La plus longue hausse de marché de tous les temps ? Oui, mais…

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Par Stéphane Déo Modifié le 24 août 2018 à 11h14
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372%La progression totale de l'indice S&P500 depuis son plus bas de 2009 est de 372%.

Vous avez surement lu que la hausse du marché actions depuis 2009 est la plus longue jamais connue, 3 453 jours sans correction si on prend le S&P 500 comme référence. Certes, certes. Mais…

La vérité est qu’effectivement cette période de hausse quasi-ininterrompue est inhabituellement longue mais il aussi vrai que la vitesse de progression de la bourse est médiocre. C’est surprenant, en 2009, au plus noir de la crise, les cours du marché étaient consistants avec un scénario apocalyptique, une normalisation économique aurait donc dû créer un rebond important. Mis au regard de précédents cycles boursiers, ce n’est pas vraiment le cas. Et donc la progression totale de la bourse depuis son plus bas de 2009 est importante, +372%, mais loin du record d’octobre 1990 à mars 2000, +470%.

En fait l’argument sur les performances boursières est similaire à celui sur la croissance économique : la phase de reprise actuelle est longue mais inhabituellement lente. Le film est en train de passer au ralenti. Il y a un argument que le cycle boursier est tellement long que nous sommes nécessairement à la veille d’une correction et que la reprise est elle aussi tellement longue que nous sommes forcément en fin de cycle. Cet argument nous semble très simpliste, il ne prend pas en compte les spécificités de cette reprise.

La croissance est là

Le PMI pour le mois d’août a été publié en Zone Euro, l’Allemagne et la France. L’estimation flash de l’indice composite Européen est à 54,4 en août après 54,3. Après le plongeon des premiers mois de l’année, l’indicateur est passé de 58,8 en janvier à 54,1 en mai, la tendance est à la stabilisation. Cela valide, une fois de plus, l’idée que la forte baisse du premier trimestre n’était qu’une normalisation. Ces chiffres sont aussi cohérents avec une croissance à 2,0% cette année pour la Zone Euro, ce qui est en ligne avec les attentes du consensus.

Cela valide aussi la vue que la phase de révisions à la baisse des attentes du consensus est probablement derrière nous. Les chiffres publiés hier étaient très proches des attentes. C’est rassurant pour les marchés.

A noter un léger fléchissement de l’indice PMI aux Etats-Unis (55,0 après 55,7) qui reste sur des niveaux très élevés. Là aussi, les craintes sur la croissance devraient restée modéré.

Croissance, la thèse du trou d’air

Toujours la croissance, la BCE a publié hier le compte rendu de son dernier Conseil de Politique Monétaire. Rien de nouveau sur la politique monétaire mais la vue sur l’économie n’a pas changé : le ralentissement de l’activité du premier semestre s’explique par la baisse de la demande étrangère, par la vigueur de l’euro et par des facteurs temporaires. Mais la croissance devrait rester solide, tirée par une demande domestique.

Jeux des chaises musicales dans les administrations européennes

D’après le Handelsblatt, Angela Merkel préférerait obtenir le poste de Président de la Commission pour un allemand plutôt que le poste de président de la BCE. Le favori, le président de la Bundesbank Jens Weidmann, en ferait donc les frais.

En cas de nomination de Weidmann, les trois principales institutions financières européennes seraient présidées par un allemand : la BCE donc, le Mécanisme européen de stabilité (Klaus Regling) et la BEI (Werner Hoyer). L’opposition des autres pays à cette option a probablement poussé Merkel à plutôt viser la présidence de la Commission.

Weidman n’est peut-être pas aussi favori à la succession de Draghi qu’on veut bien le croire.

Jackson Hole commence aujourd’hui

Jackson Hole, sorte de camp scout pour banquiers centraux, ne devrait pas réserver de surprise cette année. Ni Draghi, ni Kuroda, ni d’ailleurs aucun membre du Directoire de la BCE ne seront présents. Les débats devraient donc se concentrer sur la politique monétaire américaine. Hier la Fed de Saint-Louis a encore publié une étude sur la forme de la courbe.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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