Récession en zone Euro, élections en Italie… mais la hausse des marchés actions devrait se poursuivre

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Par Alexandre Baradez Modifié le 29 mars 2014 à 11h31
Dégradation de la note du Royaume-Uni par l’agence Moody’s, craintes majeures sur les élections en Italie, ralentissement potentiel du rythme du QE3 avant fin 2013, faible remboursements de la part des banques pour la seconde tranche du LTRO (BCE), prévisions négatives de la Commission Européenne sur les perspectives de croissance en Europe… et pourtant les marchés européens devraient poursuivre leur hausse après la correction actuelle.

Il y a tout d’abord un aspect purement comportemental qui veut que les marchés tentent systématiquement d’anticiper une situation. Ce qui signifie que même si à court terme les chiffres de la croissance sont mauvais en zone euro, la plupart des observateurs (FMI, OCDE, etc..) pensent qu’elle fera un timide retour au second semestre 2013.

Il y a ensuite un effet rattrapage qui s’est enclenché au second semestre 2012 et qui ne semble pas complètement terminé. Effet rattrapage d‘une situation perçue comme présentant un réel risque systémique (avant le Sommet Européen de juin 2012 et l’intervention de la BCE au cours du même été) à une situation où les pare-feu mis en place en peu de temps vont permettre aux Européens de poursuivre le rythme des réformes structurelles et budgétaires engagées, sans courir le risque de voir leurs taux d’emprunts s’envoler sur les marchés, la BCE étant prête à activer le programme OMT si un état en fait la demande.

La semaine dernière, Ewald Nowotny, membre de la BCE, a d’ailleurs déclaré qu’il lui semblait peu probable que l’institution de Francfort procède à des achats d’obligations souveraines cette année… Le programme SMP est donc, pour l’instant, le dernier programme ayant été activé par la BCE dans la cadre de ces rachats d’obligations.

Toujours concernant la BCE, les dernières déclarations de Mario Draghi sont également de nature à soutenir le marché. Il a notamment fait une large parenthèse sur le niveau de l’euro, expliquant qu’il appartient aux marchés de définir les cours de changes mais que si le niveau de l’euro devait entraîner des pressions (à la baisse) sur les prix, ce serait à la BCE, dans le cadre de son mandat, de corriger ces distorsions.

En clair, la BCE peut tout à fait revoir à la baisse ses taux directeurs, intensifier les mesures non-conventionnelles, instaurer des taux négatifs sur les dépôts court-terme et lancer un nouveau programme de rachat de dettes si la situation se dégradait.

Il s’agit donc d’un pare-feu redoutable qui permet pour l’instant de stabiliser les taux d’emprunt des pays fragiles de la zone euro, éloignant un peu plus le risque systémique et favorisant le retour sur les actifs risqués.
Ensuite, on ne peut parler d’Europe sans parler de l’Allemagne. Même si la croissance a sensiblement faibli en 2012, l’Allemagne dispose d’une forte capacité de réaction dans les mois qui viennent. Réaction qui pourrait être catalysée par l’approche des échéances électorales de l’automne 2013. En effet, et ce n’est plus une surprise, l’Allemagne est largement excédentaire au niveau de sa balance commerciale, aidée en cela par ses exportations. Et comme le volume des importations reste également soutenu, le niveau « élevé » de l’euro n’est pas un problème, permettant ainsi de limiter les pressions inflationnistes.

Le niveau des investissements étant également soutenu dans le pays, il reste encore un levier sur lequel l’Allemagne peut s’appuyer pour dynamiser sa croissance : la demande intérieure. Comprimée depuis plusieurs années dans le cadre des réformes structurelles entamées par l’ex-chancelier Schröder, elle pourrait être stimulée à l’approche des élections (augmentations des salaires notamment) sachant que les risques d’inflation s’éloignent pour le moment et que la BCE semble maintenant plus préoccupée par les risques déflationnistes en zone euro que l’inverse.

En France, même si les perspectives économiques sont nulles pour 2013, les investisseurs ne perdent pas de vue que les groupes côtés au CAC40 ont pour la plupart une dimension internationale avec une présence dans des zones présentant un fort différentiel de croissance. Les résultats annoncés récemment ne montrent pas d’affaissement global, ces mêmes groupes ayant procédé à des restructurations leur permettant de s’adapter au contexte économique européen et mondial.

Enfin, Outre-Atlantique, les minutes des dernières réunions du comité de politique monétaire de la FED ont fait état de divergences au sein du comité sur la nécessité de prolonger le QE3 au-delà de 2013… Nouvelle fraîchement accueillie par les marchés dans un premier temps mais qui peut aussi traduire le fait que la croissance US soit suffisamment solide pour supporter l’arrêt du plan d’assouplissement monétaire. Plusieurs membres de la FED ont récemment fait état de perspectives de croissance 2013 supérieures à 2.50%. En tout cas, il est très probable que la FED n’attende pas que le taux de chômage soit descendu à 6.5% pour alléger les rachats d’actifs (rythme actuel de 85 milliards de dollars par mois).

Enfin, on ne peut envisager une poursuite de la hausse des marchés actions sans parler du marché obligataire. Il y a peu de chance de voir les rendements des emprunts français et allemands repartir fortement à la hausse dans le contexte actuel ce qui devrait continuer à favoriser les investissements sur les marchés actions.

Pour le CAC40, un retour dans la zone 3850/3900 pts est tout à fait possible dans les semaines qui viennent. Au-delà de l’analyse macroéconomique, cette zone représente 38.20 % de correction (retracements de Fibonacci) de toute la baisse de 2007 à 2009, baisse correspondant à la crise des subprimes.

On peut également être optimiste pour le DAX qui devrait tenter de franchir les 8000 pts dans les semaines à venir et se rapprocher (même dépasser) les plus hauts de 2000 (bulle internet) et 2007 (crise des subprimes) c’est-à-dire un cours de 8150 points au minimum.
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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.

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