Unilever, un nouveau plan en ligne avec les attentes des marchés

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Par Michel Delapierre Modifié le 7 septembre 2023 à 16h10
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Après plusieurs semaines de réflexions et d’incertitudes sur les marchés, les plans d’Unilever ont enfin pris forme début avril. Faisant suite au rejet de l’OPA de Kraft Heinz fin février, le géant anglo-néerlandais des produits de grande consommation a annoncé en début de mois les résultats de sa revue stratégique.

Revue stratégique correspondant aux attentes du marché

Le groupe va donc lancer un plan de rachat d’actions à hauteur de 5 milliards d’euros, associé à  une hausse du dividende de 12% et un plan de réduction de coûts de 6 milliards d’euros. Cette annonce était anticipée par les marchés mais se révèle plus dynamique que prévu.

Le groupe a également annoncé une réorganisation de son pôle alimentation en regroupant au sein d’une même division ses glaces et ses thés avec les autres produits alimentaires, moutardes, mayonnaises, soupes. Il vise ainsi une marge opérationnelle de 20% d’ici 2020 contre un peu plus de 16% aujourd’hui.

Unilever va aussi se séparer de sa division margarine et en espère entre 6 et 7 milliards d’euros de valorisation. Cette décision, qui était à l’étude depuis de nombreux mois, est enfin concrétisée et satisfera ainsi les actionnaires qui critiquaient le faible taux de croissance de cette division.

Enfin, le PDG Paul Polman a annoncé une modification de sa structure de cotation qui était jusqu’ici bicéphale puisque le groupe était à la fois côté à Londres et Rotterdam.

A court terme, Unilever ne devrait plus être coté que sur une place, il n’y aurait plus qu’un siège social et un conseil d’administration. D’un point de vue pratique, cela facilitera les opérations d’acquisitions ou de ventes d’actifs. Mais ce changement devrait également donner lieu à d’intenses tractations entre Londres et Rotterdam pour garder le siège du groupe. Au delà des symboles politiques que ce choix induit, les enjeux se situeront principalement sur des questions de fiscalité et de protection contre les OPA.

Ces annonces peuvent-elles offrir de nouvelles opportunités de croissance ?

Somme toute, ces annonces sont relativement conformes à ce qu’attendaient les marchés et les principaux analystes suivants la valeur.

A la suite de l’offre de Kraft Heinz, il était crucial pour Unilever de récompenser la fidélité de ses actionnaires et de satisfaire leurs attentes en termes de dividendes. La réponse est également très classique puisque le groupe réputé jusqu’alors pour sa stratégie financière de long-terme, adopte finalement des mesures habituelles de réductions de coûts et d’augmentation des dividendes proches de ce que l’américain Kraft Heinz, connu pour ses pratiques financières agressives, aurait pu envisager.

Si ces mesures correspondent donc aux attentes des marchés, changent-elles pour autant la donne sur le potentiel de croissance d’Unilever. Sur ce point, les analystes restent dubitatifs. Que peut-on en conclure ?

Tout d’abord, Unilever, en augmentant son niveau de dette via son plan de rachat d’actions et en renforçant son plan de réduction de coûts, n’est plus réellement opéable sur le court terme. D’autre part, avec la vente de sa division margarine et la simplification de sa structure de cotation, l’entreprise se positionne clairement pour un projet d’acquisition d’envergure.

Si pour l’instant, la seule annonce dans ce domaine concerne le rachat d’un spécialiste new yorkais de la mayonnaise et du ketchup bio, Sir Kensington’s, pour un montant avoisinant les 150 millions d’euros, il y a fort à parier que les ambitions d’Unilever ne s’arrêteront pas là. Ce deal, en préparation depuis le mois de novembre, confirme juste la volonté du groupe de se positionner sur des produits premium, à l’opposé de la culture de Kraft. Mais le pôle alimentation d’Unilever est de moins en moins rentable et le marché reste en attente d’une opération plus importante qui dessinerait le nouveau visage du groupe pour les années à venir. L’alimentaire disparaitra-t-il d’Unilever in fine ? L’entreprise deviendra-t-elle un pure-player des cosmétiques et des produits d’entretiens comme l’anticipent certains analystes ? Tout est ouvert et les spéculations vont bon train.

Les marchés semblent désormais disposés à laisser au PDG Paul Polman le temps nécessaire pour générer de la valeur. Si le cours de l’action poursuit sa progression vers les 50 euros, la pression qui pesait sur ses épaules retombera naturellement.

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