Budget de la Sécu : vers un conflit frontal avec les médecins libéraux ?

Face au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, les médecins de ville affichent une contestation, dénonçant une logique d’austérité qui menace leur exercice.

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 28 octobre 2025 7h50
Budget de la Sécu : vers un conflit frontal avec les médecins libéraux ?
Budget de la Sécu : vers un conflit frontal avec les médecins libéraux ? - © Economie Matin
0,9%Pour la médecine de ville, le PLFSS 2026 prévoit un financement en très légère progression, de 0,9% seulement.

La médecine de ville, l'enfant pauvre du PLFSS 2026

L'examen du projet de budget de la Sécurité sociale a débuté en commission à l'Assemblée nationale. Les représentants syndicaux ont immédiatement tiré la sonnette d’alarme, estimant que les moyens alloués à la médecine de ville n’étaient plus à la hauteur des enjeux. Il faut savoir que l’Objectif national de dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) pour 2026 est inscrit à 270,4 milliards d’euros, ce qui correspond à une progression modérée de 1,6% par rapport à 2025. Au sein de cette enveloppe, seulement 114,9 milliards d’euros sont réservés à la médecine de ville, soit une hausse de seulement 0,9%.

Pour les médecins, cette modeste revalorisation renforce le sentiment d’une dévalorisation de leur exercice face à l’hôpital, dont la progression est supérieure (+ 2,4% pour les établissements de santé). Ainsi, les syndicats de médecins dénoncent une logique de déclassement de la médecine ambulatoire ; la CSMF va jusqu’à parler d’une « attaque frontale contre la médecine libérale ».

Ensuite, le facteur économique joue un rôle qui alimente la colère des médecins. En effet, la faible progression budgétaire pour les soins de ville n’est pas compensée par une revalorisation des actes ou des honoraires, ce qui renforce la pression sur l’exercice libéral. Cette situation pousse plusieurs praticiens à questionner la viabilité de leur activité dans le contexte annoncé.

Encadrement des dépassements d’honoraires, suppression des exonérations de cotisations sociales, charge administrative accrue... : les sujets de mécontentement sont nombreux

Parmi les mesures retenues dans le PLFSS 2026 figurent un encadrement renforcé des dépassements d’honoraires pour les médecins en secteur 2. Le texte évoque notamment une surcotisation pouvant aller jusqu’à 13% pour certains actes. De plus, des propositions d’interdiction de dépassements pour certains dépistages, ou une adhésion obligatoire à un dispositif (Optam) pour les nouveaux installés en secteur 2, sont en discussion. En parallèle, des pistes de suppression des exonérations de cotisations sociales pour les médecins cumulant emploi et retraite, notamment en zone sous-dotée, renforcent le malaise.

Ces évolutions sont perçues par les médecins comme une restriction de la liberté d’installation et d’exercice des médecins, ce qui alimente la revendication de davantage d’autonomie professionnelle. Par ailleurs, les syndicats pointent la montée des obligations administratives. Le projet de loi prévoit, entre autres, des contrôles renforcés, l’obligation de justifier certains arrêts de travail ou certaines prescriptions, ce qui est ajouté à une charge de travail déjà jugée excessive par les médecins libéraux.

Sécurité sociale : les médecins veulent une revalorisation des honoraires et actes

Les médecins libéraux mobilisés attendent avant tout une meilleure reconnaissance économique de leur activité. Ils exigent notamment une revalorisation des honoraires et actes, qui stagnent depuis de nombreuses années. Par ailleurs, ils réclament de nouvelles conditions d’exercice qui permettent de préserver l’attractivité de l’installation en libéral, notamment dans les zones peu dotées. Ils demandent que le budget dédié à la médecine de ville puisse bénéficier d’un taux de progression comparable à celui de l’hôpital.

Enfin, les syndicats insistent pour que soient respectées la liberté d’installation, la liberté de prescription et l’autonomie professionnelle des médecins, qui estiment qu’un « pacte historique entre syndicats et Assurance maladie » est mis à mal.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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