurs se tournant vers location classique qui pensaient à peut-être se tourner vers la location saisonnière ont pris conscience du risque lié à cette stratégie locative. C'est également le cas des investisseurs en locations saisonnières qui vont sûrement délaisser cette stratégie pour une stratégie de location plus longue durée. Les propriétaires pourraient alors se pencher vers des locations semi-saisonnières avec des locations d'1 mois jusqu'à 3 mois par exemple. Cela permettrait de réguler à nouveau le marché du saisonnier. où la concurrence est accrue de par un nombre de biens proposés relativement élevés. Cela impactera sur le long terme une augmentation des prix à la nuitée liée à une baisse de l'offre de logements en saisonnier. On peut également imaginer que les plateformes type Airbnb ou Booking pourraient également être impactées et pourraient vouloir changer leurs conditions d'utilisation provoquant ainsi des modifications tarifaires.

Bassel Abedi (1)

Bassel Abedi, fondateur d’Horiz.io

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