Effondrement boursier. Le présage d’Hindenburg. Le krach arrive-t-il ?

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Par Charles Sannat Modifié le 20 novembre 2019 à 10h54
Bourse Krach Risque Taux Interet Fed Danger
@shutter - © Economie Matin
150 DOLLARSEn 2007 le baril de pétrole a dépassé les 150 dollars.

Avant de vous expliquer ce qu’est le présage d’Hindenburg, sachez que la dernière fois que ce signe est apparu sur les marchés, c’était en septembre 2018… et que par la suite les marchés ont perdu de 20 à 30 % avant que la Banque centrale américaine, la FED, intervienne et siffle la fin de la récréation de peur que la chute devienne incontrôlable.

Alors quand cet indicateur clignote rouge, c’est toute la planète finance qui commence à trembler de peur que le krach arrive rapidement.

C’est quoi le présage d’Hindenburg ?

Le Hindenburg Omen en anglais, Omen signifiant augure, présage, est un indicateur technique créé par James R. Miekka, décédé en 2014. Miekka était un mathématicien devenu professeur de physique, et devenu aussi aveugle suite à une expérience ratée… et aux complications opératoires. Bref, en 2014, il est renversé par une voiture et décède à l’âge de 54 ans.

Comment fonctionne son indicateur ?

A partir d’une divergence.

Dans un monde normal où les règles de la moyenne s’appliquent, normalement lors d’un mouvement de hausse tous les titres sont censés monter plus ou moins rapidement mais ils doivent monter. Toutes les actions, ou presque, doivent donc atteindre de nouveaux plus hauts de manière concomitante comme dirait « le Ciotti » de Canteloup chaque matin sur Europe 1.

Lorsqu’il y a divergence, à savoir que des titres marquent des plus hauts alors qu’au même moment une quantité significative de titres marque des plus bas, alors il y a un problème. Un gros problème.

Il y a d’autant plus un problème, que… si cet indicateur a été ainsi baptisé c’est évidemment en référence à l’accident du dirigeable allemand du même nom, en mai 1937. Le déclenchement de cet indicateur, peu avant toutes les dernières grandes crises, lui confère un caractère prédictif hélas statistiquement très éprouvé bien que relativement sombre.

Que va-t-il se passer cette fois ?

Comme vous le savez dans cette vidéo j’expliquais pourquoi à mon sens il n’y aurait pas de krach d’ici la fin de l’année mais une correction de 15 à 20 % d’ici le mois de février 2020.

Je maintiens cette analyse qui, comme vous le savez, reste une analyse et en aucun cas LA vérité. En effet, revenons au dernier présage d’Hindenburg en septembre 2018.

La FED montait ses taux d’intérêt. Au même moment, les cours du pétrole étaient également orientés à la hausse. En 2007, nous avions eu exactement la même configuration à savoir un baril de pétrole au plus haut (souvenez-vous on était à 150 $) et des taux qui montaient, qui montaient… et dépassaient les 5 % ! Résultat ? Tout a fini par craquer, car la hausse des taux et le prix de l’énergie entraînent tout simplement l’insolvabilité des agents économiques.

En 2018, nous avons eu exactement la même chose. Hausse de l’énergie et hausse des taux. En septembre et octobre 2018 il était prévisible que nous marchions vers le krach et je vous avais prévenu comme dans cet article par exemple :

Je pense que le déclenchement du présage d’Hindenburg en septembre 2018 était logique dans un contexte plus global, que l’on ne retrouve pas aujourd’hui.

En effet les banques centrales aux Etats-Unis comme en Europe interviennent à nouveau massivement. Le prix de l’énergie est pour le moment toujours sous contrôle.

Alors pourquoi le présage d’Hindenburg apparaît-il cette fois ?

Je peux évidemment me tromper et je le dis avec toute la modestie nécessaire à cet art délicat qu’est celui de l’analyse et des prévisions. Mais je pense que nous avons à faire à des causes différentes qui aboutissent à l’apparition de ce présage.

Dans le contexte de taux très bas, les actions se comportent comme des quasi-obligations à savoir que les actions s’apprécient d’autant plus qu’elles versent de gros dividendes et qu’elles sont « trop grosses pour faire faillite » ou encore qu’elles ont un « princing power » c’est-à-dire une capacité à faire le prix sur leur marché !

Bref, je viens de vous décrire Apple, Amazon, ou encore une entreprise comme Air Liquide.

Ce que je veux vous dire, c’est que dans ce contexte délirant de taux très bas, alors que les dividendes vont progresser certes moins rapidement mais augmenter tout de même de 4 %, les plus grosses valeurs, les actions d’entreprises les plus solides, les plus mondialisées, les plus résilientes et robustes augmentent et marquent chaque jour de nouveaux plus hauts.

De l’autre côté, les actions les plus fragiles, elles, sont délaissées à juste titre. Car si les investisseurs se mettent à considérer les actions comme des obligations alors il se créé logiquement des « catégories » de différentes qualités. Vous avez donc une divergence naturelle qui se créée dans les performances des différents groupes d’actions.

Ma conclusion est donc toujours qu’il n’y aura pas de krach tant que les taux sont bas, que les banques centrales interviennent, que le pétrole est sous contrôle, et que nous n’avons pas à affronter un accident majeur de type faillite retentissante d’une banque, ou un problème géopolitique majeur type guerre dans le Golfe avec l’Iran par exemple.

Nous n’échapperons en revanche, certainement pas, à une correction en début d’année prochaine d’ici 2 à trois mois maximum. D’ici là, les marchés et les banquiers vont tenter de bien finir l’année avec le rallye que nous connaissons actuellement. Puis début 2020, nous aurons toutes les raisons d’avoir une bonne respiration sur les marchés.

Voilà pour le scénario le plus probable. Ce n’est pas une certitude, et cela ne change rien au fait que quand les taux sont négatifs, que les actions se comportent comme des obligations, que les poules ont des dents et que les coqs pondent, nous sommes bien embarqués pour un voyage qui se terminera forcément de manière très inconfortable.

Enfin, il faut comprendre, aussi, que la « smart money » l’argent intelligent, va s’investir sur les actions, car les investisseurs éclairés, préfèrent détenir des parts de propriété que des reconnaissances de dettes !!

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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