Cela vire à l'obsession : les parents de familles nombreuses n'ont qu'à bien se tenir. Un rapport préconise de tailler dans les "avantages" qui sont accordés aux retraités ayant élevé plus de trois enfants. Oubliant que ces mêmes retraités ont apporté à la Nation des cotisants dont elle a cruellement besoin, et que le solde cotisant / cotisations est largement supérieur aux petites compensations accordées sur leurs retraites...
C'est sûr que si l'on regarde combien coûtent la majoration de retraite de 10 % accordée aux parents de plus de trois enfants, (3,75 milliards par an pour le seul régime général), il est tentant de vouloir tailler dedans. La majoration des retraites complémentaires coûte également 1,6 milliard à l'Agirc Arrco, et 1,8 milliard au régime de retraite de la fonction publique. Mais c'est oublier que ces mesures, dont certaines existent depuis quarante ans, visent à compenser partiellement l'abaissement du niveau de vie des parents de familles nombreuses ! Il est évalué à 10 % par enfant, selon l'INSEE. Et les statistiques toujours sont formelles : les familles nombreuses sont moins propriétaires de leur logement ou de biens immobiliers que la moyenne nationale, et quand elles le sont, elles possédent des biens de moindre valeur, moins bien placés, leur pouvoir d'achat et d'investissement étant par la force inférieur à la moyenne.
Familles nombreuses : Une minorité silencieuse
Les familles nombreuses sont en effet une minorité silencieuse : Les familles de quatre enfants et plus représentent moins de 2 % des foyers. Tailler dans leurs avantages, sans se préoccuper de savoir s'ils sont fondés ou non, est extrément tentant. Le rapport remis au gouvernement recommande de réduire la prime de 10 % accordée aux parents ayant élevés 3 enfants ou plus, par le régime général, peut-être en alignant le système sur celui de la fonction publique, qui n'accorde que 5 % par enfant, à partir du 4e enfant. Moins de bénéficiaires, mais plus généreux avec ceux qui ont élevé une grande famille.
Autre mesure envisagée : réduire le "cadeau" fait aux mères, à savoir les deux années de cotisation retraite validées par naissance. Une femme ayant eu cinq enfants dans sa vie dispose ainsi d'un crédit de dix ans de retraite, qui ne lui sert en fait à rien si elle ne travaille pas un minimum après... il faut en effet avoir cotisé pour toucher une retraite, sinon, l'on se retrouve au minimum vieillesse !
Des mesures appliquées progressivement dans le temps
Les mesures envisagées ne tomberont cependant pas brutalement sur la tête des retraités ou futurs retraités ayant élevé plus de trois enfants. Il est fort probable qu'elles seront distillées sournoisement dans les prochaines lois de finances, pour produire des effets à long terme. Ainsi, depuis le 1er janvier 2014, le complément de retraite de 10 % est-il soumis à l'impôt sur le revenu, alors qu'il en était exonéré jusqu'ici.