Le nombre inacceptable de jeunes sans emploi, sans formation, et qui ne sont pas étudiants (NEET)

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Par Terra Nova Publié le 24 juin 2014 à 2h49

Le taux de chômage des jeunes atteint un niveau inégalé en Europe et seuls un tiers d'entre eux auraient aujourd'hui un emploi. Mais cette inacceptable réalité cache des situations très différentes qui ne demandent pas les mêmes actions de politiques économiques et sociales. Ainsi, face au nombre de plus en plus important de jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme, qui restent sans emploi sans formation et qui ne suivent pas d'études, la Commission européenne a décidé de lancer l'initiative Jeunesse.

Il s'agit de regarder cette réalité en face et aussi de pousser les Etats membres à proposer à cette catégorie de jeunes dénommée NEET (Not in Employment, Education or Training) de reprendre leurs études, de suivre des formations ou de leur faciliter l'accès au marché du travail.

Selon Eurostat, 14,5 millions de 15 à 29 ans étaient exclus du marché du travail et du système éducatif en Europe en 2011. La crise n'est pas la seule responsable car ce nombre a fortement augmenté à cause d'une hausse significative du nombre de NEET qui représentent 17% des 15-24 ans et 20% des 25-29 ans. Or si les NEET forment une population très hétérogène, le risque est trois fois plus élevé d'être dans cette catégorie pour les jeunes ayant un faible niveau d'instruction.

En France, 133 000 jeunes sortent chaque année du système éducatif sans diplôme selon le Céreq34, c'est-à-dire 18% d'une classe d'âge. Parmi eux 24 000 ont achevé leur scolarité sans dépasser la classe de troisième. Les origines socio-culturelles ont encore des conséquences très marquées sur la scolarité puisque parmi ceux qui quittent le système scolaire sans diplôme, le Céreq compte cinq enfants d'ouvriers pour un enfant de cadre. Un enfant d'ouvrier a ainsi presque autant de chance de sortir du système scolaire sans diplôme (24% des cas) que diplômé de l'enseignement supérieur (27% des cas).

Sans surprise, ces jeunes s'insèrent plus difficilement sur le marché du travail puisque 71% d'entre eux ont connu une période de chômage avant toute expérience d'emploi. En conséquence, 56% d'entre eux passent plus d'un an en recherche d'emploi après avoir quitté l'école contre 9% des diplômés de l'enseignement supérieur. Et il leur est difficile ensuite de passer du chômage à un emploi puisque seuls 58% d'entre eux accèdent à un emploi contre 94% des diplômés de l'enseignement supérieur. De plus, lorsqu'ils trouvent un emploi, c'est plus souvent sous la forme de CDD ou de contrat d'intérim.

L'INSEE parvient au même constat, quelle que soit la génération étudiée et montre que 17% des jeunes sortent du système scolaire sans diplôme et qu'un jeune actif n'ayant atteint que la classe de troisième a 3,7 fois plus de risque d'être au chômage qu'un non-diplômé ayant atteint la classe de terminale. La crise a particulièrement touché cette catégorie de jeunes puisqu'en 2012, le taux de chômage des non-diplômés a atteint 47% contre 29% en 1990 alors que celui des diplômés n'a dans le même temps augmenté que de deux points, de 18% à 20%.

La proportion de jeunes qui sortent du système scolaire sans diplôme est beaucoup trop élevée pour de simples raisons de responsabilité collective mais aussi très au-delà de l'objectif de moins de 10% fixé par l'Union européenne. D'ailleurs, Terra Nova a déjà proposé « d'amplifier le dispositif de « garantie jeunes » associé à l'accompagnement des jeunes vers un parcours de professionnalisation (emploi ou formation) afin de viser l'accompagnement d'au moins 300 000 jeunes » en juillet 2013.

Mais l'école française est progressivement devenue une école oligarchique de masse. Le coût social et économique de ce gâchis est considérable : sur une base prudente, le coût minimal de l'échec scolaire a été estimé par Terra Nova à environ 24 milliards d'euros par an.

Extrait du nouveau rapport du Think Tank Terra Nova "Entrer et rester dans l'emploi : un levier de compétitivité, un enjeu citoyen" reproduit ici avec l'aimable autorisation de la fondation.

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Terra Nova est un think tank progressiste indépendant ayant pour but de produire et diffuser des solutions politiques innovantes, en France et en Europe.

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