Quand un simple œil rouge révèle une infection sexuellement transmissible : les IST aussi se voient… dans les yeux.

Tout a commencé par ce qui semblait être une consultation banale. Un jeune patient pousse la porte de mon cabinet, convaincu de souffrir d’une conjonctivite virale classique. L’œil rouge, larmoyant, légèrement douloureux : des symptômes familiers pour tout ophtalmologue. Sauf que cette fois, derrière ce “pink eye” apparemment anodin, se cachait… une infection sexuellement transmissible.

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By Romain Nicolau Published on 28 décembre 2025 9h30
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Quand un simple œil rouge révèle une infection sexuellement transmissible : les IST aussi se voient… dans les yeux. - © Economie Matin
10%D'après Santé publique France, le nombre de personnes positives à la chlamydia a augmenté de 10% en deux an
Ce cas n’est pas une exception isolée. Il illustre une réalité encore largement méconnue du public : certaines IST peuvent se manifester directement dans les yeux, parfois avant même d’apparaître ailleurs dans l’organisme. Chlamydia, gonocoque, syphilis, herpès : autant d’infections qui peuvent trouver une porte d’entrée oculaire et évoluer rapidement vers des complications sévères si elles ne sont pas diagnostiquées à temps.

Quand l’œil est un révélateur silencieux

On oublie souvent que l’œil est une muqueuse. Une muqueuse, donc une zone d’exposition, tout comme les organes génitaux ou la gorge. Certaines pratiques, l’autocontamination par les mains ou encore les partenaires asymptomatiques suffisent à transmettre une infection. Résultat : des conjonctivites atypiques, des ulcères cornéens, des inflammations sévères qui n’ont rien à voir avec les simples infections virales saisonnières.
Dans le cas de mon patient, c’est une conjonctivite sévère et persistante, accompagnée d’un écoulement inhabituel, qui m’a mis la puce à l’oreille. Les examens l’ont confirmé : il s’agissait d’une conjonctivite à chlamydia, une infection fréquente mais largement sous-diagnostiquée, souvent confondue avec une conjonctivite classique. Sans prise en charge adaptée, elle peut entraîner une atteinte chronique et laisser des séquelles.

Pourquoi c’est important ?

Parce que l’œil ne ment jamais. Il peut être le premier signe visible d’une infection grave, parfois la seule alerte avant que le reste du corps ne manifeste quoi que ce soit. Or, par méconnaissance ou par banalisation, beaucoup de patients tardent à consulter, tentent l’automédication, ou arrivent trop tard.
Dans un contexte où les IST sont en forte recrudescence en France, notamment chez les moins de 30 ans, il est essentiel de rappeler que :
  • Un œil rouge n’est jamais à prendre à la légère,
  • Toutes les conjonctivites ne se ressemblent pas,
  • Et certaines nécessitent une prise en charge médicale urgente.

L’urgence : sensibiliser et déstigmatiser

Parler d’IST reste souvent tabou. Et pourtant, un diagnostic précoce protège non seulement la vision, mais aussi la santé générale et celle des partenaires. Il est temps d’intégrer l’ophtalmologie dans le champ de la prévention des IST. Cela passe par une meilleure information du public, mais aussi par une vigilance accrue des professionnels de santé.
Un œil rouge peut être le signe d’une infection sexuellement transmissible. Mieux vaut l’examiner que l’ignorer.

Ouvrir l’œil, au sens propre comme au figuré

Cette histoire n’a pas vocation à inquiéter, mais à alerter. Les IST ne se résument pas à des symptômes génitaux : elles peuvent toucher l’œil, parfois violemment. La meilleure protection reste le dépistage, la prévention… et une consultation rapide en cas de symptômes inhabituels.
Quand il s’agit d’infections sexuellement transmissibles, l’œil peut être le premier témoin. Écoutons-le.
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 chirurgien ophtalmologue spécialisé dans la chirurgie au laser.

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