Entreprise : une autre relation au travail

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Par Jacques Martineau Publié le 20 juin 2015 à 5h00
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80 %80 % des contrats proposés aujourd'hui sont précaires et de courte durée.

La relation au travail a toujours évolué régulièrement. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de surprise. La mutation de cette relation est en train de s’accélérer. Si cela est d’abord lié aux progrès scientifiques et technologiques, la relation au (et dans le) travail doit aussi s’adapter pour absorber les conséquences de la crise et la progression de la mondialisation.

Nombreux sont les salariés en quête d’un emploi stable et qui ont du mal à comprendre et à accepter ces changements. Beaucoup d’entre eux sont encore inquiets. Perturbés par un environnement instable, ils sont demandeurs de prérequis pour assurer leur avenir.

Entreprises et salariés : des attentes de natures différentes

Dans le contexte économique actuel, entreprises et salariés ont à nouveau besoin de retrouver un équilibre pour développer une autre relation au travail. Les prérequis nécessaires se traduisent sous forme d’attentes de deux natures différentes. Les unes sont directement liées aux besoins personnels et à l’environnement proche, les autres concernent l’entreprise et le milieu du travail. La forte inquiétude sur l’emploi les amène à relativiser leurs problèmes et à les hiérarchiser. Leur regard sur l’emploi, le travail et les loisirs s’en trouve modifié. Il faut profiter de cette remise en cause personnelle pour remobiliser les salariés dans ce contexte d’excellence et d’évolution que nécessitent les nouvelles variables externes liées à la compétitivité.

Leur vision sera alors beaucoup plus globale et s’exprimera souvent en termes d’activité et d’occupation, en relation directe avec la raison d’être. Dans la mesure où leurs besoins fondamentaux d’existence seront satisfaits en cas de coup dur, leur projection sur l’avenir sera dans les faits moins pessimiste qu’il n’y paraît. Ils pourront s’accommoder d’un mélange d’emploi salarié à temps partiel, complété par d’autres activités partiellement rémunérées.??

Préserver l’emploi demeure évidemment au centre des préoccupations des salariés.

Une forte majorité de salariés considère que la plupart des entreprises ne font pas tout ce qui est en leur pouvoir pour aller dans le sens de préserver voire de développer l’emploi. Ils sont près des deux tiers à penser qu’elles abusent encore de plus en plus des licenciements préventifs. N’oublions pas qu’aujourd’hui, en cas de recherche d’emplois, plus de 80% des contrats proposés aujourd’hui sont toujours précaires et de courte durée.

C’est dans l’entreprise que se trouvent les solutions

La plupart des salariés est persuadée que les solutions viables sont à trouver d’abord dans l’entreprise. Sans écarter la participation des syndicats, des initiatives ponctuelles et ciblées du gouvernement, ils comptent plus sur eux-mêmes et sur leurs dirigeants pour les élaborer ensemble. Ceci ne les empêche pas de reprocher à ces derniers un manque de dialogue et de réflexion.

Confier du travail à quelqu’un, le charger d’une mission, lui déléguer une responsabilité, n’est pas une mince affaire. L’art de mobiliser ne consiste pas à distribuer des rôles et à se contenter d’attendre le résultat. Pour que la tâche soit motivante, pleine et entière, elle doit représenter un véritable défi dans les limites des capacités potentielles de l’individu. Son action doit être aussi considérée par lui et reconnue par ses pairs et collègues comme importante, utile et respectable. Soutenu dans sa mission, l’individu doit se sentir fier de ce qu’il entreprend. C’est à partir de cette attitude qu’il prendra conscience de la notion d’excellence.

Toutes nos entreprises, surtout les petites et moyennes, ont besoin de vrais dirigeants responsables, qui devront en permanence être en mesure de réagir avec talent pour convaincre et mobiliser à tout moment leur personnel. La considération, le respect et l’estime sont des valeurs auxquelles il faudra attacher une importance primordiale pour réduire le frein au changement permanent.

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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