Trop d’impôt tue l’impôt !

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 3 octobre 2012 à 4h14

Le gouvernement a une chance : les Français aiment l’impôt et la dépense publique. Ils reconnaissent en lui une forme légitime de participation à la construction républicaine. Cette particularité propre à notre pays explique pourquoi nous acceptons sans broncher ou presque un taux de prélèvement obligatoire parmi les plus élevés du monde.

Fort de ce constat, le gouvernement dépose un projet de loi de finances pour 2013 où la réduction du déficit budgétaire repose essentiellement sur un alourdissement fiscal. Officiellement, les hausses d’impôt seront de 20 milliards l’an prochain, soit l’équivalent de 3 points de TVA. Pour éviter d’augmenter celle-ci comme l’avait prévu le gouvernement précédent, la nouvelle majorité propose de taxer fortement les entreprises et les plus fortunés.

Officiellement, les dépenses publiques diminueront de 10 milliards, pour compléter l’effort. Chacun sait la fragilité de ce chiffre qui dépend en partie des taux auxquels la France emprunte. Que la machine financière s’emballe, que les taux remontent, et le coût du remboursement de la dette rendra impossible le respect de cette trajectoire de 10 milliards d’euros.

Au demeurant, avec un peu d’honnêteté, le gouvernement pourrait d’ores et déjà reconnaître qu’il triche sur les chiffres. La situation mensuelle des comptes de l’Etat au mois de juillet 2012, rendue publique début septembre, montre que l’administration a augmenté ses dépenses de 5 % en un an, ce qui est très supérieur aux 2 % consentis par la loi de finances.

Le rapport des inspections générales sur la RGPP, rendu la semaine dernière, montre bien toute la résistance que les services de l’Etat vont opposer à de nouvelles coupes dans les dépenses. Officiellement, la modernisation de l’Etat ne s’embarrassera plus d’objectifs financiers à tenir. Beaucoup annoncent d’ailleurs que le déficit public réaliste de la France en 2013 sera de 3,5 % plutôt que de 3 %. Soit les 10 milliards d’euros que l’administration devrait réduire, et qu’elle entend bien conserver à son profit.

Le gouvernement, en demandant aux Français d’importants sacrifices mais en donnant le sentiment d’épargner une administration pléthorique, prend un risque fort. Celui de rompre peu à peu l’acceptation de l’impôt. Car comment admettre que chacun diminue son niveau de vie, chacun se trouve exposé au chômage, sauf 5 millions de Français protégés par un statut et un employeur qui ne rationalise pas son activité.

Le rapport des Inspections Générales insiste sur le malaise des fonctionnaires à l’issue de la RGPP. Mais le gouvernement devrait prendre garde à un malaise plus diffus, faute de corps d’inspection pour l’exprimer : celui des salariés soumis à des pressions de plus en plus puissantes, de plus en plus stressantes, de plus en plus anxyogènes, sur leur lieu de travail.

Crise oblige. Tôt ou tard, ce malaise risque d’être exacerbé par le sentiment d’une rupture d’égalité dans l’effort à fournir. Et de s’exprimer avec brutalité.

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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