Alors que le prix du permis de conduire explose, une nouvelle proposition remet en question la manière dont les familles françaises peuvent aider leurs enfants à franchir cette étape décisive.
Permis de conduire trop cher ? Laurent Wauquiez propose une solution
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Published on 7 mai 2025 10h00
8 000 eurosCertains comptes CPF contiennent jusqu'à 8 000 euros inutilisés
Le 7 mai 2025, Laurent Wauquiez, candidat à la présidence du parti Les Républicains (LR), a dévoilé une proposition inattendue dans une vidéo exclusive révélée par Le Figaro. Sur fond de campagne interne, il jette un pavé dans la mare des automobilistes et des familles épuisées par le coût du permis de conduire, en mettant sur la table une réforme de l'utilisation du Compte personnel de formation (CPF). Une idée politiquement habile, économiquement astucieuse… et électoralement habile.
Une proposition choc sur le permis de conduire
Dans la vidéo diffusée le 7 mai 2025 par l’association « 40 millions d’automobilistes », Laurent Wauquiez fait feu de tout bois. Défenseur des routes nationales à 90 km/h, pourfendeur des zones à faibles émissions, il veut également permettre aux parents d’utiliser leur CPF pour financer le permis de conduire de leurs enfants.
Une mesure qui, selon lui, ne coûterait pas un centime de plus à l’État. Pourquoi ? Parce que « des sommes colossales dorment » sur ces comptes formation : jusqu’à 5 000 euros pour un salarié classique, 8 000 euros pour les moins qualifiés. Des crédits rarement mobilisés, faute de temps, d’envie ou de pertinence. Pourtant, « cela n’a jamais été aussi cher d’obtenir son permis, et c’est bien souvent la condition pour obtenir un emploi », martèle Laurent Wauquiez.
Le CPF : une manne ignorée, un levier inespéré pour les familles
Le Compte personnel de formation (CPF), dispositif lancé pour favoriser la montée en compétences des actifs, est devenu une caisse dormante pour beaucoup. Chaque année, il est alimenté à hauteur de 500 euros, voire 800 euros pour les salariés peu qualifiés. Mais faute d’être utilisé, le plafond est souvent atteint sans réel impact professionnel.
Paradoxalement, les parents, eux, se saignent pour permettre à leurs enfants de décrocher ce sésame de la vie active. Le prix moyen du permis oscille entre 1 500 et 2 000 euros, montant prohibitif pour les familles aux revenus modestes. Une étude de l’INJEP révélait déjà que 85 % des jeunes sont soutenus financièrement par leurs parents, à hauteur de 1 402 euros en moyenne. Un effort aussi massif que difficile. Et pendant ce temps-là, les comptes CPF dorment.
Laurent Wauquiez veut nationaliser une idée déjà testée en région
Ce n’est pas un hasard si Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avance cette idée. Le permis de conduire est un sujet dont il s'est déjà préoccupé localement : 150 euros pour les jeunes de 17 ans, auxquels s’ajoutent 200 ou 500 euros si ces derniers s’engagent volontairement dans une mission citoyenne de 35 ou 80 heures.
Là encore, Laurent Wauquiez refuse l’assistanat : « Je n’aime pas quand c’est gratuit, on fait quelque chose pour toi, tu fais quelque chose pour la société. Je trouve que c’est une bonne mesure et je voudrais la généraliser au niveau national » Et ce n’est pas une lubie solitaire : Nicolas Forissier, député LR de l’Indre, avait tenté d’introduire l’idée en mars 2023. Son amendement avait été retoqué, mais la proposition est revenue sur le devant de la scène avec Virginie Duby-Muller, qui a déposé une loi en ce sens en novembre 2024. Une stratégie sur le temps long, pas une simple improvisation de campagne.
Un calcul électoral habile, une réponse sociale redoutable
Cette proposition, habilement calibrée, coche toutes les cases : ciblée sur les familles, sans impact budgétaire, ancrée dans une expérience de terrain. Elle permet aussi à Laurent Wauquiez de contrer une image trop idéologique et de se reconnecter avec un électorat populaire en souffrance.
Et surtout, elle remet la question du permis de conduire au cœur de l’équation sociale. Car pour un jeune sans véhicule, c’est l’autonomie, l’emploi, le logement, la dignité même, qui sont suspendus à un examen devenu un luxe. Dans les auto-écoles, les retards s’accumulent, les échecs aux examens s’enchaînent. L’inflation sur les carburants et les leçons alourdit encore la note. Et voilà qu’une idée simple, quasi de bon sens, propose de réorienter des fonds existants vers un besoin vital et immédiat.
Le pari de Laurent Wauquiez est clair : faire d’un dossier administratif en sommeil un levier électoral puissant, tout en répondant à une urgence sociale réelle. Pour les parents exsangues, les jeunes sur le fil, ou les ruraux enclavés, cette proposition pourrait bien ne pas être qu’un coup politique.