Innovation, ambition, économie et politique sont dans un bateau…

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Par Jean-Paul Gomez Modifié le 7 novembre 2013 à 2h19

Suite au rapport remis par Anne Lauvergeon pour donner une orientation stratégique dans les innovations en France, la question à se poser est quelles sont les facteurs permettant le développement des innovations. L'état a sollicité ce rapport afin de définir des axes stratégiques de développement économique, car depuis longtemps, on a réalisé que le développement d'une société, le bien-être de ses habitants passe par l'innovation.

L'état se doit de favoriser par sa politique économique toutes les possibilités. Mais aujourd'hui, il y a un problème, nous sommes dans l'attente de la nouvelle grande découverte de physique qui ouvrira de nouveaux champs d'investigations des innovations. On a constaté qu'à chaque découverte en recherche fondamentale s'en est suivie une cascade d'innovations, dans le sens produit commercialisable. Ainsi, des découvertes de Newton s'en est suivie le développement de l'industrie charbonnière, pétrolière, donc les trains, la sidérurgie, l'architecture calculée, l'automobile, l'avion, etc... des découvertes de Faraday ont permis d'inventer les réseaux électriques. Les découvertes d'Einstein ont permis les innovations téléphonie mobile, GPS, ordinateur etc... Aujourd'hui, nous espérons que la confirmation du boson de Higgs et la forme d'impasse scientifique dans laquelle sont les chercheurs sont synonymes de l'aube d'une prochaine découverte. A la base de toutes innovations se trouve ce premier élément : une découverte en recherche fondamentale. Mais en attendant cette nouvelle découverte, les ingénieurs doivent imaginer des produits innovants sur la base de ce que l'on connait de la matière et de l'énergie.

Une autre constante relative aux succès des innovations concerne la volonté politique ou industrielle pour soutenir leur développement. Ainsi, De Gaulle avait pour objectif de rendre à la France sa place dans le monde. Giscard a eu pour objectif de moderniser la France. Les politiques qui ont été mises en œuvre s'appuyaient sur de projets d'importance : Le Concorde, le France, la bombe atomique, les centrales nucléaires, le téléphone dans tous les foyers, les autoroutes permettant le développement de l'industrie automobile, l'aéronautique, etc... Depuis, pas grand-chose si ce n'est la création des pôles de compétitivité qui ne sont que des éléments d'infrastructures et non des axes de développement de certaines innovations. D'où l'apparent manque d'innovations françaises. Quoique selon les études, nous pouvons nous retrouver placer dans le trio de tête (top 100 Global innovations).

Anne Lauvergeon, dans le cadre de son étude, nous propose des ambitions qui sont les axes de développement des innovations. 7 exactement :

  • Le stockage de l'énergie
  • Le recyclage des matières : métaux rares
  • La valorisation des richesses marines : métaux et dessalement de la mer
  • Les protéines végétales et la chimie du végétal
  • La médecine individualisée
  • La Silver économie, l'innovation au service de la longévité
  • La valorisation des données massives (Big Data)

Ces sept éléments sont fondamentaux et sont constitutifs d'un vrai développement à venir. Pourtant, le nombre de pistes à explorer aurait pu être élargi à d'autres ambitions. Les arbitrages entre ces différentes possibilités seront également dictés par l'évolution du marché mondial :

  • Exploiter des sources d'énergie localisées sur un territoire (solaire, hydrolien, éolien, exploitation de gaz de schiste, hydro thermique, gestion de la décomposition des végétaux,...) et assurer son transport.
  • Développement des habitats à énergie positive tout en repensant les villes, par exemple l'idée de créer une Mégapole sur l'axe Paris- le Havre
  • Favoriser le développement de technique de fabrication iso qualité mais moins disant en terme de quantité de matériaux utilisés (par exemple : comment former un châssis de véhicule en acier reprenant la structure des os), ou bien fabrication de nouveaux matériaux à l'échelle industrielle (par exemple les nano tubes de carbone).
  • Le développement de nouveaux produits ou concepts de communication et de dispense du savoir, ...

Bref, La France a réellement des atouts considérables à mettre en œuvre, sa géographie, ses ingénieurs, ses enseignants, sa main d'œuvre hautement qualifiée, sa démographie et bien sur son terrible esprit frondeur qui associés donnent des résultats détonants.

Déjà, du fait de ces atouts, nous pourrions être au cœur de la prochaine grande découverte de physique qui permettra aux jeunes générations de développer de nouvelles innovations et donc une nouvelle ère de croissance. Cela s'appuie d'abord sur la remise à plat des ambitions à explorer et des moyens de les mettre en œuvre. Ce que fait le rapport d'Anne Lauvergeon.

Maintenant la balle est dans le camp des gouvernants pour permettre l'épanouissement de toutes ces ambitions et de toutes les innovations... Et ça, c'est aujourd'hui le cœur du problème, car certains dirigeants semblent réellement hésiter entre différentes options. Le capitaine du bateau doit choisir la voie et savoir l'imposer, comme certains prédécesseurs ont su le faire.

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Jean-Paul Gomez est économiste. Il est également auteur de nombreux articles parus dans la presse.

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