Être VTC 35 heures par semaine ne permet pas de vivre

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 24 janvier 2017 à 8h52
Uber Chauffeurs Greve Treve 1
cc/pixabay - © Economie Matin
7,10 EUROSUn VTC qui travaille 60 heures par semaine a un salaire horaire de 7,10 euros.

Les plateformes de VTC feraient-elles miroiter des revenus largement supérieurs à la réalité ? Il y a des chances. Uber a même dû payer 20 millions d’euros d’amende aux Etats-Unis pour avoir menti sur le revenu de ses chauffeurs dans des annonces pour des emplois. Les premières conclusions du médiateur chargé par le gouvernement pour trouver une solution au conflit opposant les plateformes VTC et leurs chauffeurs, publiées 24 janvier 2017, semblent confirmer cette thèse.

Tu veux gagner ta vie en tant que VTC : travaille 60 heures par mois

Les VTC l’ont toujours clamé et depuis qu’Uber a unilatéralement changé ses conditions ils le clament toujours plus : être VTC ne permet pas de gagner des sommes faramineuses. Jacques Rapoport, médiateur dans ce conflit d’un nouveau genre en France, estime qu’ils ont tout simplement raison.

Selon lui, c’est simple : lorsqu’un chauffeur VTC travaille 40 heures par semaine, soit 5 heures de plus qu’un salarié en France, son revenu net est inférieur, au SMIC. Le SMIC est de 1 139,81 euros par mois alors que, selon Jacques Rapoport, un chauffeur VTC qui travaille 40 heures par mois a un revenu compris entre 0 et 1 100 euros.

Pour avoir un salaire confortable, sans que celui-ci soit gigantesque, il faut qu’un chauffeur travaille 60 heures par semaine, soit presque deux fois plus que le temps de travail hebdomadaire légal en France. Il réussira alors à toucher, en moyenne, 1 700 euros par mois… soit un salaire horaire de 7,10 euros (sur la base de 240 heures travaillées par mois, soit 4 fois 60 heures).

Pourquoi les VTC gagnent peu ? À cause des charges

Selon le rapporteur Jacques Rapoport, ce qui cause ce salaire très bas ce sont les charges que doivent payer les indépendants puisque les chauffeurs VTC ne sont pas des salariés des plateformes (c’est d’ailleurs tout là le conflit).

Pour un chiffre d’affaires mensuel moyen compris, selon le rapporteur, entre 4 100 et 4 600 euros par mois (pour 60 heures de travail hebdomadaires), les chauffeurs doivent payer les charges, l’entretien du véhicule ou encore le RSI (qui coûte, à lui seul, 30 % du chiffre d’affaires).

Une fois toutes les charges déduites, « le solde disponible pour le chauffeur s’établit entre 800 et 1 800 euros par mois » sans congés ni protection personnelle.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio