Asthme, AVC, diabète… Saviez-vous que la pollution de l’air est responsable de milliers de nouveaux cas de maladies chaque année en France ? Une étude inédite de Santé publique France vient de lever le voile sur l’ampleur du problème : bien au-delà de la mortalité, l’exposition prolongée aux particules fines (PM2,5) et au dioxyde d’azote (NO2) favorise le développement de maladies chroniques. Réduire la pollution pourrait éviter des dizaines de milliers de cas et économiser plusieurs milliards d’euros.
La pollution de l’air coûte plus de 15 milliards par an à la France
La pollution de l'air ambiant ne se limite pas à un problème environnemental ; elle représente un enjeu majeur de santé publique. Une nouvelle étude de Santé publique France publiée le 29 janvier 2025 révèle que l’exposition prolongée à la pollution atmosphérique est un facteur significatif dans le développement de nombreuses maladies chroniques en France métropolitaine. Cette étude, menée entre 2016 et 2019, met en évidence les liens entre les particules fines (PM2,5) et le dioxyde d’azote (NO2) avec huit maladies graves. Parmi elles, on retrouve des pathologies respiratoires (asthme, cancer du poumon, infections aiguës), cardiovasculaires (AVC, infarctus, hypertension) et métaboliques (diabète de type 2).
Des dizaines de milliers de malades à cause des niveaux de pollution en France
L'étude, menée en partenariat, d’une part sur le volet sanitaire avec l’Ineris, l’ORS Île-de-France, le Creai-ORS Occitanie, le Citepa et le Centre d’investigation clinique 1401 – epidémiologie Clinique (Inserm/CHU de Bordeaux), et d’autre part sur le volet économique avec Aix-Marseille School of Economics (Aix-Marseille Université/CNRS), souligne que si la France respectait les valeurs guides de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les PM2,5 et le NO2, 75 % des cas liés aux PM2,5 et 50 % de ceux liés au NO2 pourraient être évités. En d'autres termes, un effort collectif de réduction de la pollution permettrait d’empêcher près de 30 000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants de 0 à 17 ans.
L’exposition à la pollution de l'air est en effet responsable de 12 à 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant (entre 7 000 et 40 000 cas par an) et de 7 à 13 % des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires et métaboliques chez l’adulte (entre 4 000 et 78 000 cas par an). De plus, les bénéfices sanitaires d'une amélioration de la qualité de l'air seraient plus significatifs dans les zones défavorisées et fortement urbanisées.
La pollution de l’air a un coût économique colossal pour la France
Outre ses effets dramatiques sur la santé, la pollution de l'air représente un fardeau économique immense. Chaque année, les maladies attribuables à l'exposition prolongée aux particules fines et au dioxyde d’azote coûtent à la société française :
- 12,9 milliards d’euros pour les PM2,5 (environ 200 € par habitant et par an)
- 3,8 milliards d’euros pour le NO2 (soit 59 € par habitant et par an)
« Si les valeurs guides de l'OMS étaient respectées, ces bénéfices seraient respectivement de 9,6 milliards d’euros (soit 148 euros par an et habitant) et 1,7 milliard d’euros (soit 26 euros par an et par habitant) », souligne Santé Publique France. Investir dans des politiques de réduction de la pollution ne représente donc pas seulement un impératif sanitaire, mais aussi un enjeu économique de premier plan.
Pollution : Vers une réglementation plus stricte en Europe
Dans un contexte de renforcement des normes environnementales, cette étude intervient alors que l’Union européenne a récemment adopté une nouvelle directive sur la qualité de l’air ambiant dans le cadre du programme « Un air pur pour l’Europe ». L’objectif est d’aligner progressivement les normes européennes sur les recommandations les plus strictes de l’OMS.
Par ailleurs, le Pacte vert pour l’Europe et le Plan d’action zéro pollution de la Commission européenne ambitionnent de réduire de 55 % l’impact de la pollution de l’air sur la santé d’ici 2030. « Tout le monde est concerné par la pollution de l’air ambiant et ses impacts », rappelle le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé Publique France.
L’urgence de lutter contre la pollution de l'air
Santé publique France insiste sur la nécessité de poursuivre et d’intensifier les efforts de réduction des émissions polluantes à travers des mesures locales et nationales. La mise en place de réglementations plus strictes, l’investissement dans des transports plus propres, ainsi qu’une sensibilisation accrue du public sont des leviers essentiels pour améliorer la qualité de l’air et protéger la santé des populations.
« Santé publique France souligne que le respect des valeurs guides de l’OMS permettrait, à terme, de réduire largement l’ensemble de la mortalité et la morbidité attribuables à la pollution de l’air en France, contribuant à atteindre l'objectif du « Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles de l’OMS », à savoir une réduction d’un tiers du risque de décéder d’une maladie chronique à l’horizon 2030 », conclut l’organisme.