On se tire une nouvelle balle dans le pied… ou bien ?

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Par Philippe Bapt Publié le 11 janvier 2019 à 6h17
Argent
2 MILLIARDS €Gilets jaunes : pertes de plus de 2 milliards pour le pays, soit -0,1% du PIB au quatrième trimestre 2018... et pour 2019 ?

Alors que le grand débat national devrait démarrer, les gilets jaunes et le cortège de violences a repris en France alimentant sentiment anxiogène et coûts à court moyen et long termes.

Au lendemain du foie gras, au moment de la dégustation à rallonge de la galette, la contestation dans la rue dite des gilets jaunes a bel et bien repris. 50 000 ou 100 000, on est tout de même loin des chiffres de la mi-novembre. Par contre en terme de dégradations de biens publics, proportionnellement, le compte y est... trop !

Qui va payer ces innombrables casses organisées chaque week-end par ou en périphérie des rassemblements ? Nous tous !

Evidemment, les revendications portées initialement par ce mouvement protéiforme rassemblent toujours une majorité de Français. J’en suis ! Et oui : aussi sûr que « l’eau ça mouille et le feu ça brûle » qui peut être sincèrement contre les baisses ou stagnations des salaires et pour la hausse des taxes diverses et variées ?

Economie mon (dés)amour

Le problème est cependant l'incidence à court et moyen termes, non pas des manifestations du samedi, mais des exactions commises, des images proposées, des tentatives plus ou moins assumées de sédition organisées chaque semaine. Car cette contestation populaire porte en son sein son propre cancer : des extrêmes populistes à la parole trop libérée, que de situations médiatiques aux relents nauséabonds constatés chaque semaine !!!

Quid des artisans qui se battent pour travailler ? Quid des commerces qui sont soumis à ce diktat de fermeture pour prévenir tout débordement ? Quid de l’extrême fatigue des forces de police à qui on demande d’être présentes en nombre, en horaires à rallonges et toujours zen ?

Certains économistes estiment que le recul du PIB ne sera que de -0,1%, au lieu de la catastrophe annoncée... Oui mais qui profite à plein de ces turbulences économiques ? Principalement le e-commerce et ses market-place qui proposent des prix canons, certes, mais qui ne favorisent ni l’emploi local, ni la solidarité nationale puisque s’absolvent de quasiment toute forme d’impôt !

Et parlons enfin de l’image dégradée de notre pays. Le tourisme draine en France plus de 82,6 millions d’arrivées de touristes internationaux, pour un poids financier d’environ 50 milliards d'euros. Cela représente un peu moins de 8% de la production de richesses totales du pays.

A l’heure où est fêté le triste quatrième anniversaire des attentats de « Charlie Hebdo » et de l’ « Hyper Casher », alors que ce pan de l’économie se relève peu à peu, il est fort à parier que le renouveau de l’engouement pour notre pays marquera le pas cette année 2019.

Saborder l’économie pour agir sur la politique du pays, est-ce vraiment le credo des vrais « gilets jaunes » ? Sans pour autant tenir compte des indicateurs courants de la politique économique qui constituent le «carré magique» : 4 indicateurs que sont le taux de croissance du PIB, le solde de la balance des paiements, le taux d’inflation et le taux de chômage, les citoyens qui revendiquent plus d’équité aussi basée sur un pays en forme économiquement avec un taux de croissance correct.

La dernière trouvaille en termes de torpillage économique provient de Maxime Nicolle, aka « Fly rider ». Il incite à retirer aux distributeurs de billets simultanément, pour faire plier le gouvernement. D’une part il prévient que : « beaucoup de gens vont retirer leur argent des banques. Beaucoup, beaucoup, beaucoup », alors il faudrait savoir : soit les gilets jaunes sont des pauvres, soit ce sont des riches, mais ce n’est à plus rien saisir. D’autre part, jouer contre l’économie de son pays, c’est contre-productif et devrait être répréhensible.

Quand les « sapiens » s'emmêlent

Alors qui a intérêt à saper le moral de nous tous ? Rendre craintif et rétif à la consommation dans les rues de nos villes ? Qui ?

Alors, de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont Aignan, de Vincent Cespedes à Michel Onfray ou Emmanuel Todd, tout n’est faute que du seul président de la République. Même l’ancien ministre Luc Ferry, dont le passage rue de Grenelle n’aura pas endigué la chute du pays au classement PISA, se met à commenter la capacité du président de la République. Le seul prisme qui leur importe à tous : l’incapacité potentielle d’Emmanuel Macron à gouverner le pays. Zéro autocritique sur le passé ; tout serait né en novembre 2018 ! Ils vilipendent tous la Vème République et l’image de l’homme providentiel du président en place….sauf lorsqu’il s’agit de le charger de tous les maux !

Oui, cette révolte est nécessaire ! Oui à plus de justice fiscale. Mais non à de basses critiques qui ne servent que fielleuse jalousie et opportunisme de circonstance ! « La critique souvent n'est pas une science ; c'est un métier, où il faut plus de santé que d'esprit, plus de travail que de capacité, plus d'habitude que de génie » écrivait Jean de La Bruyère.

Le Dettingergate !

Quand je pense combien on a adoré à raison les forces républicaines de police voilà quatre ans, on ne peut que déplorer le scandale que représente le lancement d’une cagnotte en ligne pour... défendre cet homme, Christophe Dettinger, coupable, image à l’appui d’attaque poings et pieds sur deux policiers !!! Le second scandale est le montant : déjà 110 000 euros !!! Heureusement la plateforme leetchi.com a gelé cette tirelire virtuelle !!!

Pour trop de citoyens, les policiers ne seraient que les acteurs de la « répression policière », quand on n’entend pas parler de la « faute des policiers qui auraient dû stopper le fenwick qui a défoncé une porte de ministère », « le policier à Toulon est fautif » ( même si depuis on a une vidéo qui le montrerait lynché 2 heures plus tôt)…Du coup, le « pétage de plomb de l’ancien champion de France de boxe qui s’en est pris à des policiers » serait presque « normal »…. Combien de temps encore avant que la vie républicaine ne reprenne ? Si certain(e)s politicien(ne)s n’attendent qu’un mort, on ne peut que regretter cette certaine basse vue et désolant court-termisme !

Et combien dans une cagnotte pour les artisans, commerçants victimes de violences ou de vols lors des sept premiers actes ? Rien, zéro !!!

Combien pour les deux cagnottes enfin lancées pour venir au secours des forces de l’ordre ? Enfin la cagnotte monte et atteint un montant équivalent à celui atteint pour le citoyen gladiateur... pour le moment.

Elever très haut le débat est une façon élégante de le perdre de vue

Et pour finir à J-6 du début du grand débat national, tout déballage paraît bon pour torpiller ce qui devrait être un moment particulier d’échanges.

Acte1 : la Manif pour tous hacke la consultation en ligne proposée par le Conseil économique social et environnemental en portant en tête des supposés sujets importants…le mariage homosexuel !

Acte 2 : la polémique naît du salaire perçu et su depuis longtemps par la présidente de la Commission nationale du débat public, Chantal Jouanno. Résultat à J-7 elle se retire du pilotage du grand débat national.

Acte 3 : on ne peut qu’attendre le nouvel accroc qui viendra encore plus étouffer l’essence même de cet échange national...

Des vœux pour 2019

Alors les vœux sincères que l’on peut exprimer pour 2019 est que cette année soit celle de l’espoir. Après tout on ne croit plus au Père Noël, on ne croit plus à la politique, à la justice, à grand-chose, Celui de bienveillance a été vite balayé. Celui de l’amour a vécu alors pourquoi éliminer l’espoir ? Reste l’espoir en l’humain ! Mon principal vœu pour 2019 est donc que l’humain reprenne sa place au sein de sa société.

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets. Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines. Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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