Pétrochimie : quand le gaz de schiste révolutionne l’industrie

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 12 juin 2013 à 9h50

Le secteur de la pétrochimie est peut être celui qui bénéficie le plus de la révolution américaine du gaz de schiste. Que ce soit au niveau du prix de l'énergie ou du prix de matières premières, c'est un véritable révolution qui est vécue par les industriels.

L'industrie pétrochimique consomme une énorme quantité d'énergie et de matières premières. De fait, plus celles-ci sont bon marché, plus les revenus sont hauts. C'est exactement ce qui est en train de se passer aux Etats-Unis où le secteur est en pleine croissance.

Alors qu'en France le débat sur la compétitivité des entreprises se poursuit, les Etats-Unis ont renoué avec l'attrait de capitaux et la création d'emplois.

Des investissements colossaux dans l'industrie pétrochimique

L'American Chemistry Council (ACC) s'est étonné et félicité des projets d'investissement qui ont été lancés dans le secteur outre-Atlantique. Estimés à 77 milliards de dollars, ils redonne vigueur à un secteur encore très peu prisé il y a quelques années de cela.

Car aucun des 110 projets d'investissement n'était prévu en 2008. Un retournement de situation qui devrait apporter non seulement des capitaux, mais aussi des emplois. Une aubaine lorsqu'on pense que 300 000 emplois avaient été détruits dans le secteur depuis les années 80.

Le gaz de schiste source d'emplois

Si on parle souvent du gaz de schiste comme créateur d'emplois directs dans le secteur pétrolier, les emplois directs dans le secteurs de l'industrie pétrochimique sont souvent passés sous silence. A tort, car leur nombre est loin d'être négligeable. Près de 246 000 emplois devraient être créés par ces 110 projets, si bien entendu ils sont tous menés à bon port. Entre les 46 000 emplois directs et les 200 000 emplois créés chez les sous-traitants, le secteur est en plein recrutement.

Des sociétés ont même été sauvées de la faillite depuis le boom du gaz de schiste. C'est le cas, par exemple, de Lyondelle Basell, spécialisée dans les polymères, dont les résultats ont frôlé le record l'an dernier. Pourtant, en 2009, la compagnie a failli mettre la clé sous la porte.

Des matières premières en grande quantité pour la pétrochimie

La raison de ces résultats impressionants est l'extraction massive de butane, propane et méthane issu de l'extraction par fracturation hydraulique des gaz et pétroles de schiste. Matières premières fondamentales pour l'industrie pétrochimique, ces produits ont vu leur prix baisser radicalement. De quoi faire le bonheur des usines spécialisées.

Les usines tournent donc, aux Etats-Unis, à plein régime et certaines ont même été redémarrées. Avec les nouveaux projets prévus, ce nouvel « âge d'or de la pétrochimie », comme il a déjà été appelé, ne devrait pas s'arrêter de si tôt.

La pétrochimie européenne et asiatique principalement touchée

Le bonheur des uns fait le malheur des autres, dit-on, et c'est bien vrai. Avec les capitaux et les projets qui retournent en Amérique du Nord, ce sont l'Europe et l'Asie qui risque de voir le secteur pétrochimique touché par une crise importante. Et si la Chine a déjà prévu le coup et se lance dans l'exploitation du gaz de schiste, on ne peut pas dire la même chose du vieux continent.

L'impact se fait déjà sentir en Asie où la production des usines a baissé de 15 % en moyenne dans un secteur qui tournait à plein régime, voire au-delà. En Europe, où les usines ne fonctionnent pas à pleine capacité depuis quelques années déjà, le coup pourrait être plus dur.

Les analystes sont formels : les usines européennes doivent craindre que leur capacité soit encore réduite ce qui risque de conduire à des fermetures de sites et, par conséquent, une suppression d'emplois. Une situation qui risque d'empirer lorsque la construction des nouveaux sites américains sera terminée, soit dans 7 ans.

Le site Economie Matin vous propose cet article issu du site legazdeschiste.fr, membre du Groupe EconomieMatin.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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