Pourquoi gagner la présidence de l’UMP était suicidaire

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Par Philippe David Modifié le 21 novembre 2012 à 14h41

« A touché le fond au premier trimestre, a continué à creuser au second, devrait trouver du pétrole au troisième »… Cette formule lapidaire écrite par des professeurs sur le bulletin de note des pires cancres pourrait parfaitement s’appliquer aux deux « partis de gouvernement » qui dirigent la France depuis maintenant des décennies (ce qui explique d’ailleurs la chute de notre pays dans tous les domaines ou presque).

On pouvait en effet espérer que les bourrages d’urnes et le spectacle lamentable offert par les socialistes lors du congrès de Reims resteraient un épiphénomène dans le paysage politique français, mais pas du tout, l’UMP a décidé d’essayer de tomber aussi bas et, sans trop d’efforts y est arrivée. De bourrages d’urnes massifs en déclarations de victoire par les deux candidats en passant par les noms d’oiseaux divers et variés échangés entre les deux camps, le fond a été atteint et François Hollande n’y pourra rien, l’UMP va finir à force de creuser par trouver du gaz de schiste, ce qui risque de créer des tensions entre les verts et les socialistes au sein du gouvernement.

Pour gagner, tous les coups ont en effet été permis tant dans le clan Fillon que dans le clan Copé ce qui est particulièrement inquiétant car cela démontre que les deux candidats n’ont rien compris à la situation réelle de l’UMP. En effet, cette élection interne était une véritable épreuve de « qui perd gagne ». Pourquoi ? Tout simplement parce que l’UMP n’a toujours pas pris la mesure de ses défaites du printemps dernier puisqu’elle vit dans une situation d’autisme total qui lui interdit de commencer tout début d’autocritique des cinq années de présidence Sarkozy, copiant encore une fois dans ce domaine le Parti Socialiste dix années auparavant.

En clair, pour les socialistes, si Lionel Jospin n’était pas au second tour en 2002, c’était parce que les français étaient des imbéciles qui n’avaient rien compris. Aujourd’hui, pour l’UMP, si Nicolas Sarkozy n’a pas été réélu en 2012 c’est parce que les français sont des imbéciles qui n’ont rien compris. Comme disait Clausewitz : « Si le peuple se trompe, changeons le peuple ».

Du fait de cet autisme empêchant toute possibilité de poser le bon diagnostic de ses échecs et faute d’avoir un quelconque programme crédible à proposer aux français, il y a fort à parier que l’UMP ne va pas aller de triomphes électoraux en triomphes électoraux, nonobstant l’impopularité toujours croissante de l’executif. Les socialistes étant bien implantés dans les collectivités territoriales et les européennes étant propices aux « coups de gueule » du corps électoral, les échéances de 2014 sont loin d’être gagnées pour le principal parti d’opposition. Il risquera alors d’arriver ce qui arriva au Parti Socialiste en 1994, année où Rocard qui croyait avoir pris sa revanche sur Mitterrand en devenant premier secrétaire du PS suite à la déroute des législatives de 1993 fût définitivement liquidé politiquement suite à une déroute encore plus grande aux européennes de 1994.

A la première défaite de l’UMP, les fillonistes flingueront sans hésiter le nouveau Président de l’UMP qui s’appelle, c’est officiel depuis lundi soir, Jean-François Copé. And the winner is…On ne sait toujours pas puisque les amis de François Fillon viennent de déposer un recours.

Rendez-vous donc au prochain épisode !

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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