La dernière fois que ceci s’est produit, on était en 2008

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Par Bill Bonner Publié le 2 mai 2017 à 5h00
Crise Production Industrielle Etats Unis
35 000 milliards $Lors de la prochaine crise du crédit, 35 000 milliards de dollars de dettes pourraient disparaître.

Les Etats-Unis ne sont pas en forme. La production industrielle a connu sa plus grosse chute depuis août dernier, menée par le déclin des ventes automobiles.

Les mises en chantier de maisons sont à un plancher de quatre mois. Les prêts bancaires plongent. L’immobilier commercial a du mal. Les consommateurs demandent grâce. Les estimations de la Fed quant à la croissance du PIB US sont de plus en plus basses. Le plus important, cependant, c’est que les recettes fiscales sont en chute, à périmètre constant, pour le quatrième mois consécutif. Or les impôts sont du vrai argent — pas des fake news comme les statistiques du chômage et de l’inflation. Lorsque les gens gagnent moins, ils paient moins d’impôts. Une baisse des recettes fiscales signifie qu’il se passe réellement quelque chose dans l’économie. La dernière fois que les recettes fiscales ont chuté de la sorte, on était en 2008. Inutile de vous rappeler ce qui s’est passé ensuite.

Fausses impressions

Parallèlement, les preuves s’accumulent que — en dehors des dividendes — l’investissement en actions est rarement profitable. Selon un article d’Endrik Bessembinder, de l’Université d’Arizona, même sans tenir compte des frais, environ 70% des actions rapportent des rendements inférieurs au bon du Trésor (considéré comme l’un des actifs les plus sûrs). C’est en partie pour cette raison que, selon la société de recherches Dalbar, un quart seulement des gestionnaires de fonds actifs surperforment leurs indices de référence. Les valeurs gagnantes sont rares. Nous soupçonnons depuis longtemps que les gestionnaires de fonds, pour éviter de se laisser distancer par les indices — qu’ils utilisent comme référence pour leurs performances –, appliquent une stratégie extrêmement simple : ils achètent lesdits indices !

Cela — et le fait que les grandes valeurs sont celles suivies par la presse grand public — tend à favoriser quelques actions populaires au détriment des nombreuses valeurs méconnues. Cela donne aussi aux investisseurs une fausse impression. Lorsqu’un indice augmente de 15% par an, par exemple, ils se disent : « si j’achète ‘des actions’, elles devraient me rapporter 15% ». Mais un article de 2015 signé J.B. Heaton, Nicholas Polson et Jan Hendrik Witte a révélé que l’investisseur moyen ne commence pas à zéro avec 50% de chances de battre les indices. Puisque la majorité des actions sont peu profitables, en choisissant des valeurs au hasard, disent les chercheurs, « on part de sous le zéro ».

D’autres études blâment le comportement des investisseurs. L’investisseur moyen engrange de moins bonnes performances que les indices parce qu’il fait trop d’allers-retours — souvent en achetant au sommet pour revendre au plus bas — en se basant sur ce qu’il lit dans les journaux ou voit à la télévision. Une fois à ce stade, les nouvelles n’en sont plus. Lorsqu’une chose tombe dans le « domaine public », elle ne vaut généralement pas la peine d’être connue. En d’autres termes, notre investisseur ne fait pas le dur travail d’un investissement réel.

Des lois universelles

Rappelez-vous, il y a des lois universelles à l’oeuvre dans le monde de l’investissement tout comme dans le reste du monde. En dehors de la politique, des chicaneries et du banditisme de grand chemin, avec leurs accords gagnant-perdant, le monde honnête fonctionne avec des accords gagnant-gagnant. Si l’on veut obtenir… on doit donner. Et ce qu’on obtient devrait être proportionnel (en tenant toutefois soigneusement compte de la chance) à ce que l’on donne. Il faut donc vous poser la question : comment pouvez-vous gagner plus d’argent grâce à vos investissements que les autres (plus que les indices) ? Que donnez-vous de plus ? François Mitterrand s’indignait du fonctionnement de l’investissement. Il avait dit, outré, que les capitalistes « gagnent de l’argent en dormant ». Il n’avait pas tort.

Il semble injuste qu’un travailleur doive vendre son temps à l’heure, limité par le nombre d’heures à sa disposition… tandis qu’un investisseur capitaliste gagne de l’argent jour et nuit sans travailler du tout. Sauf que le capital a une valeur. Il est donc raisonnable que la personne qui le met « en location », plutôt que de l’utiliser elle-même, soit payée en retour. Dans une économie honnête, cet investisseur est payé équitablement. L’accord est passé — comme tous les accords gagnant-gagnant — entre l’acheteur et le vendeur, le prêteur et l’emprunteur, sans préjudice envers l’un ou l’autre. Tous deux sentent qu’ils sortent gagnants. La personne qui consacre le plus d’efforts à comprendre comment faire fructifier son temps et son argent est généralement celle qui gagne le plus.

Des niveaux artificiels

Dans l’économie actuelle, cependant, la partie est truquée… et elle l’est depuis plus de trois décennies. Les initiés reçoivent de l’argent que personne n’a jamais gagné ou épargné… et ils l’obtiennent à des taux écrasés par la lourde main de la Fed et de son système d’argent factice. Cela a créé un gigantesque afflux d’argent basé sur le crédit qui a fait grimper les cours des actions — notamment les indices. Le Dow Jones, par exemple, a été multiplié par 20 ces 35 dernières années, tandis que le temps du salarié américain moyen, en tenant compte de l’inflation, vaut à peine plus.

Constatant cela, les gens en tirent les mauvaises conclusions : « vous voyez, les actions rapportent toujours sur le long terme. » Ou, comme le dit Warren Buffett : « personne ne se ruine en pariant sur les Etats-Unis ». Sauf que toute l’affaire est une fraude — les prix des actions ayant été gonflés par cette énorme masse de crédit bidon. Selon le célèbre gestionnaire de fonds obligataire Bill Gross : « tous les actifs sont à des niveaux artificiellement élevés ».

En d’autres termes : ce n’est pas parce que les actions se sont bien comportées ces 35 dernières années qu’elles se comporteront bien pendant les 35 prochaines. Le crédit (et sa jumelle maléfique la dette) n’augmente pas éternellement. Lorsque la prochaine crise du crédit se produira, jusqu’à 35 000 milliards de dollars de dettes pourraient disparaître en quelques jours. Les cours boursiers pourraient perdre de 50% à 80%. Suite à quoi — surprise, surprise — les économistes… et les banquiers centraux du Deep State… ne parviendront pas à réparer cette économie de bulle.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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