Etats-Unis : une baisse inattendue du PIB au quatrième trimestre… inattendue, vraiment ?

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Par Charles Sannat Modifié le 31 janvier 2013 à 10h59

On vous l’avait dit, on s’en doutait, vous l’aviez deviné… mais maintenant c’est officiel… la « crôassance » américaine bat de l’aile. Elle bat tellement de l’aile qu’elle est devenue négative la crôassance… Allez, pour l’humour et parce que c’est quand même une excellente blague, je vous reproduis la plus belle phrase de la dépêche…

USA : baisse inattendue du PIB au T4, à – 0,1 %

« WASHINGTON, 30 janvier (Reuters) – Le produit intérieur brut (PIB) américain s’est contracté de 0,1 %, contre toute attente, au quatrième trimestre 2012, en rythme annuel… » Reuters ou l’AFP utilisent toutes les deux le même genre de vocabulaire. C’est la novlangue des agences de presse. Moi, ce qui me plaît là-dedans, mais je pense que vous vous en doutez, c’est l’expression « contre toute attente ». Mon brave monsieur, ma brave dame, c’est normal c’est contre toute attente. On pouvait pô s’en douter… On a bien compris que l’on souhaitait nous faire croire que tout allait mieux que bien ces derniers temps. D’ailleurs, depuis la dernière poussée de fièvre d’inquiétude en raison de la crise en Espagne, tout va mieux que bien en Europe, mais qu’est-ce qui a réellement changé depuis.

Rien de rien, non vraiment rien n’a changé

On l’a déjà dit et répété maintes fois alors je ne veux pas insister sur ce point dans chaque édito mais une petite piqûre de rappel est toujours salutaire. Non, il n’y a pas de croissance autonome et sans dette aux États-Unis. La preuve en est, grâce à ces mauvais chiffres, l’or reprend des couleurs et de l’éclat ce soir et signe l’une de ses plus fortes hausses de ces dernières semaines. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’or a été limité dans ses performances par les déclarations de la FED qui avait indiqué qu’elle arrêterait les quantitative easing à la fin de l’année 2013 car la croissance était là… Ce n’était qu’un effet d’annonce. À l’époque où Jean-Claude Trichet était encore gouverneur de la BCE, il avait fait le même type de déclaration où il indiquait qu’il allait remonter les taux pour faire face au dynamisme économique qui entraînait un risque accru d’inflation… À l’époque, j’avais fait un papier pour dire que ce ne serait pas le cas… que c’était juste de la communication. Mais sur le moment, cela avait eu de l’effet. L’impact de la communication est parfaitement maîtrisé par nos élites politiques et économiques. (Voir l’article de 2011 sur la BCE)

Or là, comme la BCE à l’époque qui depuis a fortement réduit ses taux d’interêt, la FED ne pourra pas mettre fin aux politiques d’impression monétaire sauf en acceptant une récession massive, idée jusqu’à présent rejetée avec force par les politiques américains. C’est donc dans ce contexte que l’or s’adjuge plus de 1 % ce soir et qu’il apparaîtra progressivement et tout au long de l’année 2013 que sans fausse monnaie il n’y a pas de croissance, déjà qu’avec des milliards injectés… il n’y en a pas non plus ou presque pas.

C’est le Japon qui nous donne l’exemple du piège des taux bas et de l’impression de monnaie pour lutter contre les forces déflationnistes en vigueur dans l’Empire du Soleil-Levant depuis maintenant presque 30 ans. Tout cet endettement et cette fausse monnaie finiront par poser un problème insurmontable à l’économie mondiale, bien que personne ne puisse prédire avec certitude quand ce moment de « trop-plein » arrivera, mais il surviendra et mieux vaudra pour chacun d’entre nous y être préparé. Pendant ce temps, et c’est la deuxième information importante de la journée, Goldman Sachs pense à nous et se préoccupe de l’avenir de notre pouvoir d’achat en conseillant à la France une baisse de 30 % de nos salaires afin de retrouver de la compétitivité.

Goldman Sachs conseille à la France de baisser les salaires de 30 %

La banque américaine Goldman Sachs donne des conseils à François Hollande pour enrailler la crise, notamment baisser tous les salaires de l’Hexagone de 30 %.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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