2016 approche : devez-vous être « contrarien » ou consensuel ?

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Par Simone Wapler Publié le 19 décembre 2015 à 5h00
Europe Politique Monetaire Banques Centrales
6 %6 % des prêtes des banques européennes sont considérés comme "non performants".

Poursuivons aujourd’hui notre réflexion entamée hier. Repartons du consensus de M. Le Marché, qui a décidé de se laisser hypnotiser par les banques centrales : baisse de l’euro et du yuan et hausse du dollar sous l’effet des manigances des banquiers centraux et du FMI sont au programme de 2016.

Le problème de la monnaie — qui rappelons-le n’est que du crédit — est qu’elle concerne de moins en moins l’économie réelle ; ce crédit reste cantonné dans l’industrie financière et dans le grand casino boursier que fréquente assidument M. Le Marché (qui devrait sérieusement penser à se faire interdire de jeu).

En ce moment nous assistons à un refus d’obstacle de l’économie réelle pour absorber plus de crédits

Les banques-trop-grosses-pour-faire-faillite (too big to fail) ont du mal à trouver des emprunteurs fiables. Elles-mêmes doivent trouver de l’argent pour se mettre en conformité avec une réglementation qui veut les armer contre les crises du passé. Charité bien ordonnée commence par soi-même, n’est-ce pas ? Les consommateurs — qui sont aussi des contribuables — deviennent mous du genou ; malgré la baisse des prix du pétrole, leur pouvoir d’achat est en baisse.

Aux Etats-Unis, les crédits subprime pullulent (prêts automobile, prêts étudiants) comme à la glorieuse époque.

En Europe, les politiques de « redistribution » qui assurent une part importante des revenus des ménages sont financées par les déficits publics. 6% des prêts des banques européennes, soit une bagatelle de 1 000 milliards d'euros, sont classés "non performants".

Les emprunts des entreprises de l’industrie du pétrole et gaz de schiste sont devenus subprime en raison de la baisse du pétrole. Une débâcle sur le secteur du solaire se prépare en Espagne avec le défaut d’Abengoa.

Des entreprises ayant contracté des prêts en dollar cherchent à se désendetter car les perspectives économiques mondiales sont moroses. Celles qui ne sont pas américaines sont, de plus, confrontées à un effet de change très dangereux puisque le dollar a monté par rapport à leur propre monnaie. Vous vous souvenez peut-être, ô cher lecteur patient et attentif, de mon préambule ? La monnaie EST dette. Donc…

Lorsqu’on se désendette on supprime de la monnaie du système. Il y en a moins. C’est la déflation. Il y a peut-être inflation dans l’industrie financière mais il y a déflation dans l’économie réelle. Et qui dit déflation monétaire (baisse des crédits accordés) dit alors :

baisse des prix ;
baisse des résultats des entreprises car les marges sont comprimées et la rentabilité des investissements pas au rendez-vous ;
poursuite du désendettement ou même défaut sur les dettes ;
destruction de crédit et donc de monnaie ;
déflation ;
retour à la case 1.

Débouclage du carry-trade

La masse monétaire la plus concernée par ce cycle est le dollar car beaucoup de gens qui ne vivent pas en dollar se sont endettés en dollar.

Tous ces gens vont être acheteurs de dollars pour rembourser leurs prêts ou détruire des dollars s’ils n’y arrivent pas. Même si la Fed ne fait rien concernant ses taux directeurs, il y aura moins de dollars, simplement parce que l’économie réelle ne peut plus absorber de dette en dollar. Donc ceci est haussier pour le dollar (moins de dollars et autant du reste, donc un dollar achète plus du reste).

Voyant le dollar monter par rapport aux autres monnaies, toutes les victimes des planches à billets de MM. Mario Draghi, Shinzo Abe et maintenant Zhou Xiaochuan voudront… du dollar. Il me semble donc que le dollar va monter en 2016 mais pas pour les raisons auxquelles pense M. Le Marché.

Pour contrer cette déflation, il faudrait que la Fed fasse décoller les helicopters money, c’est-à-dire qu’elle déverse l’argent non plus sur le système bancaire et financier mais directement dans les poches des consommateurs. Ce serait alors le début de la destruction du dollar ; alors, à ce moment, peut-être que la dette en dollar serait vendue par les étrangers. Donc le dollar baisserait.

Nous pouvons faire quelque chose…

Mais vous pouvez couvrir ce risque, vous avez un actif « contrarien idéal » à portée de main : l’or (et l’argent), monnaies ultimes, les seules qui ne soient pas de la dette. Une marchandise totalement méprisée par M. Le Marché qui s’amuse bien plus avec le crédit bidon qu’avec de l’or.

En résumé pour 2016, je vous propose d’être consensuel en misant sur la hausse du dollar en raison de la déflation entamée dans l’économie réelle (qui se voit dans le cours des matières premières) et « contrarien » en couvrant votre position consensuelle par de l’or.

Cher lecteur, victime de Mario Draghi qui massacre l’euro, nous avons « quelque chose à faire » : il nous suffit de miser sur la force relative du dollar, ce que ne peuvent faire les investisseurs particuliers américains. En 2015, j’ai dit beaucoup de mal de Janet Yellen, mais finalement, nous pouvons remercier Janet.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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