Le postier examinateur, une expérience à généraliser ?

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Par Jacques Bichot Publié le 28 janvier 2016 à 5h00
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45Depuis deux mois, 45 fonctionnaires de la poste se forment au métier d?examinateur du permis de conduire.

Depuis deux mois, 45 fonctionnaires de la poste se forment au métier d’examinateur chargé de faire passer la partie pratique du permis de conduire.

Des inspecteurs syndicalistes renâclent, rien de nouveau sous le soleil, il y aura toujours des partisans de l’immobilisme du service public. Mais cette expérience à petite échelle n’en est pas moins comme ces fleurettes dont l’éclosion, en hiver, annonce l’arrivée du printemps.

Imaginons en effet tout ce qui pourrait être amélioré si cette expérience était généralisée. De nombreux services publics sont engorgés, et obligent les Français (et les étrangers qui viennent en France) à patienter de façon indigne d’une grande nation. Ce n’est en effet pas le seul passage du permis de conduire qui donne lieu à des attentes inadmissibles. L’obtention d’une carte grise, par exemple après un vol ou une perte de ce précieux talisman, exige des heures de queue à la préfecture. Les urgences, dans une bonne partie des hôpitaux, sont des lieux où mieux vaut arriver sans réel besoin d’être examiné au plus vite, puisqu’on y stagne des heures durant avant d’être sérieusement ausculté. Certaines caisses de sécurité sociale sont en retard de plusieurs mois dans le traitement des dossiers et, débordées, multiplient les erreurs. Les demandes d’asile mettent si longtemps à être instruites que les déboutés (environ 4 sur 5), installés en France depuis 2 ans ou plus, ne repartent pas. Etc., etc.

Or, pendant ce temps, dans de nombreux services on se la coule douce. On se souvient du livre d’Aurélie Boullet (nom de plume Zoé Shepard), Absolument débordée, racontant comment, dans la collectivité territoriale où elle était censée travailler, on s’ingéniait à prendre trois fois le temps normal pour effectuer la moindre tâche, de façon à masquer l’excédent de personnel. Il y a des services où les effectifs sont pléthoriques, et d’autres où ils sont dramatiquement insuffisants. La solution passe évidemment par des reconversions et par davantage de polyvalence, de façon à ce que la même personne puisse œuvrer, selon les besoins (qui varient d’une année ou d’un mois sur l’autre), dans plusieurs services différents. C’est pourquoi la reconversion de quelques dizaines de postiers doit être saluée, puis surtout imitée. Exceptionnel, un tel parcours professionnel au sein de la fonction publique devrait devenir monnaie courante : c’est ainsi que pourront être conciliées l’amélioration des services publics et la réduction de leurs coûts.

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Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres, de "La retraite en liberté" au Cherche Midi et de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux éditions L'Harmattan.

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