L’Europe peut encore éviter un péril Numérique 

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Par Nicolas d'Hueppe Publié le 10 septembre 2017 à 4h10
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150%La valeur des GAFA est équivalente à 150 % de celle du CAC40.

La révolution numérique a d’ores et déjà totalement transformé notre société. Source de génie et d’opportunités inépuisables, elle nourrit tout autant un réel changement civilisationnel. La génération digitale crée des modèles disruptifs qui améliorent progressivement les expériences de consommation, de relations sociales et même de mode de production !

Cependant ce formidable tremplin pourrait rapidement et surtout brutalement se transformer en « péril numérique », si nous ne portons pas un regard attentif quant à l’évolution tant d’un certain équilibre nécessaire, que de son environnement concurrentiel et largement globalisé.

Ce monde nouveau dans lequel chacune et chacun peut se rêver pionnier du quotidien, une règle structurante semble s’imposer comme un théorème désormais inéluctable : le gagnant prend tout, « the winner takes all ». Ainsi, il n’y a pas de partage avec les petits, aucune demi-mesure. C’est un système totalement manichéen et gargantuesque. Les marchés du moteur de recherche, des systèmes d’exploitation, du e-commerce, des réseaux sociaux sont copieusement dominés par les GAFA ou autres NATU, ce qui illustre parfaitement la capacité de ces acteurs à s’accaparer jusqu’à 99% de parts de marché et de construire une véritable situation monopolistique. L’ère des start-ups est évidemment réjouissante, cependant il faut bien avoir en tête que les GAFA pèsent à eux seuls désormais 1,5 fois le CAC40. L’époque des « garages » est révolue.

L’innovation et l’avance technologiques ont donc permis au « gagnant » de prendre l’ascendant sur l’ensemble des autres acteurs existants. Ces derniers agissent vertueusement, en apparence tout du moins. La position de leader permet en effet d’améliorer de manière progressive l’offre tout en accroissant son avance, sans pour autant laisser la moindre chance à ses concurrents de combler un quelconque écart. Cette position dominante, centrale et incontournable permet, à travers des choix de fonctionnalités essentielles ou diverses technologies, de changer les règles du jeu. Et cela a pour conséquence majeure la fragilisation d’un éventuel challenger, tout en optimisant ses propres marges. Or, n’oublions jamais que la concurrence reste une vertu de notre économie à protéger, et ce dans l’intérêt suprême du consommateur et de tout l’écosystème.

Concernant les entreprises de croissance en Europe, la concurrence est saine dès lors qu’elle est loyale et équitable. Elle doit permettre à chaque acteur de développer son offre, sur son marché, sans être perturbée par des décisions unilatérales d’acteurs privés agissant comme un régulateur au service de leurs intérêts exclusifs.

De son côté, le consommateur doit pouvoir rester libre sans tomber dans les contraintes du monopole. Lorsqu’il s’agit de services digitaux a priori « gratuits », mais en réalité financés par la publicité, cette notion de concurrence lui est plus difficilement compréhensible. Son utilité marginale, ou plus simplement l’effet d’aubaine, invite au contraire ledit consommateur à plébisciter un acteur monopolistique afin de prolonger son accès avec une apparente gratuité.

Ce raisonnement « court-termiste » est certes entendable. Cependant l’utilisateur ignore totalement qu’il brade, très souvent par méconnaissance et donc de bonne foi, ses données personnelles ; soit son bien le plus précieux dans ce monde numérique en construction.

L’enjeu, tant pour nos entreprises que pour nos concitoyens, est donc assez majeur. La révolution numérique avance actuellement ordre dispersé, sans que les liens entre un moteur de recherche, des données personnelles, des financements ou de la robotique soient des évidences. Néanmoins, la lecture des publications financières des acteurs dominants démontre que cette corrélation est bien réelle. Aussi, le piège peut-il se refermer d’un seul, coup privant l’Europe et la France de leur e-souveraineté. Après des siècles d’avances technologique et industrielle, l’Europe a aujourd’hui une position d’outsider dans l’univers du numérique, ce lui impose de changer urgemment de logiciel. Agissons ensemble pour éviter un péril numérique.

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Nicolas d'Hueppe est CEO d’Alchimie, Vice-Président de CroissancePlus.

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