La transition énergétique se finance en Green bond

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Par Hector Trudel Modifié le 29 novembre 2022 à 10h10

Le 12 mai, GDF Suez a émis une obligation « verte » de 2,5 milliards d'euros, la plus grosse opération du genre. Si l'opinion publique n'est pas encore très familière avec cette économie responsable, les entreprises, collectivités territoriales ou organisations internationales sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers ces nouvelles sources de capitaux destinés à financer des projets à portée écologique. Alors que la loi sur la transition énergétique doit être présentée avant l'été, de nombreux investissements vont être nécessaires pour soutenir ce changement et rendre cette transition possible. L'ère du Green bond, ou obligation verte, arrive à point nommé et fait figure de solution de financement alternative au crédit bancaire en crise.

Green bond, l'investissement responsable

Pour ceux qui ignorent encore ce qui se cache derrière les mots green bond, le moment est venu de se mettre à jour. Un green bond est une obligation dite « verte » émise sous forme de dette sur le marché et dont le but est le financement de projets aux retombées environnementales. En 2013, EDF fut la première grande entreprise à lancer une émission obligataire de ce type, de l'ordre d'1,4 milliard d'euros. Cette levée de fonds a été réalisée afin de soutenir financièrement les projets d'énergies renouvelables conduits par EDF Energies Nouvelles, filiale du Groupe EDF. Le montant de cette opération était encore un record jusqu'à ce que GDF Suez entre dans l'arène de la finance écologique avec un green bond supérieure d'un milliard d'euros à celle d'EDF.

Face à un système bancaire fantôme refroidi par la crise et de moins en moins enclin à accorder de crédits de trésorerie, les géants de l'énergie ont compris qu'il était primordial de pallier cette absence d'argent par le recours aux marchés financiers. Ils ne sont pas les seuls, les collectivités territoriales ont également franchi le pas. En avril 2014, la région Ile-de-France a émis 600 millions d'euros via des obligations vertes quand en 2012 elle levait déjà 350 millions d'euros de cette même façon. Grâce à ces ouvertures de capital, la région a pu mettre sur pied des projets énergétiques, bâtir des logements sociaux peu énergivores et mener des actions servant la biodiversité et l'économie sociale et solidaire.

Une transition énergétique coûte que coûte

L'AIE (Agence internationale de l'énergie) a récemment estimé à 32 000 milliards d'euros le montant des investissements à effectuer d'ici 2050 pour établir une transition énergétique qui remplirait ses objectifs de développement des énergies propres et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour Maria van der Hoeven, la directrice de l'AIE, plus on attend sans agir et plus ce montant ne cesse d'augmenter avec les années. Une facture très importante donc qu'il faut pouvoir supporter. Rien qu'en France, ERDF prévoit que l'installation de ses compteurs intelligents Linky, véritable symbole de la transition énergétique française, coûtera 4,3 milliards d'euros. 35 millions de boitiers Linky vont être installés dans les foyers français d'ici 2020. ERDF compte financer cette opération par les économies réalisées par ces fameux compteurs intelligents. L'autonomie améliorée de ces smart-meters devrait en effet permettre de limiter les déplacements des agents chez les utilisateurs et ERDF d'alléger ce poste de dépenses de manière conséquente.

Si au final ERDF a trouvé comment éviter au consommateur de régler la note Linky, le financement de la transition énergétique dans son ensemble inquiète. D'importants travaux sont attendus, la ministre de l'Ecologie annonce une politique ambitieuse mais qui va payer ? Les moyens publics ne peuvent assumer seuls de tels investissements et doivent inévitablement servir d'impulsion pour que le système bancaire suive et mette la main à la poche. Or, pour le moment ce dernier ne répond pas de manière volontaire et ne montre grand intérêt dans cette révolution énergétique annoncée. Au mois de juin, une conférence bancaire et financière consacrée à l'économie circulaire sera d'ailleurs prévue et il s'agira pour Ségolène Royal et les banques de trouver des solutions quant à leur degré d'intervention dans les projets à venir.

La transition énergétique est souvent associée au mot économie grâce notamment au compteur Linky. Economie d'énergie, économie d'argent, rendues possibles par la consommation d'électricité contrôlée que ce compteur nouvelle génération propose. Cependant pour soutenir l'ensemble des investissements que requiert l'essor des énergies renouvelables et la lutte contre les effets néfastes des gaz à effet de serre, le green bond fait office d'arme de financement massif avec un marché qui devrait atteindre les 35 milliards de dollars en 2014, marché multiplié par deux en un an. Les investisseurs sont particulièrement séduits par le caractère responsable et transparent inhérent à ces obligations, les émetteurs devant justifier des projets financés par la transaction. De plus, les entreprises ou collectivités qui émettent ce genre d'obligations présentent souvent des profils de risque attractifs car sujets à des recettes constantes. De quoi rassurer les plus hésitants et les inciter à prendre part à la transition énergétique.

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Consultant en immobilier d'entreprise axé développement durable, Hector Trudel réalise des veilles réglementaires et technologiques afin d'optimiser ses conseils en stratégie environnementale et optimisation immobilière auprès de grands groupes internationaux.

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