La Poste : pendant que le trafic courrier s’effondre, le prix du timbre bondit

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 26 juin 2014 à 8h08

Un chiffre suffit à lui seul à expliquer dans quelle situation intenable se trouve la Poste : entre 2012 et 2013, c'est à dire en un an, le nombre de lettres simples envoyées en France en service prioritaire (J+1) s'est effondré : - 24 % ! Désormais, la Poste achemine moins de 2 milliards de lettres prioritaires par an. Pourtant, il y a moins d'un an, l'oiseau bleu prévoyait une chute du volume de courrier plus limitée : - 6 %. Le mail et la télétransmission des documents ont eu raison de ces belles prévisions.

Il ne faut pas s'étonner ensuite d'apprendre que la Poste souhaite faire disparaître nombre de boîtes aux lettres, pour alléger les tournées de collecte des facteurs : entre 2009 et 2011, 5000 boîtes aux lettres ont été supprimées en France, sur un total de 145 000. Vous vous souvenez des levées à 16 h00 ? Désormais, c'est au bureau de Poste qu'il faut aller pour pouvoir envoyer une lettre pour le lendemain, en la faisant partir en milieu d'après-midi : les boîtes aux lettres sont de plus en plus souvent relevées à midi.. Quant aux points de contacts imposés à la Poste dans sa mission de service public, ils devraient être 17 000 : il y en a dans les faits 17 041. Et dans le lot, en zone rurale, de plus en plus de bureaux cédent la place à des relais Poste installés dans la mairie ou chez le boulanger.

Le prix du timbre pourrait bondir de 4,5 %

Aussi, le prix du timbre devrait-il faire encore un bond prochainement. Après une hausse de 3 centimes en début d'année, portant le tarif d'acheminement prioritaire à 0, 66 centimes d'euro, le prix du timbre pourrait passer à 0, 69 ou 0,70 l'an prochain, soit une hausse largement supérieure à l'inflation afin de compenser en partie la baisse de chiffre d'affaires que subit la Poste avec le transport de courrier. Un document interne dont nous faisions état l'an dernier prévoyait que le prix du timbre pourrait atteindre 78 centimes en 2018, et que les tarifs postaux augmenteraient de 24 % en cinq ans ! La Poste n'a en effet pas d'autre choix que de réduire ses coûts d'un côté, et augmenter ses tarifs de l'autre, pour continuer à assurer le service, mix de coûts fixes et de coûts variables. Ainsi, les cinq TGV exploités depuis 30 ans par la Poste pour acheminer le courrier entre Paris et le sud de la France vont-ils bientôt prendre leur retraite. La Poste n'arrive plus à les remplir !

Résultat, les facteurs pourraient bien rapidement devenir plus que de simples messagers. A Vesoul (Haute-Saône) et dans une dizaine de communes autour, par exemple, à titre expérimental, les facteurs livrent les courses à domicile en partenariat avec Intermarché, pour 9,90 euros par livraison. En zone rurale, rares sont les facteurs qui n'acceptent pas de rendre service aux personnes isolées, les personnes âgées en particulier : pain, médicaments, et bien sûr, courrier à envoyer. Pro bono bien entendu. Demain ces services à la personne deviendront-ils payants ? Et pourquoi pas... Petit ruisseau tout de même : les nouveaux services opérés par les facteurs représenteront 200 millions d'euros dans cinq ans sur un chiffre d'affaires total pour le groupe la Poste, Banque Postale comprise, de 22 milliards d'euros en 2013...

Tupungato / Shutterstock.com

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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