L’inversion de la courbe du chômage n’est pas non plus pour 2014

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Par Jean-Luc Ginder Modifié le 30 janvier 2014 à 8h55

Avec 3,3 millions de chômeurs, le chômage va-t-il enfin baisser en 2014 ? La réponse sur un plan économique est simple : NON malheureusement.

Du point de vue de la théorique économique la période dite de contraction que nous vivons et vivrons pleinement en 2014 est connue et son déroulement prévisible. En effet depuis plusieurs années la France est sortie de sa phase d’expansion et se trouve après une période de renversement de tendance en phase de contraction. Cela relève du simple principe économique qui nous indique qu’une fois la tendance inversée, la phase de contraction se développe selon un processus cumulatif, dû aux mêmes causes que celles qui soutiennent l’essor, mais qui jouent cette fois en sens inverse.

La diminution des dépenses d’investissement provoque une baisse de la dépense globale qui entraine une réduction de l’emploi et des revenus. Le multiplicateur d’investissement opère maintenant à rebours incitant à réduire le capital. La production courante décline sous le double effet de la baisse des commandes aux entreprises et de la baisse des ventes courantes. La diminution des profits, puis leur disparition se manifestent à la suite de la baisse des prix qui est plus rapide que celle des coûts de production. La charge des coûts fixes s’accroit au fur et à mesure que la production diminue, tandis que les salaires demeurent rigides. L’estimation de l’efficacité marginale du capital s’en trouve affectée et l’incitation à investir se trouve donc encore réduite par cette voie. La diminution de la production, la baisse des prix, l’accroissement du chômage suscitent des anticipations pessimistes qui renforcent la contraction de l’activité économique.

Du point de vue de l’analyse économique il est à constater que la France est dans une difficulté extrême. Le pays est tenu de faire deux choses en même temps ; réduire sa dépense publique de 50 milliards d’Euros en 3 ans et faire un énorme effort de rattrapage au niveau de la perte de compétitivité. La conjonction de ces deux contraintes dans un contexte économique français plus que morose va impacter négativement toute possibilité de reprise de la croissance en 2014, de fait seront impactés avec la même force destructrice l’investissement et le chômage. Je reste à titre personnel d’autant plus sceptique que les prévisions pour la croissance françaises pour 2014 se positionnent entre 0.5 % et 1 % pour les plus optimistes, confirmant que nous ne sommes pas en 2014 dans un environnement très positif. Au-delà du pacte proposé dernièrement (basé sur une politique de l’offre) qui ne repose sur aucune garantie de réussite il est à souligner qu’une reprise économique est avant tout liée à la capacité d’investissement des entreprises et de ce fait la production n’est pas l’essentiel, l’essentiel est avant tout la profitabilité de ces dernières afin qu’elles puissent produire dans les meilleures conditions. Le niveau de profitabilité nécessaire ne se construit pas en 1, 2 ou 3 ans mais à bien plus longue échéance et de surcroît avec des réformes de fond.

En conclusion les chiffres nous parlent brutalement, plus de 6 % croissance du chômage en France en 2013 (3,3 millions de chômeurs, plus de 100 000 emplois détruits), la croissance à 0 % sur un an et enfin un déficit à plus de 4 %).

Le marché du travail en France en 2014 va donc se dégrader encore, pouvant atteindre selon les dernières projections bien plus que 11 % voire 12 % de la population active en fin d’année. Pas de miracle à court terme.

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Jean-Luc Ginder est économiste et essayiste spécialiste de la macro économie ainsi que de l'économie de l'Energie. Il est l'auteur du livre « Phobiamanagement » mettant en avant les effets de la peur en économie et du livre « Réflexions Economiques » (Éditions Corps et Ame, février 2018).

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