« Passoires thermiques » : seul 1 logement sur 10 est adapté aux chaleurs estivales

Seulement 1 logement sur 10 en France est adapté aux vagues de chaleur estivales. L’insuffisance des protections solaires et des brasseurs d’air en est la principale cause, apprend-on d’une étude réalisée par POUGET Consultants pour IGNES.

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 23 août 2024 à 9h29
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« Passoires thermiques » : seul 1 logement sur 10 est adapté aux chaleurs estivales - © Economie Matin
80%Près de 80% du parc des logements présente un confort d’été de l’indicateur DPE évalué comme « insuffisant » ou « moyen ».

1 logement sur 2 manque de protections solaires extérieures

Les logements français, on le sait, sont très peu adaptés à la chaleur estivale. Mais à quel point ? D’après une étude réalisée par la société de conseil et d’ingénierie en performance énergétique et environnementale POUGET Consultants pour IGNES, l’Alliance des industriels qui proposent des solutions électriques et numériques pour le bâtiment, seul 1 logement sur 10 est jugé suffisamment adapté selon l'indicateur « confort d’été » du Diagnostic de performance énergétique (DPE). Cette situation préoccupante est largement attribuée à l’insuffisance de protections solaires extérieures, en particulier pour les baies orientées Sud, Est et Ouest, qui est le cas de près de 50% des logements. De plus, seulement 5% des habitations sont équipées de brasseurs d'air, ce qui accentue encore plus le problème. Cette inadéquation n’épargne pas les logements énergétiquement performants, puisque 31% des logements classés « A » au DPE sont jugés « insuffisants » en termes de confort d’été.

Un autre aspect troublant est la répartition géographique de l’adaptation des logements. Les zones rurales, malgré une moindre exposition aux îlots de chaleur urbains, comptent une proportion plus élevée de logements classés « insuffisants » que les zones urbaines denses. Cette surreprésentation s'explique par une méthodologie de calcul qui ne prend pas en compte des facteurs climatiques locaux ou l'environnement immédiat des logements. Par ailleurs, l'analyse révèle une incohérence dans l'évaluation de l'isolation thermique entre l'hiver et l'été, qui concerne près de 32% des logements étudiés.

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Un DPE « A » ne garantit pas nécessairement un confort thermique en été

Les résultats de cette étude ne se limitent pas à la constatation des lacunes du parc immobilier français face aux chaleurs estivales. Ils révèlent également des faiblesses méthodologiques dans la mise en œuvre de l’indicateur « confort d’été » du DPE. Environ 26% des évaluations de cet indicateur sont jugées erronées. Cela est notamment dû à une application incorrecte des règles de calcul, qui conduit à la classification erronée de certains logements en « bon » ou « moyen », alors qu’ils devraient être classés « insuffisants ». Cette inexactitude est particulièrement préoccupante pour les logements situés au dernier étage ou dotés d'une mauvaise isolation de toiture, qui ne sont pas toujours correctement évalués.

Malgré ces failles, l'indicateur « confort d’été » a le potentiel de devenir un outil pédagogique majeur pour sensibiliser le grand public aux défis liés à l'adaptation des logements aux vagues de chaleur. Toutefois, pour remplir cette mission, il est crucial que cet indicateur soit amélioré. Cela inclut une meilleure prise en compte de la performance des équipements et des matériaux de construction, ainsi qu'une réévaluation des critères d'adaptation en fonction des zones climatiques locales. L'appel de la Fondation Abbé Pierre et d'IGNES à engager les pouvoirs publics dans cette révision est donc d'une importance capitale pour faire face aux défis climatiques à venir.

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Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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