Pourquoi l’euro va disparaître

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Par Simone Wapler Modifié le 15 juin 2012 à 8h59

L’euro va disparaître pour des vulgaires questions d’argent. Trop de dettes et rien pour rembourser. La dette est une hypothèque sur l’avenir. Si la croissance n’est pas au rendez-vous, le fardeau de la dette devient insupportable. L’euro va donc éclater pour la plus triviale des raisons : les moins endettés ne voudront plus payer.

En pratique l’euro a déjà disparu, il suffit d’observer le marché de la dette des différents États.

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Ce graphe représente l’écart des taux d’emprunt de l’Espagne du Portugal, de la France et de l’Italie avec l’Allemagne. L’euro a été introduit en 1999 et mis en circulation le 1er janvier 2002. Depuis 2008, l’union monétaire n’existe plus dans les faits, c’est le grand écart.

Pourquoi cette divergence ? La crise financière évidemment, mais surtout le niveau d’endettement initial des pays au moment d’affronter la crise. Si les affaires vont mal et que vos revenus diminuent, vous pouvez faire face à condition de ne pas vivre au-dessus de vos moyens, d’avoir un matelas d’épargne dans lequel puiser ou d’accepter de baisser substantiellement votre niveau de vie. Ce n’était pas le cas des pays en difficulté qui sont donc passés d’un endettement critique à l’insolvabilité faute de croissance.

Le principe keynésien universellement admis consiste à dire « les dépenses publiques aident à surmonter les récessions ». Sous-entendu : la dépense publique est créatrice de croissance. Pourtant, la dette publique des démocraties augmente depuis trente ans, la croissance ne cessant de s’atrophier. Depuis 1999, la croissance de l’Eurozone est passée sous 4%. En cas de récession, la dette - publique ou privée - est néfaste.

L’idée des eurobonds est une absurdité de plus pour ajouter de la dette à la dette. Les eurobonds existaient déjà dans la période 1999 à 2008 puisque toute l’Europe empruntait au même prix. Si l’Allemagne en acceptait aujourd’hui le principe, elle doublerait instantanément sa dette publique et rejoindrait le camp des pays insolvables.

Deux fins de l’euro sont possibles : la sortie de l’Allemagne ou la sortie des pays faibles : Grèce, Portugal, Espagne, Italie et France. Quelque soit le sort de l’euro, pour nous citoyens, l’issue sera la même. Les dettes publiques seront dissoutes par la planche à billets et l’inflation, peu importe la devise. Keynes prévoyait l’euthanasie financière des rentiers. Les retraités, rentiers modernes des États providence, seront sacrifiés. Si cela pouvait tuer le mythe keynésien, d’un mal surgirait un bien.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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