ONU : un groupe d’experts pour encadrer l’IA

En créant un groupe scientifique international indépendant sur l’intelligence artificielle, l’ONU franchit une étape décisive dans la gouvernance mondiale. Cette instance inédite, conçue sur le modèle du GIEC, doit analyser les promesses et les risques de l’IA afin d’éclairer les futures décisions politiques.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 27 août 2025 6h57
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ONU : un groupe d’experts pour encadrer l’IA - © Economie Matin
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Le 26 août 2025, l’ONU a officialisé la création d’un Groupe scientifique international indépendant sur l’intelligence artificielle. Cette décision, validée par l’Assemblée générale à New York, marque un tournant pour la gouvernance internationale. L’objectif est de fournir aux États et aux institutions des rapports fondés sur des données probantes, capables de guider les politiques face aux bouleversements liés à l’IA.

Un groupe d’experts pour anticiper les effets de l’IA

Ce nouveau groupe d’experts sera composé de 40 membres choisis sur appel à candidatures lancé par le secrétaire général António Guterres. Leur mandat, fixé à trois ans, prévoit une participation à titre individuel, garantissant l’indépendance scientifique des travaux. Selon Arab News, les membres devront représenter diverses disciplines : sciences dures, droit, éthique, économie et sciences sociales.

Le mandat du groupe repose sur la publication annuelle d’un rapport de synthèse. Celui-ci doit rassembler et analyser les études existantes sur les promesses et les risques de l’IA, en mettant en avant les impacts déjà mesurables et ceux encore en devenir. Comme l’a souligné le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric, « en fournissant des évaluations scientifiques rigoureuses et indépendantes, (le groupe) aidera la communauté internationale à anticiper les défis émergents et à prendre des décisions informées sur comment régir cette technologie transformatrice ».

L’ONU installe un Dialogue mondial sur la gouvernance de l’IA

Parallèlement à la création du groupe, l’Assemblée générale a approuvé un Dialogue mondial sur la gouvernance de l’IA. Cette plateforme doit permettre à l’ensemble des États et aux parties prenantes internationales d’échanger sur les règles et les normes à mettre en place. La première session est programmée à Genève en juillet 2026, avant une seconde rencontre à New York en 2027.

L’ONU se positionne ainsi comme un médiateur central dans l’élaboration de normes communes. Objectif : éviter une fragmentation réglementaire, où chaque puissance technologique développerait ses propres règles. Comme l’a rappelé l’ambassadrice du Costa Rica, Maritza Chan Valverde, « l’intelligence artificielle se développe à un rythme et à une échelle qui affectent tous les pays », relaye SNRT News. Pour l’ONU, il s’agit de garantir que les décisions internationales soient prises de manière transparente, en intégrant la voix de toutes les régions du monde.

Une initiative saluée comme un tournant stratégique

Dans un communiqué officiel, le secrétaire général António Guterres a décrit le nouveau panel comme un « pont crucial entre la recherche de pointe sur l’IA et l’élaboration des politiques ». Pour lui, cette double création constitue « une avancée significative vers une gouvernance globale de l’IA », selon les termes de son porte-parole cité dans le communiqué de presse. L’Union européenne a d’ailleurs salué l’initiative en soulignant la nécessité d’un cadre inclusif et multilatéral.

En pratique, cette instance devrait aider les gouvernements à mieux comprendre l’impact de l’IA sur l’économie et le travail. Les experts devront également évaluer les conséquences sur la sécurité internationale et sur les droits fondamentaux. Le cadre fixé par l’ONU rappelle celui du climat : comme le GIEC, le groupe n’imposera pas de solutions, mais proposera des bases scientifiques solides.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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