Europe, États-Unis : un déclin en trompe-l’oeil

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Par Christophe Auperin Modifié le 31 octobre 2014 à 12h12

L’évolution récente de la richesse mondiale semble donner une certaine légitimité à l’impression qu’ont aujourd’hui les pays occidentaux de s’enfoncer lentement, mais sûrement dans les profondeurs de la crise.

Dans les années 1970, l’Europe de l’Ouest représentait un quart du PIB mondial, les États-Unis 21 %. La Chine ne totalisait alors que 4,6 % du PIB mondial et l’Inde 3 %. Quarante ans plus tard, la part de marché de l’Europe de l’Ouest a reculé de près de 9 points et celle des États-Unis de 4 points. Celle de la Chine, en revanche, a été multipliée par 3 et celle de l’Inde par 2.

La chine numéro un en 2050

Tous les experts le prédisent – OCDE, HSBC, Goldman Sachs, PwC – le grand basculement de l’économie mondiale vers les pays émergents va se poursuivre et même s’accélérer.

En 2060, par exemple, les États-Unis ne représenteront plus que 16 % du PIB mondial et l’Europe de l’Ouest 13 %, tandis que la Chine sera montée à 28 % et l’Inde à 18 %. La hiérarchie économique sera elle aussi bouleversée : en 2050, selon Goldman Sachs, les cinq premières puissances économiques au monde seront – par ordre croissant – Russie, Brésil, Inde, États-Unis, Chine. Une seule nation occidentale figurera encore dans le top 5 contre trois aujourd’hui. Quant à la France, elle devrait rétrograder à la dixième place, devancée en 2050 par le Mexique (7e) ou l’Indonésie (8e). Pour autant, l’Occident devra-t-il se lamenter dans quelques décennies ?

Il ne faut pas tomber dans le catastrophisme. D’une part, le concept même de richesse va perdre de sa pertinence. Avec de gigantesques multinationales dont l’essentiel de l’activité se fera en dehors de leur pays d’origine – les cent plus grands groupes français réalisent déjà 58 % de leur chiffre d’affaires à l’étranger – il y a des raisons de penser que ces entreprises occidentales conserveront au cours des prochaines décennies leur « suprématie » actuelle et garderont leur supériorité technologique ; ce qui n’empêchera pas dans le même temps de voir le poids des pays occidentaux dans le PIB mondial, diminuer drastiquement.

G7 : un PIB par habitant qui devrait doubler

D’autre part, le niveau de vie devrait progresser d’ici à 2050 dans « tous » les pays du monde – pays émergents et pays occidentaux. Selon Goldman Sachs, le PIB par habitant dans les BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – devrait être multiplié par sept d’ici 2050. Mais il devrait aussi pratiquement doubler dans les pays du G7.

Aux États-Unis, le PIB par habitant passerait de 47 000 à 86 000 dollars, en France de 41 000 à 74 000 dollars. Le niveau de vie des Américains resterait en 2050 deux fois plus élevé que celui des Brésiliens et celui des Français serait cinq fois supérieur à celui des Indiens.

Paris sera bien plus riche dans trente-cinq ans – difficile à croire avec la morosité actuelle – en détenant seulement 2 % d’un PIB mondial de 250 000 milliards de dollars contre 4 % d’un PIB mondial estimé à 60 000 milliards de dollars. Il en va de même pour les autres pays occidentaux. Un déclin certes, mais en trompe-l’œil.

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Conseiller en fusion-acquisition dans un cabinet d'accompagnement personnalisé dans la cession d'entreprises, Christophe Auperin s'intéresse de près aux mouvements des marchés, dont il aime, en bon sismologue de la finance, pressentir les oscillations à venir. 

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