Le football, miroir de l’Histoire

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Par Philippe David Modifié le 17 juin 2014 à 9h52

9 NOVEMBRE 1989. Le mur de Berlin tombe et avec lui l'Empire soviétique qui s'effondre comme un château de cartes. Il n'y a plus deux blocs, un capitaliste et l'autre communiste, ce qui incitera certains à parler de « fin de l'histoire » mais un seul qui a triomphé de l'autre : le bloc capitaliste. La marché et son corollaire, l'argent, a gagné et les conséquences de ce bouleversement vont se ressentir jusque dans le football et son épreuve Reine : La Coupe du Monde.

1994 : la Coupe du Monde a lieu aux Etats-Unis. Pour la première fois, ce n'est ni un pays d'Europe ni un pays d'Amérique latine, zones géographiques où le football est le sport Roi, qui organise la compétition. Ce n'est même pas un pays où le football, appelé soccer là-bas, est un sport de premier plan sauf en ce qui concerne le nombre de licenciés dans le sport universitaire et dans le sport...féminin. La première tentative d'implantation du football aux Etats-Unis à la fin des années 70 avait pourtant tourné court. On parla beaucoup à l'époque du Cosmos de New-York où des stars comme Pelé ou Beckenbauer allèrent terminer leur carrière sur des pelouses synthétiques moyennant quelques poignées de « soccerdollars » mais ce sport ne prit pas à l'époque dans ce pays continent qui a pour héros sportifs les stars du basket, du hockey sur glace, du base ball et du football...américain appelé « football » là-bas.

Pour adapter le football aux coupures publicitaires des chaines de télé américaines, le comité d'organisation américain demanda à la FIFA à jouer les matches en trois tiers temps, comme au hockey sur glace, ce que la FIFA refusa à juste titre, une équipe ne pouvant pas jouer les 2/3 d'un match avec un vent défavorable ou avec le soleil de face tandis que l'autre ne subirait de tels aléas climatiques que pendant 1/3 du match.

Vingt ans après, la MLS (Major League Soccer) commence à trouver son public en accueillant toujours des stars en fin de carrière, comme David Beckham , Thierry Henry ou bientôt David Villa alors que la Coupe du Monde avait été accordée aux USA par la FIFA moyennant un engagement : la création d'un nouveau championnat professionnel suite à la faillite de la NASL (North American Soccer League) en 1984...

2002. Pour la première fois, la Coupe du Monde est organisée par deux Nations : Le Japon et la Corée du sud. Dans ces deux pays, le football est aussi un sport « mineur », en tout cas générant beaucoup moins de passions que sous nombre d'autres contrées. Mais l'Asie est LA zone de croissance du monde en ce début de millénaire et tout doit être fait pour développer le football dans le premier réservoir humain de la planète, ce continent représentant plus de la moitié de la population mondiale. Cerise sur le gâteau, la Chine, pays le plus peuplé du monde, va se qualifier pour ce qui est à ce jour sa seule et unique participation à la Coupe du Monde mais échouera dès les phases de poules en perdant ses trois matches. Le Japon arrivera à se qualifier en terminant en tête de son groupe mais perdra contre la Turquie en 1/8ème de finale.

La Corée, elle, atteindra les demi-finales après avoir éliminé l'Italie en 1/8 ème de finale. Lors de ce match, l'arbitre équatorien Byron Moreno commença fort en accordant dès la 4ème minute un penalty imaginaire à la Corée, arrêté par Buffon. Plus tard dans la partie, il refusa un but aux Italiens pour un hors-jeu inexistant avant d' expulser Totti pour un second carton jaune pour avoir « simulé » un penalty alors que celui-ci étant flagrant et aurait probablement signifié victoire au but en or pour les Transalpins qui perdirent...au but en or quelques minutes plus tard ! En ¼ de finale, ce fût au tour de l'Espagne de tomber dans un véritable traquenard puisque l'arbitre égyptien de la rencontre, Mr El Ghandour, leur refusa deux buts valables (dont un « but en or ») et ne fît pas retirer le tir au but de Joaquin, qui avait échoué, alors que le gardien sud-coréen était loin devant sa ligne au moment de la frappe, ce qui est rigoureusement interdit. Le lendemain le quotidien « Marca », leader de la presse sportive en Espagne, titra : « Atraco », ce qui signifie « hold-up »...

La planète football comprit en regardant cette Coupe du Monde qu'il fallait bien, pour motiver les asiatiques à aimer le football, qu'une équipe issue de leur continent aille le plus loin possible, la fin justifiant les moyens...

2010 vît l'Afrique organiser sa première Coupe du Monde en Afrique du sud. Le premier mondial africain aurait dû avoir lieu en 2006 mais des changements de votes plus que douteux en faveur de l'Allemagne aux dépens de l'Afrique du sud firent qu'il fût décidé que la Coupe du Monde suivante serait organisée par l'Afrique du sud afin que celle-ci ne porte pas trop en place publique les raisons réelles de son échec... L'épreuve fût un succès dans un pays où le football est le sport numéro un de la communauté noire, sur un continent où le football déchaine d'immenses passions.

2014 verra 64 ans après un retour au pays du football, le Brésil, tandis que les deux épreuves suivantes se dérouleront en Russie et au Qatar : Deux pays émergents issus des BRIC et un pays regorgeant de « gazodollars » (le Qatar produisant beaucoup plus de gaz que de pétrole).

Il y a fort à parier que si la Chine ou l'Inde étaient candidats, la FIFA leur accorderait l'organisation sans le moindre problème, l'ensemble des BRIC étant alors récompensés de leur dynamisme économique et d'avoir le mérite d'être des terres de mission pour le football...

Il vaut d'ailleurs mieux offrir l'organisation d'un tel évènement à un pays ayant les moyens puisque le Brésil a dépensé la bagatelle de 9 milliards d'euros pour organiser l'évènement...

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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