Seulement un jeune sur cinq possède les bases de la culture financière

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 9 juillet 2014 à 10h23

Comprendre une facture, un bulletin de salaire, une offre de prêt ou l'évolution du prix d'une action – telles sont les compétences que l'étude PISA sur les compétences financières a testé chez des écoliers de treize pays. Alors que les adolescents d'aujourd'hui sont les consommateurs, épargnants et investisseurs de demain, les résultats qui en ressortent ne sont pas particulièrement encourageants.

Parler d'argent avec ses enfants, mais pas tous les jours

L'étude de l'OCDE dresse un constat alarmant : environ un élève sur sept n'est pas capable de prendre des décisions même simples à propos des dépenses courantes, et seulement un sur dix peut résoudre des tâches financières complexes.

Sans surprise, les citadins réussissent mieux que les ruraux et les autochtones mieux que les immigrés. Cependant, à part les États-Unis, dans le reste des pays on n'observe pas de corrélation entre les compétences financières des enfants et le statut socio-économique des parents. Les enfants qui abordent le sujet de l'argent avec leurs parents ont des scores plus élevés, mais jusqu'à une certaine limite : le fait d'aborder cette question tous les jours ou presque dégrade au contraire les compétences financières. Les enfants qui reçoivent de l'argent en cadeau (80 % en France) s'en sortent également mieux.

Le taux de possession d'un compte bancaire varie fortement selon les pays : 70 % des élèves au Belgique, en Estonie, en France, en Slovénie et à la Nouvelle-Zélande en possèdent un, tandis que ce pourcentage descend à moins de 30 % en Israël, en Pologne et en Slovaquie. L'étude montre que les enfants possédant un compte bancaire ont des compétences financières plus élevées.

20 % des jeunes français possèdent les bases de la culture financière

Les élèves français s'en sortent certes mieux en moyenne que les enfants dans d'autres pays de l'OCDE (19,4 % maîtrisent les bases de la culture financière, contre une moyenne de 15,3 % sur l'ensemble des pays de l'OCDE). Mais c'est aussi en France que le nombre d'enfants ayant atteint des niveaux élevés de culture financière est relativement bas (28 %, contre 32 % pour l'ensemble de l'OCDE en moyenne). L'écart entre les performances des élèves issus de l'immigration et les autochtones est également très prononcé dans l'Hexagone, mais la détention ou non d'un compte bancaire n'a paradoxalement pas d'influence sur les résultats.

La culture financière, garante de la démocratie ?

Le rôle d'éducateur financier revient sans doute, au moins en partie, aux établissements scolaires. En France, les connaissances portant sur les finances personnelles ne sont pas enseignées dans le cadre de la scolarité : seuls des cours d'économie et de gestion sont disponibles aux enfants de 15-16 ans. Ce fait inquiètera sans doute quand on considère le fait qu'une bonne culture financière est un prérequis à l'éradication de la pauvreté, la cohésion sociale et l'épanouissement d'une société riche et apaisée. Le gouvernement a tout intérêt à prendre le sujet des compétences financières de la population au sérieux : c'est notamment par cette voie-là que le nombre de pauvres, de chômeurs, de surendettés, de non-épargnants et de non-investisseurs pourra enfin diminuer.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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