La filière vitivinicole sacrifiée au nom de la santé publique ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 26 septembre 2013 à 12h53

Le gouvernement envisage une nouvelle série de mesures pour prévenir les effets du vin sur la santé. Mais au lieu de lutter contre les excès, le gouvernement risque de stigmatiser le vin et de mettre en péril une filière clé de l'économie française en lui faisant une mauvaise publicité et en lui empêchant d'utiliser les moyens publicitaires pour augmenter le chiffre d'affaires.

Des mesures qui s'attaquent à l'image du vin

Si le problème de l'alcool est un problème de santé publique non négligeable contre lequel le gouvernement se doit de lutter, il est difficile de penser que le vin soit mauvais dès le premier verre. Plusieurs études démontrent même que le vin, consommé avec modération, a des effets bénéfiques sur le cœur. Un détail que le gouvernement français semble avoir oublié.

En 2014, diverses réformes vont s'attaquer à la filière du vin, notamment au niveau de l'image que l'on donne d'elle et qu'elle pourra donner d'elle-même. Le risque qui est dénoncé par les spécialistes et les associations du secteur est de voir cette filière souffrir grandement de ces réformes qui touchent l'image même du vin français.

Les mesures prévues par le gouvernement

Le gouvernement a en prévision 5 nouvelles normes pour le secteur vitivinicole. Deux d'entre elles, déjà annoncées, vont changer la possibilité de parler du vin dans les médias. En 2014, les médias ne pourront plus parler positivement du vin car ce type de message est associé à de l'incitation à la consommation. Pour ce qui concerne Internet, il sera désormais interdit de parler de vin sur Internet, ce qui retire aux viticultures une visibilité sur les réseaux sociaux et sur Internet en général (via leur site web par exemple).

Le message concernant la nocivité de l'alcool sera radicalisé en 2014 avec la suppression de la mention « abus » dans le message « L'abus d'alcool est dangereux pour la santé ». Il deviendra « l'alcool est dangereux pour la santé ». Le vin est donc montré comme une boisson dangereuse quelle que soit la quantité qui en est bue. De la même manière, les mentions sanitaires sur les étiquettes devront mentionner les unités d'alcool, une notion qui reste floue pour le consommateur.

De la même manière, et dans la lignée de cette réforme, le gouvernement veut taxer le vin pour des raisons de santé publique. Le prix du vin français augmentera donc ce qui entraînera une baisse de la consommation en France mais aussi une baisse des exportations au profit des autres pays producteurs.

Le poids de la filière vitivinicole dans l'économie française

S'attaquer à la filière du vin c'est s'attaquer à un patrimoine culturel et économique que le monde entier envie à la France. Et le secteur du vin pèse lourd sur l'économie du pays : il est le deuxième exportateur de la balance commerciale du pays avec 7,8 milliards d'euros d'exportations en 2012.

Le secteur vitivinicole est aussi pourvoyeur d'emplois, au nombre de 500 000, qui ne sont pas délocalisables tandis qu'il rapporte à l'état 1 milliard d'euros de recettes fiscales. Il apporte aussi du tourisme puisque chaque année 12 millions d'oenotouristes visitent la France pour son patrimoine vinicole.

Le risque d'une crise du secteur à la suite de l'adoption et la mise en application de ces mesures n'aura donc pas seulement un impact local et limité mais pourrait bien avoir des répercussions plus importantes que prévu.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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