La CSG, cet impôt juste, vertueux et incompris

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Par Eric Verhaeghe Publié le 27 octobre 2017 à 10h53
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30%La hausse de la CSG va faire perdre du pouvoir d'achat à 30 % des retraités.

L’Assemblée Nationale vient d’augmenter la CSG en compensation de la suppression des cotisations salariales. La mesure est impopulaire et soulève des torrents de haine parmi les retraités, qui appartiennent à la génération probablement la plus privilégiée (et la plus cupide) de toute l’histoire de France. Elle est pourtant juste et vertueuse.

La CSG (contribution sociale généralisée) augmentera en 2018. L’Assemblée Nationale vient de le décider. C’est l’occasion de rappeler les vertus de cet impôt payé par 100% des Français, quand l’impôt sur le revenu est désormais aussi sélectif que feu l’ISF.

Un impôt universel

La CSG porte sur tous les revenus: ceux du travail comme ceux du capital. On n’insistera jamais assez sur les vertus de l’universalité en matière fiscale. Le fondement de la démocratie, c’est l’imposition. Le fondement de l’imposition démocratique, c’est l’universalité.

Un impôt solidaire

Contrairement à certains fantasmes, la CSG est réellement solidaire, pour une raison simple. L’essentiel de nos droits à la sécurité sociale reste lié au contrat de travail (notamment en matière de retraite). Les revenus du capital soumis à la CSG ne sont pas pris en compte dans le calcul des droits sociaux. On fait donc payer certains sans contrepartie effective. Ce qui s’appelle la solidarité.

En particulier, la CSG sur le capital a longtemps servi à financer le fonds de solidarité vieillesse (jusqu’à l’arrêt De Ruyter).

Un impôt vertueux

La CSG est vertueuse, parce qu’elle est une contribution affectée à une dépense « productive ». Elle sert à financer la sécurité sociale, et particulièrement l’assurance-maladie. La mécanique de la CSG consiste donc bien à faire payer le « consommateur » pour les biens communs qu’il consomme.

Un impôt de solidarité intergénérationnelle

Beaucoup de retraités, qui subiront la hausse de la CSG sans la contrepartie de la baisse de cotisations sur le salaire, considèrent que cette mesure est injuste et rappellent qu’eux aussi, en leur temps, « ont payé » pour avoir droit, aujourd’hui à une compensation.

L’argument est évidemment fallacieux et mensonger.

D’abord, parce que la sécurité sociale telle qu’elle s’est développée durant la génération précédente, n’a ouvert aucun droit à capitalisation. On ne paie pas un jour pour avoir droit le lendemain. On paie des cotisations pour équilibrer le système en cours. Si le système coûte plus cher, il est normal que ses tarifs augmentent, et il est vertueux que les plus coûteux (les plus de 65 ans qui bénéficient de la retraite financée par les actifs) et de la santé (dans des proportions bien plus fortes que les actifs) contribuent plus que les actifs.

Ensuite parce que les cotisations que les retraités ont payées lorsqu’ils étaient actifs ont beaucoup augmenté ces dernières années, de même que le montant des retraites. Autrement dit, les retraités d’aujourd’hui, lorsqu’ils étaient actifs, payaient des cotisations moindres que les actifs d’aujourd’hui. Ils perçoivent aussi une retraite supérieure à celle que les actifs d’aujourd’hui percevront demain.

C’est donc un acte de justice et de solidarité intergénérationnelle que d’augmenter la CSG des retraités, pour ne pas pénaliser indument les actifs qui les nourrissent.

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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